CRISE SANITAIRE : COVID-19, vecteur d’inégalités

Dr DIPLAL MAROAM

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Le combat préventif contre la COVID-19 à Maurice qui est passé à une phase supérieure avec la vaccination des personnes âgées et vulnérables souffrant de pathologies chroniques, après celle des frontliners, constitue une étape décisive dans le contrôle de la maladie avant la réouverture des frontières. Alors que de nombreux pays, particulièrement les plus pauvres, n’ont même pas débuté la campagne vaccinale, dépendant du programme Covax de l’OMS, les États les plus riches, surtout ceux d’Amérique du nord et de l’UE, ont déjà réquisitionné auprès des firmes pharmaceutiques concernées, le plus grand nombre de vaccins qui, dans certains cas, dépasse même plus de deux fois, le nombre de leurs populations respectives. À peine que le vaccin à injection unique du laboratoire Johnson & Johnson ait obtenu le feu vert de l’Agence américaine de médicaments (FDA) que les États-Unis lancent une commande de 100 millions de doses. Pourtant et comme le dit si bien le directeur général de l’OMS, le Dr Tedros A. Ghebreyesus : « Nobody is safe until everybody is safe ». En effet, que ce soit au niveau sanitaire, économique ou social, la pandémie n’a fait qu’accentuer les inégalités tant sur le plan local que global, ce alors que devant la santé humaine, toutes les autres considérations, y compris la richesse matérielle, ne peuvent que déposer les armes.

Ainsi, dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, par exemple, certaines méthodes impliquant la technologie récente comme le e-learning ou le télétravail, adoptées dans le but de briser la chaîne de transmission de l’infection, ne sont que des concepts tout à fait illusoires. Idem pour la téléconsultation par application vidéo et téléphone portable que la pandémie a fortement encouragée. En outre, si les personnes qualifiées obtiennent toujours de leurs employeurs des arrangements pratiques leur permettant d’exercer à distance ou autrement, les salariés moins qualifiés, quant à eux, prennent plus de risques pour moins d’argent lorsqu’ils ne sont pas carrément poussés au chômage technique ou mis en congé sans soldes – une situation toujours très contraignante, accompagnée d’angoisses et propice aux pratiques épouvantables telles la consommation abusive de substances nocives, du tabac aux drogues illicites, avec toutes les conséquences que cela comporte sur la santé et la famille dans son ensemble. D’autre part, si dans les pays riches, les plans de soutien aux travailleurs sans filets, qui se retrouvent du jour au lendemain dans le désœuvrement, sont appliqués pour une durée plus ou moins longue, dans d’autres pays, en revanche, les moyens nécessaires pour la mise en œuvre d’un tel projet n’existent simplement pas.

Dans un ordre général, la COVID-19 a levé le voile sur les manquements des services de santé dans de nombreux États et nous a fait prendre conscience de la capacité d’un minuscule organisme à mettre à plat l’économie mondiale, figer des mégalopoles entières et s’immiscer dans l’existence de milliards de personnes à travers la planète, ce même si certaines régions sont plus impactées que les autres. Bref, face aux effets désastreux d’un agent pathogène auxquels l’humanité n’était guère préparée car étant plus préoccupée à produire la croissance économique, un nouvel ordre mondial s’impose. Il est temps, en effet, que les décideurs politiques mondiaux changent leur fusil d’épaule, rangent au placard leurs différences et cherchent des solutions pérennes aux grands enjeux planétaires pour la sauvegarde du bien commun. En ce qui concerne le problème du réchauffement climatique, par exemple, la Covid-19 est venue établir de manière sans équivoque que la réduction des émissions du CO2 de même que la restauration de la qualité de l’air et de l’eau sont tout à fait possibles, tout en instituant une relation de dépendance mutuellement bénéfique entre l’individu et la nature.

Finalement, l’homme a toujours été assailli par de nouveaux agents pathogènes – un processus qui a lieu depuis des millénaires. Or, durant la période moderne, il semble se produire à un rythme de plus en plus fréquent. Une explication à cet égard serait les mutations rapides au niveau des paramètres écologiques suscitées, dans une grande mesure, par le rapport abusif de l’homme à son environnement. Or, si ces changements surviennent majoritairement dans les pays riches, ce sont surtout les pays pauvres qui en font le plus durement les frais.

                                                                                                                                               

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