Les pharmacies et supermarchés de l’île ont été pris d’assaut ce matin dès leur ouverture. Bon nombre ont fait le déplacement pour acheter des masques, des “hand sanitizers” et médicaments contre la fièvre, en raison de la découverte de trois cas de coronavirus à Maurice. Certains ont même fait le pied de grue devant l’enceinte de certaines pharmacies, comme tel a été le cas ce matin rue La Chaussée, à Port-Louis. Ceux qui se sont déplacés dans les pharmacies soutiennent qu’ils ont préféré venir tôt pour s’approvisionner, de peur qu’il y ait une pénurie de médicaments.
« Depi ier swar, mo pe tann dir ena koronaviris dan Moris. Mo finn pas en lanwit blans. Akoz sa mem mo finn vini boner pou aste “hand sanitizer” avan mo rant travay », souligne un employé de bureau. Son collègue ajoute : « Bizin pran prekosion sinon problem. » En effet, les masques (N 95) sont en vente dans la capitale à partir de Rs 300 et certains propriétaires ont collé des affiches pour informer les consommateurs de cette disponibilité. Ce matin, certains employés, se rendant au bureau, ont déjà commencé à enfiler les masques de peur de contracter le virus en allant travailler.
Interrogé par Le Mauricien, Arsad Sawar, membre de la Pharmaceutical Association of Mauritius et propriétaire d’une pharmacie, a affirmé que « c’est la panique dans les pharmacies depuis ce matin ». Il ajoute : « Les gens sont venus en foule pour acheter des masques, “hand sanitizers” et autres médicaments tels que Efferalgan et Doliprane pour lutter contre les fièvres. »
Pour Murvin Jagessur, président de l’association, les consommateurs « ne devraient pas paniquer, car une telle situation allait se produire tôt ou tard comme nos voisins ont déjà contracté le virus ». Il poursuit : « J’ai l’impression qu’une psychose a déjà été créée parmi la population et c’est pourquoi il y a une ruée vers les pharmacies. Cette ruée risque de créer une pénurie artificielle de médicaments, car il faut savoir que les pharmacies travaillent d’après les demandes du marché. On passe les commandes à l’étranger et cela prend un certain temps pour arriver chez nous. »
Par ailleurs, les supermarchés sont aussi pris d’assaut depuis ce matin alors que les Mauriciens redoutent une pénurie alimentaire à l’horizon. Avant même l’ouverture d’un supermarché, situé rue La Poudrière à Port-Louis, une centaine de personnes faisaient déjà la queue pour entrer. L’un des surveillants était même surpris par le nombre et devait se mettre à l’entrée. « Bann anplwaye pa ankor vini la. Pran pasians », dit-il à la foule. À 8 h, les clients ont été autorisés à entrer. C’était la ruée vers les produits de base comme le riz, la farine, le lait et surtout les produits sanitaires comme des “hand sanitizers” qui se font rares sur les étagères.
« Si pa pe gagne pou bizin pran lalkol mem », nous dit un client. Une employée du supermarché avance qu’il n’y a aucune restriction pour le moment sur le nombre de produits de base que peut acheter un consommateur. « Nou pa ankor gagn okenn konsign avek minis Komers lor la », dit-il, mais affirme que le supermarché dispose d’un stock de produits de base qui se trouvent dans leur entrepôt. « Bann prodwi-la kapav pa pou ena lor etazer pou enn ti moman kar nou pou bizin fer transport li depi depo ek instal li. Me nou ena enn bon stok », rassure notre interlocuteur.
Les petites boutiques ne sont pas en reste comme à Plaine-Verte ce matin, où un commerçant, rue Magon, nous a confié avoir déjà vendu plus de dix paquets de lait alors qu’il est ouvert depuis une trentaine de minutes. « Nou demann fourniser vinn fer livrezon inpe pli boner kar nou stok masardiz pe koumans diminie », précise-t-il.