Local Government Bill : « Nous en sommes là parce que karay so, zafer pa bon pou bannla»

Le secrétaire général du MMM, Rajesh Bhagwan, a affirmé lors de son intervention que « personne ne croit plus dans ce gouvernement au sujet de ses intentions politiques de venir avec ces changements qu’a annoncés le vice-Premier ministre Anwar Husnoo ».

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Il estime que le pays est déjà en mode campagne préélectorale.
« À entendre les discours des membres du gouvernement, on parle de Ramgoolam, Bérenger et de Duval. Le débat est faussé et c’est un débat politique. Il y a unanimité contre ce projet de loi. Les citadins réclament les élections municipales », fait-il comprendre..

« Après le 1er mai où le Front Bench du gouvernement a paradé sur l’estrade à Vacoas, devant ses partisans exclusivement orange avec quelques dizaines de drapeaux verts, le Premier ministre a commandité son rapport. Si aujourd’hui nous en sommes là, Karay so, zafer pa bon pou bannla », s’appesantit-il.

Il est d’avis que « l’électorat est en colère et que le gouvernement le sait ». D’où d’après lui, ces amendements à la Local Government Act en quatrième vitesse. « Je suis un produit de la démocratie régionale. J’ai commencé ma carrière en 1982 au MMM. J’étais candidat. Par la grâce de Dieu, par mon travail, je suis devenu maire, adjoint au maire, ministre des Administrations régionales. Je suis fier que j’aie commencé comme conseiller municipal avec le symbole du cœur mauve et je suis toujours mauve », souligne-t-il.

Rajesh Bhagwan avance que les citadins attendaient ces élections municipales, mais le gouvernement a peur d’affronter le verdict des urnes. « Les habitants des dix circonscriptions urbaines allaient sanctionner ce gouvernement. Ils allaient se prononcer conrtre la performance de ce gouvernement et ses élus et attendaient ce moment mais malheureusement le gouvernement inn sove », fait-il ressortir. Il considère ce comité ministériel qui va être institué n’est que « du baratin ».

L’intervenant a déploré qu’Anwar Husnoo n’ait pipé mot sur le « deadline » du comité; qui va le présider et quand l’ébauche du projet de loi sera prête. « Ce projet de loi est un recul pour la transparence dans la gouvernance municipale et un recul pour la moralité et l’éthique politique », maintient-il en faisant ressortir que les municipalités ont des équipes Expired, qui n’ont pas de bilan.

Le député du No 20 (Beau-Bassin/Petite-Rivière) a fait remarquer que ces élus et maires ont battu des records de longévité politique dans un championnat truqué. « Ils veulent continuer de gérer les collectivités locales, sans déclaration, sans Fitness, sans l’assurance et avec un permis expiré. Ansam tou posib, zis dan MSM sa », a laissé entendre le député mauve. Il a déploré que jamais auparavant le pays n’ait connu un tel verrouillage « vertical et horizontal de l’appareil d’Etat ».

Par ailleurs, Rajesh Bhagwan estime que le gouvernement est en train de berner la population avec ce comité ministériel. « Le gouvernement a peur des élections. Ce gouvernement a peur de cette alliance PTr-MMM-PMSD. Vous avez peur de Ramgoolam et de Bérenger. Je dis à l’honorable Ramano, je suis à Quatre-Bornes maintenant. Vous allez m’entendre. Je vais être sur votre chemin. Pa pou ena eli Quatre-Bornes sa kou la Ramano », conclut-il.

Le DPM STEVEN OBEEGADOO :

« Je vote pour le projet de loi avec sérénité »

Le Premier ministre adjoint, Steven Obeegadoo, qui est intervenu avant que le Premier ministre, Pravind Jugnauth, ne conclue les débats sur le Local Government (Amendment) Bill, aux petites heures de mercredi matin a fait comprendre qu’il vote le texte de loi avec sérénité.

Pour lui, la réforme que le gouvernement se propose d’introduire « s’inscrit dans la démarche engagée par le gouvernement MSM-MMM en 2003 ». Et il a invité les députés du MMM à apporter leur contribution à cette réforme.
À son sens, le renvoi des élections municipales permettra « d’engager un dialogue avec toutes les parties concernées, y compris la société civile ». Il a souhaité que l’opposition « ne se contente pas de rester en retrait parce que ce projet est celui du Premier ministre ».

Steven Obeegadoo s’est attardé sur la séquence de renvois des élections municipales depuis les années 1970 et a mis en avant que toutes les réformes ont été introduites avant l’organisation des élections. Il a indiqué que plusieurs tendances se sont manifestées dans les débats au sein de l’opposition. « Il y a d’un côté un discours responsable, à l’instar de celui du leader de l’opposition, et de l’autre, un discours démagogique. »
Le DPM a reconnu les faiblesses administratives soulignées par le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval et estimé que « la possibilité de réforme existe en plaçant les villes et les villages sur un pied d’égalité ».

IVAN COLLENDAVELLOO  (ML)

« Soit on introduit la réforme, soit on organise les élections »

Ivan Collendavelloo a, dans son intervention, affirmé que le gouvernement se retrouve devant un choix : « soit on organise les élections municipales, soit on engage les réformes. »

Il considère qu’on ne peut organiser les élections pour ensuite adopter une réforme qui sera mise en œuvre dans quatre ans. « On ne peut, non plus, organiser des élections municipales pour à nouveau organiser de nouvelles élections après l’adoption des réformes dans trois ou quatre mois », dit-il.

Ivan Collendavelloo a fait comprendre que « le gouvernement ne craint pas les élections municipales et n’est pas peureux », comme l’ont avancé des membres de l’opposition. « Cela est dû au fait que les administrations régionales ont un bilan très positif à présenter. » Il a cité plusieurs projets réalisés dans la circonscription à Stanley/Rose-Hill (No 19). « S’il n’y avait pas eu une contestation en Cour suprême, le Plaza aurait été totalement opérationnel aujourd’hui », a-t-il observé. Toutefois, il a reconnu que « l’ingérence gouvernementale dans l’administration municipale est exagérée ». Il a cité plusieurs cas où le Chief Executive doit solliciter la permission avant d’approuver un projet. « C’est, par exemple, le cas avec l’inscription des noms des personnalités sur les plaques commémoratives lors de l’inauguration des projets. »

Ivan Collendavelloo a ensuite commenté le récent jugement du Privy Council concernant la poursuite du mandat des conseillers en place. Pour lui, contrairement à ce qu’a affirmé la presse, « cette question ne relève pas de la Constitution ».
Il a souligné que le Privy Council a pris la peine de préciser que tout amendement relève des instances parlementaires. « C’est ce que fait le gouvernement », a-t-il conclu.

SHAKEEL MOHAMED (PTr) : « Ce sont les électeurs qui
sont les grands perdants »

Shakeel Mohamed a d’emblée fait ressortir que l’Explanatory Memorandum du projet de loi est « d’une brièveté déconcertante, avec à peine quelques lignes, et ne fournit pas de justifications de sa raison d’être ». À titre de comparaison, l’amendement apporté à la Local Government Act en 2015 comportait un Explanatory Memorandum très détaillé. « Je pose donc la question. Pourquoi l’Explanatory Memorandum ne fournit pas la raison d’être de ce projet de loi ? » se demande-t-il.

Le député de l’opposition souligne que cela pourrait se révéler très important si la constitutionnalité du projet de loi est contestée en Cour suprême ou devant le Privy Council. Il a aussi fait ressortir que la première fois qu’on a entendu parler de ce projet de loi, « c’est quand le ministre des Arts et de la Culture est venu l’annoncer à travers les médias, et non le ministre des Collectivités locales ». Qui plus est, le gouvernement n’avait pas mentionné auparavant la nécessité d’apporter une quelconque réforme aux collectivités locales.

Il a ensuite fait référence aux explications du ministre des Arts et de la Culture durant sa conférence de presse de samedi dernier. Selon Shakeel Mohamed, c’est dans ces explications que l’on peut trouver la preuve que « le gouvernement cherche toutes sortes d’excuses foireuses ». Le ministre n’a ainsi jamais mentionné qu’un quelconque comité avait été mis sur pied, ou qu’on a passé en revue la loi existante, ou que des propositions ont été mises en avant. « Il n’a pas mentionné tout cela pour la bonne raison qu’un tel comité n’a jamais été mis sur pied », poursuit-il.

Le ministre a choisi ses mots avec une extrême prudence, selon Shakeel Mohamed. Selon ce dernier, le ministre avait ainsi dit que le temps est venu de « commencer à penser » à un nouveau modèle de gouvernement local.

Shakeel Mohamed a ensuite fait référence au discours de l’Attorney General, Maneesh Gobin, sur le récent jugement du Privy Council concernant Trinité-et-Tobago. « Le ministre aurait dû avoir mis On Record des paragraphes du jugement pour la postérité », dit-il. Le député travailliste devait ensuite cibler les députés qui avaient déclaré qu’il y a eu des amendements à la LGA sous tous les gouvernements. Mais pour le député, « on doit aller de l’avant et non régresser ».

« Ce n’est pas parce que tel ou tel parti a fait cela qu’on doit répéter la même erreur. Un député a même fait référence à un renvoi des élections par le Parti travailliste en 1972. Si nous avions tort en 1972, est-ce que cela veut dire que vous avez raison maintenant ? Pourquoi se préoccupe-t-on de ce qui s’est passé en 1972, alors que nous sommes en 2023 ? Nous sommes tous en train de dire que nous ne devrions pas nous sentir gênés vu que nous tous avons fait cela dans le passé. Mais dans tout cela, ce sont les électeurs qui sont les grands perdants », avoue-t-il.

Plus loin, Shakeel Mohamed s’en est pris au ministre Lesjongard, qui avait dénoncé le renvoi des municipales en 2010, alors qu’aujourd’hui, « il dit exactement le contraire ». Selon Shakeel Mohamed, le ministre des Collectivités locales avait lui aussi affirmé dans son discours de 2010 que « ce pays n’appartient pas au gouvernement du jour » et que « ce gouvernement n’a pas le droit moral de reporter ces élections », avant de venir maintenir aujourd’hui le contraire. Il a conclu son discours en réclamant la tenue d’élections générales « et de laisser le peuple décider ».

Nando Bodha « Purement un calcul politique »

Nando Bodha, leader du Rassemblement Mauricien, a entamé son discours en affirmant que « le droit de vote est sacré, alors qu’à Maurice, on se proclame comme un Democratic Sovereign State». Toutefois, il est clair, pour lui, que ce projet de loi « est un déni de la démocratie envers la moitié de l’électorat ».

« Pour renvoyer une élection, il faut une raison valable. Mais là, il n’y a pas de raison valable. C’est purement un calcul politique, car on sait que le peuple veut un changement en profondeur et veut voir partir ce gouvernement », a-t-il ajouté. Il devait faire référence aux municipales partielles passées qui, selon lui, ont changé le cours de l’histoire à Maurice. « Non seulement il y a un déni de la démocratie, mais on empêche aussi quelque part l’histoire de se refaire », juge-t-il.

L’ex-ministre MSM devait ensuite citer une partie du jugement du Privy Council concernant Trinité et Tobago : « The right to vote is an essential characteristic of a democracy, whther at a national or at a local level. Representatives, whether they are councillors or not, should be chosen by popular vote, and not by government. It is not for the government to extend the life of a mandate unless there is a valid reason. »

Nando Bodha rappelle qu’en 2021, il y avait une raison valide de renvoyer les élections, vu la pandémie de Covid-19. Alors que cette fois, l’objectif de ce projet de loi est « de conférer au Premier ministre le pouvoir d’étendre le mandat des conseillers, alors que le président de la République n’aura d’autre option que de donner son assentiment et d’agir comme un Rubber Stamp.»

Il a ensuite cité le ministre de la Culture, Avinash Teeluck, qui, lors de sa conférence de presse samedi dernier, avait expliqué, dit-il, qu’après une évaluation, qu’il fallait une réforme en profondeur des « local government institutions ». Il devait alors lancer que « nous savons tous à Maurice que toutes les institutions sont cadenassées et pourries ».
Remarque qui aura provoqué l’irritation du Speaker. Ce dernier a alors dit à Nando Bodha qu’il ne pouvait faire de telles affirmations, lui demandant de retirer ses mots. Devant son refus d’obtempérer, le Speaker a ordonné son expulsion de l’hémicycle.

Khushal Lobine
« Cet amendement prive les citadins de leur droit de vote »
Kushal Lobine du PMSD estime que « cet amendement prive les citadins de leur droit de vote » et que les raisons avancées par le gouvernement pour justifier ce renvoi ne sont pas valides. Ainsi, il dit souhaiter que l’organisation du scrutin des collectivités locales soit inscrite dans la Constitution, comme c’est le cas pour les élections générales.
« Les citadins de ce pays ont le droit de présenter leur opinion à travers le vote.

Le point central des débats est le droit de vote, pas la réforme des administrations régionales, comme évoqué par le VPM Husnoo. Ceci est un autre sujet », poursuit le député de La Caverne/Phoenix. Il fait ressortir que « cet amendement prive les citoyens de 11 circonscriptions d’exercer leur droit de vote, soit presque la moitié du pays est concernée .»

Pour lui, « aucun doute gouvernement est dépassé par les événements, alors que des partisans du MSM dans les villes veulent eux aussi renouveler leurs conseillers. » Cette décision passe d’ailleurs « très mal au No 15 », dit-il. en ajoutant « allez parler à ces gens, et vous verrez ! »

S’il dit comprendre le premier renvoi du scrutin municipal sous le régime actuel, du fait de la pandémie, il en est autrement dans le cas présent. Et Kushal Lobine d’inviter les parlementaires à lire et relire le jugement des Law Lords sur le renvoi des élections à Trinité et Tobago.

Eshan Juman (PTr)
« Le GM a peur d’affronter les municipales ! »
Eshan Juman a exprimé son incompréhension quant à la déclaration du gouvernement d’apporter des réformes au sein des collectivités locales. « Zot dir lalwa Aimée pa bon. Pourtant, ce même gouvernement a organisé deux élections sous cette loi, soit les municipales de 2015 et les villageoises de 2020 ! » dit-il.

« Le Premier ministre avait dit que les élections auraient lieu après la pandémie. Finalement, c’est une volte-face, car à trois semaines de l’expiration du mandat des municipalités, ils viennent dire qu’il y aura des amendements », poursuit le député de Port-Louis Maritime/Port-Louis Est. Ainsi, il estime que les amendements auraient pu se faire après les élections. « Le gouvernement se sauve, car il a peur d’affronter les municipales. Ils savent qu’une raclée les attend ! » affirme-t-il.

Le député se permettra même de taquiner le Premier ministre : « Pravind Jugnauth a peur de Navin Ramgoolam et de l’alliance de l’opposition. Même les stimulants les plus puissants n’auraient pas pu vous donner la vie. Vous êtes fini ! » Avant de donner « des exemples de l’impopularité du gouvernement », citant un incident survenu à Vacoas en avril, où un groupe de personnes avait exprimé sa colère au PPS Gilbert Bablee, ou encore une pose de première pierre à Plaine-Verte en présence du vice-Premier ministre.

Dorine Chukowry, PPS : « Ce renvoi renforcera le lien entre les citadins et leurs conseillers »
La Parliamentary Private Secretary (PPS) Dorine Chukowry a justifié le renvoi, « car les amendements à la Local Government Act sont nécessaires ». Elle estime ainsi que « plusieurs sections de cette loi ne sont plus pertinentes après dix ans, car il y a eu la pandémie de Covid, le changement climatique, les flash floods et l’abolition de la taxe municipale, entre autres ».

La PPS rappelle également que l’ex-Premier ministre Navin Ramgoolam avait également renvoyé les élections municipales de 2010 à 2012. « Kan zot, zot fer, tou bon. Kan nou, nou fer, narien pa bon ! » s’exclame-t-elle en affirmant que « ce renvoi renforcera le lien entre les citadins et leurs conseillers » et que « les citadins sont assurés que leurs voix seront entendues, avec une stabilité au niveau des municipalités ».
En conclusion , elle balaiera les critiques à l’effet que le renvoi des municipales serait antidémocratique. « Quand le Parlement était fermé pour neuf mois en 2014, est-ce que ce n’était pas antidémocratique ? » dit-elle.

Aadil Ameer Meea (MMM)
« Des raisons farfelues nullement convaincantes »
Aadil Ameer Meea a tout d’abord évoqué « une démangeaison » de la part du gouvernement par rapport à une alliance PTr/MMM/PMSD. « Cela en dit long sur leur état d’esprit ! » Quant au présent amendement, il estime que « ce renvoi est fait pour échapper à une débâcle dans les villes ».

« Les raisons avancées par le gouvernement sont farfelues et nullement convaincantes. (…) C’est du jamais vu ! Les électeurs auront leur droit de vote après dix longues années. Cette manœuvre porte atteinte à la démocratie. Le gouvernement agit de manière dictatoriale ! » Il prévient qu’en temps et lieu, « les électeurs sanctionneront lourdement ce gouvernement pour la mauvaise gestion des mairies ». Il a aussi dénoncé « les doléances administratives qui sont traitées de manière partisane dans les mairies ».

Il en a également profité pour s’en prendre à « la girouette politique » que serait, selon lui, le député Salim Abbas Mamode, ancien MMM et PMSD, et actuel parlementaire du MSM. Avant de cibler les anciens du MMM qui se trouvent actuellement au gouvernement, « et qui sont aujourd’hui les fervents défenseurs de cette loi ». Pour lui, « l’histoire en prendra note ».

Finalement, Aadil Ameer Meea a lui aussi souhaité que l’organisation des régionales soit inscrite dans la Constitution, « afin qu’elles se déroulent de manière régulière ».

Stéphanie Anquetil (PTr)
« Ce renvoi est scandaleux et antidémocratique »
Stéphanie Anquetil du parti Travailliste a qualifié le renvoi du scrutin municipal de scandaleux et antidémocratique. D’autant que, selon elle, « il n’y a pas de raison valable pour justifier cette décision ». Le gouvernement joue aux Kitchen’s Politics », estime-t-elle.
La députée de Vacoas/Floréal (No 16) a ensuite fait état d’un profond mécontentement contre le gouvernement. « Ces mêmes maires seront reconduits pour un troisième mandat, alors que les citadins se plaignent des services municipaux. » Aussi pense-t-elle « légitime » de la part de l’opposition de s’opposer à la prolongation du mandat des conseillers. « Le Premier ministre n’a pas le courage d’affronter les élections. Il sait qu’un raz-de-marée est inévitable. Pravind Jugnauth a plongé le pays dans une autocratie ! » maintient-elle.La ministre Fazila Jeewa-Daureeawoo
« Cette décision de faite avec un sens des responsabilités envers la nation »

Pour Fazila Jeewa-Daureeawoo, ministre de Sécurité sociale, « la décision de renvoyer les municipales a été faite avec un sens des responsabilités aigu envers la nation et aussi envers l’avenir des élections locales ». C’est ce qu’elle a déclaré lors des débats à l’Assemblée nationale.

Arrivant à la conclusion que des membres de l’opposition n’ont pas compris le sens du projet de loi, elle dira qu’ « ils ont parlé de violation de la démocratie, de voler l’électorat de son droit de vote ou encore de réduire au silence la voix du peuple, entre autres. Or, nous ne faisons rien qui va à l’encontre des principes démocratiques. Le présent projet de loi concerne un renvoi des élections locales pour une période de deux ans pour apporter des réformes aux collectivités régionales.» Elle ajoute que « la démocratie avait été violée quand vous aviez fermé le parlement pendant presque une année. Où étaient alors les membres qui sont intervenus aujourd’hui? »

Elle maintient qu’il serait prématuré de faire circuler un White Paper à cette étape, comme mentionné par Arvin Boolell, vu que le comité ministériel n’a fait aucune recommandation.
Elle a aussi fait référence aux déclarations des membres de l’opposition à l’effet que l’Explanatory Memorandum était très court. Elle est d’avis qu’ un Explanatory Memorandum est toujours court et précis, et que c’est aussi la pratique pour le ministre introduisant le projet de loi de fournir des explications, ce qui a été fait par le vice-Premier ministre et ministre des Collectivités locales, Anwar Husnoo.

Elle affirme partager la réflexion du leader de l’opposition, Xavier Luc Duval, qui a indiqué que le présent système de gouvernance locale comportait plusieurs failles dont il faudrait régler « Je suis sur la même longueur d’onde que lui. De ce côté de la chambre, nous pensons que des réformes en profondeur sont nécessaires pour des collectivités locales durables », dit-elle

« Ce n’est pas le moment de pointer qui que ce soit du doigt mais d’apporter des solutions aux problèmes pratiques auxquels les autorités locales font face. Le présent projet de loi a ainsi les meilleures intentions en ce sens. Nous avons besoin de temps pour apporter des reformes », fait-elle ressortir.

Le ministre Kavy Ramano :
« L’alliance PTr-MMM-PMSD, une question de bout »

Le ministre de l’Environnement, Kavy Ramano, affirme que le gouvernement souhaite approfondir la démocratie régionale par le truchement d’une réforme en profondeur de la Local Government Act. Il est d’avis que le PTr n’a jamais été convaincu de la nécessité d’une décentralisation des pouvoirs et de l’autonomie des collectivités locales.
« La question de réforme de l’administration régionale semble ne pas faire partie des pourparlers entre le PTr, le MMM et le PMSD. Aucun projet de réforme, aucun programme gouvernemental. Ce qui est discuté est une question de bout », dit-il.

« À entendre certains députés de l’opposition, il est clair que le réflexe électoraliste prend le dessus alors qu’ils ont eux-mêmes dénoncé les manquements dans la loi régissant les collectivités locales »,poursuit-il. Le ministre s’est demandé si l’empressement de tenir une joute électorale dans le pays découle de la précipitation même des décideurs politiques de l’opposition de légitimer l’alliance PTr-MMM-PMSD qui, d’après lui, aurait du mal à se faire accepter par l’électorat.

« Le temps presse pour les dirigeants de l’opposition qui sont en fin de carrière ou qui ont atteint leur Expiry Date et qui pensent à travers ces élections pouvoir jouer leur dernière carte avant leur repos éternel », a-t-il déclaré. Lors de son intervention, il a multiplié des piques en direction de son ancien parti, le MMM.

Faisant part de ce qu’il a qualifié de nécessité de réformer les collectivités locales, il a affirmé que le MMM a pendant longtemps réclamé ces changements à la loi Aimée. « Le président du PTr ose parler aujourd’hui d’action musclée sur le terrain. Il a intérêt à faire un nettoyage musclé devant sa propre porte avant de nous pointer du doigt », estime l’intervenant.

S’agissant des réformes à venir, il a souhaité que le comité ministériel à être mis sur place puisse rétablir dans ses droits l’Electoral Boundaries Commission dans la délimitation des Wards et donne la possibilité aux membres du public de faire part de leurs préoccupations comme le prévoyait la Local Government Act de 2003.
« Je suis de ceux qui pensent que tout comme la tenue des élections générales, celle des scrutins dans les collectivités locales doit aussi faire l’objet d’une protection constitutionnelle », fait-il ressortir.

« Pourquoi ne pas introduire une dose de proportionnelle dans le présent système de First Past The Post ? Osons élargir le débat. Pourquoi ne pas avoir des élections municipales à deux tours ? Le comité ministériel a un rôle important d’analyser toutes ces propositions », souligne Kavy Ramano. Il est d’avis qu’il est impératif de considérer que « l’approfondissement de la démocratie passe par la décentralisation des pouvoirs des collectivités locales ».

Ranjiv Woochit (PTr) : « Pas de vraies réformes sous ce gouvernement »

Le député travailliste du No 5 (Pamplemousses/Triolet) Ranjiv Woochit est d’avis que « les vraies réformes ne se concrétiseront pas sous ce gouvernement ». Il a déclaré qu’on a graduellement retiré tous les pouvoirs des collectivités locales qui, d’après lui, se retrouvent aujourd’hui à la merci du gouvernement central pour leurs finances.

« Je considère ce projet de loi comme étant liberticide privant les citadins de leurs droits de vote », dit-il. Il estime que la majorité gouvernementale sait pertinemment qu’elle allait essuyer une défaite si ces élections municipales devaient se tenir. Il considère que le gouvernement de Pravind Jugnauth à travers ces amendements ouvre la porte à des abus sur le plan démocratique du pays.

Ranjiv Woochit a aussi souligné qu’il n’est plus question de restrictions sanitaires dans le pays, le ministre de la Santé Kailesh Jagutpal participant lui-même au rassemblement du 1 er mai dernier du gouvernement à Vacoas et que les conditions sont réunies pour tenir ces élections municipales. Il a mis en avant que la question de municipalisation est depuis longtemps d’actualité et que le gouvernement n’a rien fait en ce sens.

Farhad Aumeer : « La vérité, le GM a peur de faire face aux électeurs »

Farhad Aumeer du parti Travailliste déclare que les citadins peinent à comprendre pourquoi le gouvernement leur prive de leurs droits de vote et renvoie ces élections dans deux ans. « L’échec du gouvernement à se préparer n’est pas une raison valable pour que ces élections soient renvoyées », s’est-il appesanti, mettant en avant que la justification de la réforme des collectivités locales n’est pas acceptable. Il trouve que l’on ne peut pas mettre la démocratie en attente. « La vérité, c’est la peur de faire face aux électeurs », a-t-il fait ressortir. Cela, avant de rappeler que le Premier ministre a, à maintes reprises, affirmé que ces élections municipales allaient se tenir en temps voulu. « C’est une traitrise envers les citadins. La population n’oubliera pas ce qu’a fait le gouvernement MSM », a-t-il anticipé.

Fabrice David (PTr) : « Ça restera dans l’histoire comme la Central Government Runaway Act »

Fabrice David, député du PTr de Grande Rivière Nord-Ouest/Port Louis Ouest, couvrant les trois premiers wards de Port-Louis, fait comprendre que les amendements à la Local Government Act visant à renvoyer une énième fois les élections municipales, ont provoqué l’indignation et la révolte des Port-Louisiens.

« Les citadins et les citoyens n’ont évidemment pas attendu ce nouveau hold-up de la démocratie pour exprimer leur colère face à ce régime autocratique qui a peur d’affronter l’électorat », dit-il. Il estime que ce projet de loi restera dans l’histoire du pays comme la Central Government Runaway Act. Il déplore que le gouvernement de Pravind Jugnauth vient demander au Parlement de voter un amendement électoral pour un mandat municipal qui potentiellement aura duré 10 ans, de juin 2015 à juin 2025.

« Quel patriote, quel démocrate, quel citoyen attaché au respect des institutions, pourra voter cet amendement sans rougir de honte ? Le pire dans tout cela, c’est que le gouvernement se retrouve empêtré aujourd’hui dans l’embarras à défendre l’indéfendable, à vendre l’invendable, à faire accepter l’inacceptable », dit-il.

Il a ciblé le ministre Avinash Teeluck pour ses propos sur la loi Aimée lors de la conférence de presse du MSM samedi dernier, soit pour être venu dire en 2023 après que le MSM ait été à la direction du pays pendant 8 ans, que la loi Aimée était une bezer reform ». « Pendant ces huit ans, la loi Aimée était bonne. Ce n’est que trois semaines avant la dissolution des municipalités, que subitement, zot somey kase et que la Local Government Act apparaît comme enn mem pli bezer reform », avance Fabrice David. Il rappelle qu’à l’époque, en 2010, au moment où l’ancien ministre Aimée présentait le projet de réforme du gouvernement Travailliste alors en alliance avec le MSM, c’est Leela Devi Dookun-Luchoomun, alors ministre de la Réforme des Institutions qui a secondé la motion, avec la bénédiction de Pravind Jugnauth, qui était Premier ministre adjoint.

Ashley Ittoo , Backbencher du MSM: « Un désintérêt des citadins pour ces élections noté »
Le Backbencher MSM, Ashley Ittoo met en exergue un désintérêt des citadins pour ces élections en faisant état d’un taux de participation de 40% en 2005, de 45% en 2012 et 35% en 2015.

« Ces chiffres représentent le taux de participation pour les trois dernières élections municipales. Cela veut dire que systématiquement, depuis un certain temps, il y a une moyenne de six personnes sur dix qui n’y voient aucun intérêt d’aller voter dans les villes », explique-t-il. Les citadins, selon lui, se sont désintéressés de cette joute électorale et aussi de l’administration de leurs villes. Il est d’avis que tout gouvernement responsable a un devoir d’analyser et de comprendre ce désintérêt généralisé de l’électorat urbain afin de venir avec une refonte du système.

Il ajoute que grâce au gouvernement, les villes et les villages sont aujourd’hui « at par » suite à l’abolition de la taxe municipale. « Ceci est la première étape dans notre démarche de réinventer notre administration régionale. N’est-il pas grand temps de mettre de côté les différences politiques et concentrer les efforts pour une meilleure administration régionale, qui s’adapte mieux aux attentes des citadins ? », se demande-t-il en indiquant que le gouvernement se donne une occasion de corriger les manquements du passé et de mettre en place des structures avant-gardistes, répondant aux aspirations d’une île Maurice moderne.

Le ministre Bobby Hurreeram
« Pourquoi stopper la machinerie du GM pour des municipales ? »

Le ministre des Infrastructures nationales Bobby Hurreeram estime que le train de la modernisation du gouvernement de Pravind Jugnauth a atteint sa vitesse de croisière.
« Pourquoi stopper cette machinerie gouvernementale uniquement pour organiser des élections municipales ? Quand nous avons l’opportunité de revoir les collectivités locales et redonner ses lettres de noblesse à notre administration régionale », s’interroge-t-il.

Il considère que l’équipe gouvernementale dispose d’un bilan éloquent, plus que positif et qu’en face se trouve un panier de crabes. Il reconnaît que le gouvernement s’approche déjà de la fin de son mandat et après des difficultés comme la pandémie Covid-19 et la crise économique découlant de la guerre en Ukraine, c’est désormais une course contre le temps afin de concrétiser les promesses faites à la population.

« Pourquoi devrions-nous alors organiser des élections municipales et ensuite réformer les collectivités locales ? Pourquoi ne pas y aller directement et puis tenir ces élections pour lesquelles vous êtes si pressés ? », se demande-t-il. Bobby Hurreeram a affirmé que le pays connaît une transformation et que l’objectif du gouvernement est de construire l’ile Maurice de demain. « Nous avons réussi à connecter les villes existantes par le Metro Express. Notre tout premier terminal urbain, le Victoria Urban Terminal bourdonne d’activités au quotidien. Nous avons considérablement amélioré le trafic le long de l’autoroute à Phoenix et Quai D et maintenant c’est un parcours non-stop. What was once a mere vision, became a promise, and now a reality », avance-t-il.

Bobby Hurreeram a fait ressortir que c’est le MSM qui transformera les collectivités locales pour être en phase avec le développement – qu’il qualifie de sans précédent – que le pays est en train de connaître. Il considère que l’alliance PTr-MMM-PMSD est composée de politiciens qui se méprisent et qui font semblant d’être sur la même longueur d’onde parce qu’ils n’ont pas d’autre choix.

« Cette alliance ne fonctionnera jamais, elle est vouée à l’échec. Should we be afraid of that ? We will face each other in the general elections in a little more than a year, rest assured on that. I hope this alliance of yours withstands this year itself », fait-il ressortir. Il trouve que les députés de l’opposition ont peur car dans le cadre d’une alliance PTr-MMM-PMSD. « Soit ils ne seront pas élus, soit ils ne seront pas Ticketable. Nous n’avons pas peur et nous sommes confiants d’obtenir un autre mandat », laisse-t-il entendre.

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