DIPLOMATIE – Relations multilatérales : Chagos: Maurice dans l’attente du rapport du SG de l’ONU

  • Nando Bodha fait état du soutien unanime de l’Organisation des ACP à Mauric face à la Grande-Bretagne
  • Négociations sur l’après-Cotonou : « Un Special Differential Treatment réclamé pour les pays les plus vulnérables »

Les 79 pays de l’Organisation des ACP (nouveau statut du groupe ACP), qui se sont rencontrés à Nairobi, Kenya, cette semaine, ont adopté à l’unanimité une résolution demandant à la Grande-Bretagne de mettre fin à l’administration illégale des Chagos. C’est ce qu’a annoncé hier le ministre des Affaires étrangères, Nando Bodha, lors d’un point de presse après avoir représenté le Premier ministre à la réunion au sommet des ACP.

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La résolution exhorte que « the United Kingdom to comply with the Advisory Opinion of the International Court of Justice of the 25 February 2019, which found that the decolonisation process of Mauritius was not lawfully completed upon its accession to independence in 1968, following the separation of the Chagos Archipelago from Mauritius, and the UN General Assembly Resolution 73/295, which demands that United Kingdom put and end to its unlawful occupation of the Chagos Archipelago ».

Nando Bodha a expliqué que « nous sommes très reconnaissants à l’Organisation des ACP pour son soutien sans équivoque exprimé dans la Déclaration », soulignant le poids des ACP à l’Assemblée générale de l’ONU. Il a aussi indiqué que le gouvernement attend un rapport du secrétaire général de l’ONU avant de décider de la marche à suivre.

Le ministre des Affaires étrangères a expliqué qu’une des décisions fortes adoptées lors du Sommet de Nairobi a été le passage du statut du « groupe ACP », créé en 1975, dans le cadre de l’accord de la Georgetown à celui de l’Organisation des pays ACP. « Nous passons d’un concept bilatéral à celui de multilatéral et pourrons désormais parler d’une seule voix », a-t-il affirmé. Le président de l’Organisation, en l’occurrence le président du Kenya, Uhuru Kenyatta, élu pour les trois prochaines années, pourra désormais parler au nom des ACP dans les instances internationales. L’organisation compte, entre autres, demander un statut d’observateur au niveau des Nations Unies.

Un autre dossier majeur abordé par les Chefs d’État et de gouvernement concerne les négociations en vue du régime qui succédera à l’accord Cotonou qui arrive à son terme l’année prochaine. « Il est important que les préoccupations et les aspirations de Maurice soient prises en compte dans le nouvel accord. Maurice a été très active dans le processus de négociation et fait partie de l’équipe des négociations ministérielles pour la région Afrique », a affirmé Nando Bodha. Tout laisse croire qu’il aura un “foundation agreement”, qui constituera le socle des relations entre l’Organisation des pays ACP et l’Union européenne.

Des protocoles d’accords séparés seront ensuite conclus entre l’Union européenne, chacun de trois régions d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. Le ministre des Affaires étrangères a affirmé avoir appelé à la création d’une plateforme de coordination permanente entre les ACP et l’UE afin que tous les défis de mise en œuvre, auxquels les États seront confrontés dans le cadre du nouvel accord, puissent être résolus en temps opportun et de manière transparente. « Ceci est très important pour nos exportateurs dont les défis à l’exportation sous la forme d’obstacles non tarifaires doivent être résolus de toute urgence », a poursuivi Nando Bodha.

Dans le même souffle, le ministre des Affaires étrangères a insisté sur l’importance d’un “special differential treatment” pour les Petits États insulaires et des pays à revenus intermédiaires. Ces derniers sont victimes de leurs propres développements dans la mesure où ils sont privés des aides et des subventions qui sont « cruciales » pour atténuer leurs défis et leurs vulnérabilités.

Parmi les autres sujets évoqués figurent le changement climatique et la gouvernance des océans. La déclaration du Sommet de Nairobi appelle les partenaires au développement à ne pas laisser les taxes sur le carbone devenir un nouvel obstacle au commerce. Au chapitre de la sécurité maritime, le “contact group on piracy off the coast of Somalia”, Maurice passera la présidence au Kenya à partir de janvier. Toutefois, la structure administrative restera sous la responsabilité de la Commission de l’océan Indien dont le siège est à Maurice.

Le secteur financier s’est également invité aux discussions des chefs d’État. Nando Bodha a eu l’occasion de présider à une réunion du groupe de travail ministériel qui sert de plateforme de dialogue entre les ACP et l’UE. La multiplicité des critères mis en place non seulement par l’OCDE, mais également par l’UE et les pays membres de l’UE, en ce qui concerne les services financiers, donne lieu à une confusion. Ainsi, la France a récemment mis les Seychelles sur la liste noire. « C’est pourquoi nous avons demandé la création d’un organe fiscal intergouvernemental dans le cadre des Nations Unies et qui régirait toutes les juridictions internationales », a dit le ministre Bodha.

En marge du Sommet, le ministre Bodha s’est entretenu avec le président du Kenya. Il en ressort, entre autres, que le traité de non double imposition entre Maurice et le Kenya sera entériné par l’Assemblée nationale du Kenya à la rentrée de l’année prochaine. De plus, la création d’une zone économique spéciale est en bonne voie. Par ailleurs, un accord sera signé entre la SIC et la Tanzanie concernant l’exportation de sucre mauricien vers ce pays. Nando Bodha a aussi annoncé la présentation prochaine d’une nouvelle stratégie en Afrique. Un nouveau “desk” sera créé et l’ouverture des missions diplomatiques dans plusieurs pays est envisagée.


Mobiliser les compétences

Nando Bodha a annoncé son intention de mobiliser toutes les compétences mauriciennes associées au miracle économique mauricien et qui ont été associées aux négociations commerciales au niveau international, mais qui sont désormais à la retraite. Ces compétences pourront également être utilisées pour soutenir les gouvernements africains qui le souhaitent. « Ce sera une bonne occasion de promouvoir les compétences mauriciennes », a-t-il conclu.

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