Dimple Raghoo meurt en martyr

Dimple Raghoo entrera dans les annales de l’histoire de la force policière et du pays comme celle d’une policière morte en martyr dans le cadre de la lutte contre les bêtes immondes que sont la drogue, sous toutes ses formes, et ses trafiquants. Sa mort atroce, mardi après-midi, symbolise le danger auquel sont confrontés tous les Frontliners, généralement de simples officiers de police, dans la traque quotidienne des trafiquants qui, comme le souligne Sam Lauthan, sont plus équipés que les services de police.

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Le pire, c’est que Dimple est partie en raison de sa conscience professionnelle. Elle qui était “on vacation” n’a en effet pas refusé l’appel de ses supérieurs pour reprendre du service, comme si elle avait rendez-vous avec la mort. Le plus troublant, c’est l’âge des trafiquants impliqués dans l’opération de trafic de drogue ce jour-là, étant âgés de 19 à 29 ans.

On a pu apprécier cette année le travail abattu par les Frontliners, en particulier les membres du corps médical du service public dans la lutte contre le COVID-19 afin de soigner les malades, tout en protégeant la population contre ce virus mortel, surtout pour les plus vulnérables. Mais la drogue, elle, est pire qu’un cancer.

Elle s’infiltre dans la population, s’attaque aux jeunes, qu’elle réduit à l’état de morts vivants. Elle détruit les familles, alimente les violences dans les familles et la société, met en péril la sécurité dans les quartiers, les villes et le pays, et enrichit un petit groupe de personnes. Le Premier ministre, lui-même, aime d’ailleurs à dire que les trafiquants s’enrichissent au point qu’ils sont en mesure de déstabiliser un gouvernement.

Pour que Dimple Raghoo ne soit pas morte pour rien, il importe que toutes les parties concernées par le combat contre la drogue fassent leur autocritique et leur examen de conscience en toute modestie. Alors que la lutte contre la drogue constitue une priorité affichée par les autorités, comment expliquer en effet que les services de police soient à ce point sous-équipés par rapport aux trafiquants ? Est-ce que toutes les opérations bénéficient de la même préparation minutieuse, qui demande la mobilisation d’un important peloton de personnel qualifié ? Est-ce que tous les officiers compétents ayant bénéficié de formations à Maurice et à l’étranger sont mis à contribution comme il le faut ? Combien de compétences sont parfois sacrifiées et transférées pour des raisons politiques, parce qu’ils sont considérés comme ayant été proches d’ex-dirigeants politiques ou de ceux l’opposition, ou pour d’autres raisons ? Tous ceux qui font leur travail consciencieusement sont-ils valorisés par leurs supérieurs ?

Comme dans tous les corps de métiers, il se peut qu’il y ait des brebis galeuses au sein de l’ADSU ou de la force policière, mais nous savons que la majorité se dévoue à leur travail. Si la réorganisation de l’ADSU passe par sa dissolution et sa réorganisation, comme le suggère le rapport Lam Shang Leen, pourquoi alors ne pas le faire, si c’est dans l’intérêt de la population et pour s’assurer que la nouvelle organisation qui serait mise en place soit mieux organisée et crée l’environnement nécessaire pour permettre une meilleure mobilisation des compétences ?

La mort de Dimple Raghoo, qui intervient après celle du petit Ayaan, a par ailleurs amené le Premier ministre à se prononcer pour la peine de mort. On comprend que, sous le coup de l’émotion, et devant ces faits troublants, l’idée de la peine de mort puisse effleurer certains esprits. Mais une question aussi sensible ne se traite pas dans l’émotion, mais à tête reposée. Mercredi dernier, les dirigeants de l’opposition se sont exprimés sur le sujet. Dans l’éventualité d’un texte de loi sur la question, le MMM laissera ses parlementaires voter selon leur conscience, tandis que le PTr est pour une condamnation à vie sans rémission et le PMSD contre toute idée de réintroduction de la peine de mort.

Quoi qu’il en soit, la lutte contre le trafic de drogue doit se poursuivre sans merci. Quitte à solliciter l’aide étrangère. Il y va de l’avenir du pays et de sa sécurité.

 

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