Au-delà du taux de 85% des sondés d’Afrobarometer approuvant la gestion de la pandémie de COVID-19 par le gouvernement, deux autres indicateurs émergeant de l’exercice mené par Straconsult en novembre de l’année dernière méritent davantage que l’on s’y attarde.
Ainsi une grande majorité des Mauriciens ne cachent pas leurs appréhensions devant les velléités d’atteinte aux libertés sous le couvert de la crise sanitaire de la part de l’Hôtel du Gouvernement. Et aussi le fait que la conjoncture est mise à profit par les proches du pouvoir pour abuser de manière corruptrice les fonds et ressources financières publiques. En dépit des messages de “feel-good factor” générés par le pouvoir, une aussi importante majorité, soit les mêmes 85%, prévoit que la COVID-19 constituera un problème grave pour le pays au cours des six prochains mois. L’espoir que représente le vaccin anti-COVID-19 pour sortir de la crise est bien accueilli par une majorité avec 72% affirmant être disposés à se faire vacciner le cas échéant.
Pour les besoins du Round 8 d’Afrobarometer se déroulant dans une quarantaine de pays d’Afrique, Straconsult d’Amédée Darga a travaillé sur un échantillonnage de quelque 1 200 Mauriciens au mois de novembre de l’année. Dans une présentation des grandes lignes des conclusions de ce sondage, Straconsult souligne que « la plupart des citoyens affirment que la pandémie ne justifie pas certaines mesures gouvernementales tendant à restreindre les libertés démocratiques, même temporairement, comme la censure des médias, mais ils soutiennent fortement le recours à la force policière pour assurer le respect des consignes de santé publique ». Ainsi, 69% des sondés, soit un peu plus de deux sur trois, se disent inquiets, pour ne pas dire très inquiets, quant aux intentions du gouvernement en vue de restreindre l’espace de liberté du citoyen.
Par contre, ils ne sont que 25%, soit un sur quatre qui ne semble pas s’inquiéter outre mesure en répondant à la question : « Dans certains pays, les gens craignent que les gouvernements et les politiciens essaient de profiter de la pandémie de COVID-19 pour augmenter leur richesse ou leur pouvoir, ou pour restreindre de manière permanente les libertés ou la compétition politique. Et vous ? »
D’autre part, une majorité de plus de trois-quarts, soit 78%, est en faveur du recours et du déploiement de la police et des forces de sécurité pour faire respecter les consignes de santé publique et des gestes barrières. En contrepartie, 60% sont opposés à toute décision ou action allant dans le sens de la censure des médias contre 34%. Par contre, 70% ne voient aucune objection à ce que la pandémie de COVID-19 puisse justifier un report des élections ou encore limiter la durée des campagnes électorales.
Par ailleurs, une majorité, ne serait-ce pas aussi importante que la précédente, s’inquiète de la montée de la corruption et de la fraude dans le pays dans le sillage de la pandémie. « Toutefois 54% des gens pensent que les fonds et ressources disponibles par le gouvernement pour combattre la pandémie ont été perdus ou volé à cause de la corruption au sein du gouvernement », commente Straconsult en ajoutant que moins de 25%, soit exactement 23%, sont d’avis contraire sans pour autant faire état des « shades of gray » des opinions des 23% restants des sondés.
Avec au moins qautre Mauriciens sur cinq exprimant de sérieuses réserves quant aux répercussions de la COVID-19 sur le quotidien au cours des six prochains mois, le Round 8 d’Afrobarometer jette un éclairage sur les effets de la première vague avec 25% soutenant qu’un membre de leur ménage a été affecté pair une perte d’emploi, d’une entreprise ou d’une principale source de revenus à cause de la pandémie.
En parallèle, 68% des ménages à Maurice avouent n’avoir « reçu une quelconque assistance du gouvernement depuis le début de la pandémie ». Et l’analyse des résultats du sondage avance que « parmi ceux qui n’ont pas reçu une telle assistance, 7% seulement révèlent qu’ils ont eu besoin ».
Avec un crédit de 85% pour la gestion de la pandémie de COVID-19 en 2020 ou encore sur la communication à ce même sujet de même que 66% faisant entièrement confiance aux statistiques officielles, 72% des Mauriciens indiquent qu’ils sont susceptibles de se faire vacciner. « Les Mauriciens de plus de 65 ans (76%), ceux des zones rurales (75%), et avec une éducation postsecondaire (75%) sont légèrement plus susceptibles d’affirmer qu’ils vont se faire vacciner que les jeunes (68% pour la tranche de 18 -25 ans), les citadins (69%), et les citoyens moins instruits (70% de ceux qui ont au moins fait des études primaires) », relève Straconsult dans ses conclusions.