L’historien mauricien, Sudhir Hazareesingh, Fellow et Tutor en politique au Balliol College de l’université d’Oxford, était à Maurice était en vacances à Maurice il y a une quinzaine de jours. Il en a profité pour procéder au lancement de son livre Black Spartacus, The Epic Life of Toussait Louverture, au Musée intercontinental de l’Esclavage. Ce livre a été sélectionné pour le prix Baillie Gifford en 2020 et a remporté le prix d’histoire Wolfson 2021. Il a aussi été présélectionné pour le prix James Tait Black de la biographie.
Dans le cadre de cette interview, Sudhir Hazareesingh considère que la révolution haïtienne, dirigée par Toussaint Louverture, est la première révolution coloniale et impériale des temps modernes. « Toussaint Louverture était quelqu’un encore de plus extraordinaire parce qu’il ne faisait pas partie des élites dirigeantes », dit-il. Il évoque également les funérailles de la reine Elizabeth II et la montée de l’extrême-droite en Europe, qu’il attribue à l’inégalité sociale.
Vous êtes à Maurice pour le lancement de votre ouvrage consacré à Toussaint Louverture…
Black Spartacus The Epic Life of Toussaint Louverture ou Toussaint Louverture en version française est un livre qui a paru il y a deux ans mais avec les complications récentes, cela a pris un peu de temps pour m’organiser pour venir à Mauricei. Le livre est disponible en Soft Cover dans l’édition anglaise. J’ai pris un peu de temps pour compléter mes recherches mais c’est un sujet qui m’a beaucoup passionné.
Le livre a eu beaucoup de succès puisqu’il vous a permis d’obtenir le prestigieux Wolfson History Prize 2021 ?
J’ai été très heureux de recevoir le Wolfson History Prize, un prix prestigieux pour les ouvrages historiques. Il a été décerné par un jury d’historiens. Un livre constitue toujours une rencontre avec un public qui cherche quelque chose. Je pense que ce livre est arrivé au bon moment, tenant compte de ce qui se passe en ce moment de manière générale, que ce soit dans les pays du Nord et dans les pays dits du tiers-monde (The Global South). Nous parlons beaucoup de l’histoire des révolutions coloniales.
La révolution haïtienne dirigée, entre autres, par Toussaint Louverture est la première révolution coloniale des temps modernes. Dans toutes les sociétés européennes qui ont eu une histoire coloniale et impériale, on commence maintenant à débattre de manière sérieuse, non seulement du passé colonial mais également de son impact sur les sociétés telles qu’elles sont aujourd’hui. En même temps, c’est une histoire extraordinaire. Toussaint Louverture était un personnage phénoménal que je connaissais très peu avant d’avoir effectué mes recherches sur lui.
Vous êtes connu pour vos recherches sur des figures historiques comme Napoléon et de Gaulle, entre autres. Où situez-vous Toussaint Louverture par rapport à ces grandes personnalités ?
Il me semble que Toussaint Louverture était quelqu’un encore de plus extraordinaire parce qu’il ne faisait pas partie des élites dirigeantes. Il est né esclave. C’est un Self-Made Man. C’est un personnage qui rencontre la révolution haïtienne en 1791. Ses qualités humaines, personnelles et individuelles, font de lui presque immédiatement un grand chef militaire, un grand chef politique qui combat non seulement les Anglais et les Espagnols mais également les Français. Il ressemble à certains égards à Napoléon. Lorsqu’il était en vie, on l’appelait le Black Napoleon sauf que Napoléon a rétabli l’esclavage alors que Toussaint Louverture est l’homme qui abolit l’esclavage.
Vous avez choisi de le comparer à Spartacus qui était lui-même esclave et s’est révolté contre la République romaine pour retrouver sa liberté…
Les trois figures (Napoléon, de Gaulle et Spartacus) se rejoignent car à un certain moment ils ont tous combattu pour la liberté. Même Napoléon était au début quelqu’un qui était inspiré par les grandes traditions de la Révolution française. Par la suite, il est devenu un dictateur.
Toussaint Louverture a, pendant toute sa brève carrière politique, combattu pour la liberté de son peuple. Il a combattu pour l’unification des peuples noirs. À Saint Domingue, colonie française à la fin du XVIIIe siècle, la majorité des esclaves venaient des différents coins d’Afrique et n’avaient pas d’identité commune. L’extraordinaire exploit de Toussaint Louverture était de prendre ces hommes et ces femmes et de contribuer à en faire un peuple. C’est remarquable !
Même à Maurice, anciennement Isle de France, les esclaves sont arrivés de plus lointaines régions d’Afrique…
Ici, cela a pris plus longtemps pour arriver à cet idéal de vivre en commun. À plusieurs reprises, lorsque j’écrivais ce livre je pensais à Maurice. Un des grands principes de Louverture était de travailler pour l’unité nationale. À Saint-Domingue, il y avait trois groupes distincts, les Blancs, les Noirs et les gens de couleur. Louverture voulait que ces trois groupes travaillent ensemble pour faire avancer le destin de Saint-Domingue. C’était exactement la volonté de tous ceux qui ont œuvré pour l’indépendance de Maurice et qui voulaient faire travailler tout le monde pour le bien commun.
Est-ce que votre livre est un livre d’histoire ou un roman historique ?
C’est un livre historique. Toutefois, dans le dernier chapitre, j’essaie de m’intéresser à la légende de Louverture. J’ai essayé de voir comment aux XIXe et XXe siècles et jusqu’à aujourd’hui, différentes personnalités, groupes et intellectuels se sont réclamés de Toussaint Louverture. Il a longtemps inspiré tous ceux qui luttaient pour l’abolition de l’esclavage. Il faut se souvenir que l’esclavage n’est finalement aboli qu’à la fin du XIXe siècle. Aux États-Unis, il a été aboli en 1865 ; au Cuba et au Brésil, elle a eu lieu à la fin du XIXe siècle. C’est un combat très dur et tous ceux qui luttent pour cette liberté s’inspirent directement de Louverture.
Dans les grandes révolutions anticoloniales du XXe siècle, Louverture reste cette figure qui inspire les révolutionnaires, que ce soit aux Caraïbes, dans les révolutions coloniales en Asie. Au XXIe siècle, dans le mouvement de Black Lives Matter, il y avait des gens qui parlaient de lui. C’est une figure universelle dans l’espace et dans le temps. Il a continué à inspirer des intellectuels, des hommes politiques et de toute tradition littéraire comme Léopold Sedar Senghor, Aimé Césaire qui citent Louverture de manière constante.
Est-ce que le succès de votre livre peut s’expliquer par le fait que les conséquences de l’esclavagisme sont toujours préoccupantes aujourd’hui ?
Oui. Évidemment, l’esclavage a été aboli mais les conséquences économiques et sociales de l’esclavage perdurent jusqu’à nos jours. Dans toutes les sociétés qui ont été esclavisées, il y a des questions d’ordre économique caractérisées par le fait que les descendants d’esclaves sont très souvent au bas de l’échelle socio-économique. Il y a aussi des questions de justice sociale qui amènent les principaux intéressés à s’interroger sur les compensations, les réparations, les spoliations des terres.
À Maurice, ces questions ont été bien évoquées dans cet extraordinaire rapport Truth and Justice publié en 2011. À Maurice comme aux Caraïbes, on commence à parler de ces questions. Cela implique toutefois qu’on connaisse l’Histoire qu’il faut creuser et approfondir parce que certains aspects de cette histoire restent méconnus. D’autre part c’est une Histoire qui continue au présent. Il faut en être conscient, pas nécessairement dans un esprit de revanche contre certains groupes. Cependant, il y a des questions d’ordre moral qui doivent être mises sur la table. C’est une bonne chose d’en parler et que différents points de vue puissent s’exprimer.
À vous écouter, on a l’impression que vos recherches ont fait surgir en vous la conscience de l’esclavage ?
Oui. En fait, pendant très longtemps, alors que j’étais à l’école à Maurice, on enseignait peu sur la période de l’esclavage. On parlait des grands dirigeants coloniaux de manière différente. Mahé de La Bourdonnais était le grand héros, l’homme qui a construit Port-Louis. Grâce aux travaux des historiens, nous savons qu’il avait recruté une main-d’œuvre d’esclaves, et surtout qu’il avait pourchassé les marrons de manière impitoyable. Cela ne veut pas dire qu’il n’était pas quelqu’un qui a réalisé de grandes choses. Il a fait ce qu’il a fait. Le rôle de l’historien est de démontrer toutes les facettes de l’Histoire afin qu’après on puisse avoir une vision sereine sur sa contribution dans le développement de l’île.
Si vous avez choisi de lancer votre livre au Musée intercontinental de l’Esclavage, ce n’est pas un hasard…
Effectivement. Je pense que c’est une très bonne chose qu’un musée intercontinental de l’Esclavage existe à Maurice. Ils sont encore dans la phase de développement, mais je comprends que très bientôt ce sera un musée où toutes les questions seront débattues et où les Mauriciens pourront venir et discuter librement.
Le nom de Toussaint Louverture est étroitement lié à Haïti. N’êtes-vous pas attristé de voir ce qui se passe dans ce pays en ce moment ?
C’est vrai que l’expérience post-coloniale de Haïti a été très difficile. Il faut revenir à l’histoire et se demander pourquoi les Haïtiens ont trouvé nécessaire de maintenir leur indépendance et leur souveraineté. Il faut savoir que les Français sont intervenus et ont fait payer très cher à l’Etat haïtien le fait qu’ils aient déclaré leur indépendance. À partir des années 1830, l’Etat haïtien a dû verser une compensation à l’Etat français pour les pertes encourues par les propriétaires d’esclaves. C’était une somme colossale.
L’économiste français Guillaume Piketty a estimé que le montant payé équivaut à 30 millions d’euros aujourd’hui, soit l’équivalent de 40% de leur PIB. Vous pouvez imaginer que lorsqu’on dépense une telle somme, il est difficile de créer une économie solide. Malheureusement, les Français refusent d’accepter et assumer leur responsabilité historique. Cela constitue un crime. Ils auraient dû accepter d’avoir agi de manière honteuse et dédommager les Haïtiens.
La question de compensation ou de dédommagement est toujours présente à Maurice. Qu’en pensez-vous ?
Avant d’arriver à des conclusions, il faut que le débat soit bien informé afin de savoir qui a eu quoi, qui a été dépossédé de quoi. Nous manquons encore d’éléments à cette question fondamentale. Il faut que ces conversations impliquent toutes les communautés à l’instar de l’Afrique du Sud après l’apartheid. Par la suite, il faudrait dégager un consensus.
Truth and Justice Commission l’a déjà fait. Est-ce que ce n’est pas suffisant ?
Nous avons commencé. Reste toutefois à mettre le dialogue et les recommandations en pratique. Ensuite, ces questions doivent figurer dans le cursus scolaire aussi bien au primaire qu’au secondaire.
À l’ISM, vous avec fait mention de Ratsitatane qui fait d’ailleurs l’objet d’une exposition…
Oui. C’est le bicentenaire de sa condamnation et de son exécution. Il me semble être une figure très intéressante qui démontre, entre autres, l’importance de la résistance qu’il y eu à l’esclavage jusqu’à la fin. Ratsitatane date de 1822, presque qu’à la fin de l’esclavage. Cela montre aussi que les autorités coloniales autant que la ploutocratie étaient terrifiées à l’idée que les esclaves pourraient se révolter.
Ratsitatane lui-même n’était pas un esclave…
On a commencé par effectuer des recherches du fait qu’il avait un parcours assez complexe. C’est toujours le cas lorsqu’on fait des recherches approfondies sur ces figures. Elles se révèlent être des personnages plus complexes qu’on n’aurait imaginés. C’est la même chose avec Louverture. On a découvert, il n’y a pas longtemps, qu’avant de devenir un révolutionnaire, il avait possédé des esclaves lui-même. Ce qui ne veut pas nécessairement dire qu’il était contre l’abolition. Il ne faut pas se hâter à passer des jugements et avoir une vision trop simpliste. On peut avoir été propriétaire d’esclaves et, par la suite, être en faveur de la révolution.
Il nous a semblé comprendre que vous êtes intéressé à l’esclavage sur le plan régional…
En fait. Je ne suis encore qu’au début. Ce qui m’intéresse, c’est le phénomène de résistance. Comment cela se fait que les esclaves résistent ? Comment est-ce qu’ils le font ? Comment s’organisent-ils ? Quels sont les principes politiques, religieux ou sociaux qui les inspirent ? Ce sont des questions qu’on peut poser de manière générale qu’on peut illustrer par des cas universels.
Je m’intéresserai à Maurice mais aussi au Brésil, aux Caraïbes et en Afrique. Il ne faut pas oublier que la résistance à l’esclavage a commencé en Afrique. Lorsque les gens étaient capturés et qu’on les emmenait de force vers la mer pour être embarqués, le phénomène de résistance commençait déjà, notamment sur les négriers.
Le marronnage est un des aspects les plus fondamentaux de l’étude que j’espère mener parce qu’il est une des clés de l’expérience des esclaves. On distingue le petit marronnage et le grand marronnage. Comme je le disais, il y avait des communautés de marrons déjà en Afrique au début de la période de l’esclavage bien que les avis divergent sur leur définition. Le marronnage se manifeste presque naturellement là où il y a un phénomène d’esclavagiste.
Une des grandes questions que se posent les historiens est de savoir comment et pourquoi l’esclavage a été aboli. Pendant très longtemps, on l’a attribué aux mouvements des philanthropes en Europe et aux États-Unis. Ils étaient minoritaires. Je suis personnellement d’avis que ce sont les esclaves eux-mêmes qui ont démantelé le système du fait de leur résistance.
L’abolition n’avait-elle pas également une dimension économique en raison de la compensation accordée aux propriétaires d’esclaves ?
C’est vrai que les propriétaires ont été les grands bénéficiaires. On sait aujourd’hui, grâce aux recherches qui ont été menées par l’University College de Londres, qu’il y a à peu près deux millions de livres sterling sur les 20 millions payées par l’Etat anglais qui ont été données comme compensation aux propriétaires d’esclaves à Maurice. Ils ont été dédommagés mais les esclaves n’ont rien reçu. Tous les propriétaires n’ont pas fait fructifier leurs investissements mais beaucoup ont quand même géré leur fortune. Dans toutes les sociétés on voit qu’ils continuent d’avoir des assises économiques très puissantes.
La disponibilité des travailleurs engagés en provenance, entre autres, de l’Inde n’aurait-elle pas été une autre raison ? Vous êtes-vous intéressé à la situation des travailleurs engagés ?
C’est un sujet sur lequel je n’ai pas encore beaucoup travaillé mais je pense qu’il va m’interpeller parce que d’après certains travaux que j’ai consultés, il y a eu une continuité entre le système esclavagiste et celui de travailleurs engagés. L’historien Hugh Tinker en parle d’ailleurs dans son ouvrage A New System of Slavery: The Export of Indian Labour Overseas 1820-1920.
Pour lui, l’esclavage n’a pas été vraiment aboli puisqu’il a continué sous une forme différente. Le rapport Truth and Justice en fait état également.
Vous faites partie de l’intelligentsia mauricienne qui fait carrière à l’étranger. Est-ce que la fuite des cerveaux est inévitable pour une petite Isle comme Maurice ?
Mon cœur est toujours mauricien et je viens régulièrement à Maurice. Je considère Maurice comme ma maison. De ce point de vue, je ne pense pas avoir changé. Je travaille et je réfléchis à partir des influences et des sensibilités mauriciennes.
Tout ce que j’ai pu réaliser, je l’ai fait avec une sensibilité mauricienne. C’est l’une des forces de Maurice que d’avoir su faire émerger des personnes qui ont réalisé certaines choses dans d’autres pays mais qui ont conservé des attaches très fortes avec Maurice.
En littérature, nous avons de grands auteurs en France et en Angleterre. Si nous étions une île où les gens ne se déplaçaient pas, nous aurions eu une vision plus fermée sur le monde. Lorsque je reviens au pays, ce qui me frappe en discutant, c’est que les gens sont très ouverts sur le monde. Cette ouverture est à l’honneur de l’île. Il est très probable que je revienne à la retraite pour travailler sur certains aspects de l’histoire mauricienne.
Nous vivons ces jours-ci des moments historiques dont le décès de la reine Elizabeth le 8 septembre dernier, la guerre entre la Russie et l’Ukraine qui continue à nous affecter et à nous inquiéter. En tant qu’historien, comment vivez-vous ces événements ?
J’ai suivi les funérailles de la reine ici et j’ai été très frappé par cette émotion collective qui a secoué une grande partie du peuple anglais. Il est toujours difficile d’analyser les événements récents. Je pense que c’était un hommage individuel à la figure de la défunte reine. Je suis un républicain mais lorsque les individus ont certaines qualités, il faut les reconnaître. Elle a fait son travail et joué son rôle avec dignité. Elle l’a fait tellement bien que cela soit très compliqué pour son fils de prendre la relève. Il y a un danger de surinterprétation.
On dit que les funérailles ont démontré que les Anglais sont un peuple fondamentalement monarchique. La monarchie dépend toujours de la performance du monarque. La reine Elizabeth a eu cette longévité et ce statut. C’est naturel qu’elle soit célébrée mais cet engouement peut disparaître très vite si son successeur n’arrive pas à adapter l’institution monarchique. Ce sera compliqué à gérer pour le roi Charles III d’autant qu’il y a des mouvements de revendication en Écosse, au pays de Galles, en Irlande du Nord… On ne sait pas si le Royaume-Uni sera toujours uni. La reine Elizabeth a permis à ces peuples de coexister. Est-ce que Charles aura la même capacité ? Les événements le prouveront.
En tant que républicain, je pense que l’institution monarchique est fondamentalement inégalitaire et de ce point de vue, elle joue un rôle négatif dans une société moderne. Elle perpétue l’idée de hiérarchie et est antidémocratique. La meilleure des reines ne peut s’empêcher d’être antidémocratique parfois.
La guerre vous inquiète-t-elle ?
Oui. On s’était dit qu’avec la fin de la guerre froide les guerres entre les peuples reculaient, que nous marchions inexorablement vers le rapprochement des peuples. Avec l’UE et le Brexit, on voit que c’est l’Union européenne qui est en difficulté. Le sentiment nationaliste s’exprime de manière outrancière. En France, Marine Le Pen a presque été élue présidente. À la limite, je dirais que cela m’inquiète plus que la guerre. Avec le système de dissuasion nucléaire, je ne vois pas comment les nations nucléaires pourraient faire la guerre entre elles. Le nationalisme raciste, réactionnaire et outrancier risque de devenir un phénomène majeur.
Certains de ces principes se sont manifestés pendant la campagne qui s’est terminée sur le Brexit. En France, on le voit avec l’ex-Front national. En Italie, l’extrême droite a remporté les élections. En Suède, les sociodémocrates ont perdu. On paie le prix que les gens ont oublié pendant la Seconde Guerre mondiale.
Quarante ans après la Seconde Guerre, l’extrême-droite était décrédibilisée. Les gens respectables ne pouvaient s’identifier au fascisme, au nazisme. Maintenant les gens disent ouvertement qu’ils sont racistes. On a perdu les acquis qu’avaient les générations précédentes. Cela m’inquiète. Nous essayons en tant qu’humaniste de maintenir ces traditions mais c’est difficile.
Qu’est-ce qui, à votre avis, provoque une telle situation ?
C’est surtout l’inégalité sociale qui existe dans beaucoup de ces pays.
Le mot de fin…
Je suis optimiste. Je quitte toujours Maurice avec un sentiment d’optimisme parce que les qualités individuelles des Mauriciens sont toujours tournées vers le positif.