Délit de déni !

Alors que le monde se dirige lentement mais sûrement vers un désastre certain, et que s’accumulent les preuves du dérèglement climatique, le mouvement climatosceptique paraît toujours aussi vivace. Car si nous nous rappelons encore tous des déclarations tonitruantes de Donald Trump sur le climat, alors que celui-ci occupait la présidence américaine, le cas de ce bouillant polémiqueur semble faire toujours autant d’émules. Non seulement une tranche très importante de la population mondiale adhère encore à cette philosophie du « tout va très bien, merci », mais l’on compte aussi encore aujourd’hui nombre de personnalités affichant ouvertement leur déni climatique. À l’instar du Dr Roy Eappen, candidat du parti conservateur du Québec, ou encore d’Anne-Laure Blin, députée française pour Les Républicains. Prouvant ainsi que l’idéologie anti-climat, quoi que naviguant à contre-courant, reste toujours bien ancrée dans nos sphères médiatiques et décisionnelles.
Le problème, ici, c’est que le discours – sensiblement le même à chaque fois – soit s’appuie sur des réalités physiques, apportant ainsi le crédit nécessaire à leur argumentaire pour maintenir vivant leur mouvement pseudo-intellectuel, soit encore distille un message à la fois simple, percutant et efficace à la masse silencieuse, et donc pas forcément apte à y opposer quelconque résistance. À titre d’exemple, on pourrait citer Donald Trump (encore lui), qui badinait il y a quelques années sur le réchauffement climatique en évoquant l’un des hivers les plus rigoureux qu’auront connus les États-Unis. Qu’importe que l’ancien président ne sache pas faire la distinction entre météo et climat, son message aura atteint ses bases et même, probablement aussi, nombre de ses détracteurs.
D’autres, eux, préfèrent recourir à un argumentaire plus « scientifique », rappelant, à raison, que notre planète, en un peu plus de 4,5 milliards d’années d’existence, aura connu nombre de bouleversements géologiques aux conséquences cataclysmiques. Sauf que – mais ils se cachent bien de le dire – ces modifications radicales du climat n’auront jamais été aussi brutales qu’aujourd’hui, exception faite bien sûr du météore qui aura causé la disparition des dinosaures. Et ce faisant, éludant sciemment le facteur anthropique de l’équation climatique.
On le voit, les arguments de la « secte du déni climatique » sont aussi variés que nombreux. Ce qui explique d’ailleurs pour beaucoup qu’elle possède encore de nos jours autant d’adeptes. Le plus étonnant, c’est que pas un jour ne passe sans qu’une étude, un rapport ou une publication ne vienne au contraire confirmer que la planète se dirige inexorablement vers un dangereux point de bascule. Avec pour conséquence, une fois atteint, qu’aucun retour en arrière ne sera plus possible, et signant ainsi la fin programmée de la majeure partie des espèces qu’abrite encore notre Terre.
Ainsi en quelques jours à peine avons-nous eu la confirmation que les glaces fondaient plus vite que prévu. À l’instar de la calotte du Groenland, qui en aura perdu 4 700 milliards de tonnes en 20 ans, ou encore du toit du monde, l’Everest, qui, en seulement 10 ans de plus, aura vu fondre 2 000 ans des siennes. Triste constat que l’on retrouve aussi du côté des océans, dont une désoxygénation « potentiellement irréversible » est notée depuis l’an dernier. Voire des récifs coralliens qui, si nous les savions depuis quelques années en « mauvais état », ne survivront tout bonnement pas à un réchauffement de +1,5 °C, autrement dit à une hausse des températures que ces mêmes experts prédisent que nous dépasserons bientôt allègrement.
Malgré tout, aucune preuve, aucun fait, aucun relevé ne semble pouvoir faire aujourd’hui changer d’avis les climatosceptiques. Profondément enracinés dans leurs convictions, sans lesquelles certains n’existeraient d’ailleurs plus sur la scène médiatique, ils continuent de faire fi du bon sens. Ce qui, en soi, ne serait pas réellement un problème si leurs idées cessaient de fédérer. Ce qui est loin d’être le cas. Que voulez-vous ! Entre des prédicateurs alarmistes, aussi experts puissent-ils être, et une bande d’imbéciles heureux assurant que tout va bien dans le meilleur des mondes, beaucoup continuent de préférer l’option la moins douloureuse. Nul doute que, pour eux, le choc sera encore plus brutal lorsque Dame Nature les rappellera à l’ordre.

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