De la « politique autrement » à la politique de caméléon !

ALEXANDRE LARIDON
Juriste de formation et membre du Ptr

Ça y est ! Le marché des transferts est officiellement ouvert. Non, Non… nous ne parlons pas de football mais bien de politique. Avec l’échéance électorale qui approche à grands pas et la marmite politique en ébullition, le mercato est bel et bien lancé.

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La machinerie du MSM s’est enclenchée et débauche ouvertement chez le MMM, voire le PMSD, en vue d’affronter le Parti travailliste pour les prochaines législatives, prévues selon toute indication plausible pour la dernière semaine du mois de novembre 2019.

Non sans surprise mais plutôt perçue comme une déception par l’opinion publique en général, cette stratégie de débauchage du parti soleil a commencé avec ceux et celles qui avaient quitté le MMM pour aller « faire de la politique autrement », qui voulaient « démocratiser la démocratie » ou encore « réclamer aux militants leur dignité perdue ». Vous avez également ceux et celles qui hier encore prenaient la parole afin de prôner un sursaut moral et politique ou qui faisaient même du porte à porte à la veille de leur saute d’humeur tout en arborant fièrement leur accoutrement mauve.

Aujourd’hui, ils se retrouvent tous de l’autre côté de la barrière, avec ceux qu’ils critiquaient et rabaissaient éperdument à tout bout de champ durant ces cinq dernières années par rapport à leur pratique politique ou encore leur gestion des affaires de l’Etat, sans compter le nombre de scandales à n’en jamais finir ainsi que les cas de corruption et le degré surélevé de népotisme durant ce mandat.

Pendant ce temps, nous avons toujours un parti politique qui semble être toujours au stade de marinade en soufflant le chaud et le froid avec le MSM et le Parti Travailliste. Même si les membres du parti en question coquelinaient à chaque coin de la basse-cour en décembre 2017 devant les caméras « ki zot pa pou fer lalians ek ki zot pou mars tousel dan eleksyon zeneral… marke garde », ils ont finalement concédé que tel ne pouvait être le cas ; surtout avec les bouleversements sur l’échiquier politique et la conjoncture actuelle. Que feront-ils donc quand on considère que du côté du MSM, il semble qu’il y ait un « deadlock » et que du côté du Parti Travailliste, Navin Ramgoolam a une fois de plus lancé pas plus tard que vendredi dernier lors d’une rencontre avec les agents de la circonscription No 10  que « Travayis pou al tousel » dans le cadre de sa philosophie de rupture ? Telle est la question !

Entre-temps, ce que nos politiciens ne réalisent pas, c’est qu’avec toutes ces manœuvres de bas étage et ces « koz-koze » version 2.0, nous creusons encore plus ce fossé qu’est l’abstention et agrandit de plus en plus le bassin d’indécis puisque ce qui se passe actuellement n’est guère de bon augure !  En d’autres mots, les politiciens, que ce soit de la vieille garde ou de la jeune génération, qui seront eux aussi malheureusement tiré par les pieds, seront encore une fois traités de tous les noms d’oiseaux puisqu’ils n’auront pas pu, pour la énième fois, tenir parole alors que l’occasion de pouvoir redonner à la politique ses lettres de noblesse aurait été pour les prochaines élections.

Ce que retiendra les 941 719 électeurs dont 129 561 sont du groupe d’âge de 18 à 35 ans, selon le dernier recensement de la commission électorale, c’est que certains leaders politiques et aspirant candidats sont capables de « manz banann dan 2 bout », sans oublier d’en déguster la peau, tout en faisant et disant tout et son contraire, privilégiant ainsi leurs intérêts personnels plutôt que ceux du pays – surtout que figurer au sein de l’opposition semble être une honte pour eux alors que l’opposition a une valeur essentielle dans une démocratie comme le dit toujours, Paul Bérenger.

Le comble, c’est que tout ceci n’est que le début et que le pire reste à venir si d’autres décisions irréfléchies sont prises avec une hémorragie dans l’espace politique qui sera difficile à refermer, tout ceci dû à cet anévrisme que nos politiciens ont eux-mêmes entraîné pendant des années. Mais rien n’est encore perdu…  Donc, à bon entendeur, salut !

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