Dram lor dram !

On ne sait plus par où commencer ! La crise sanitaire de la COVID-19, qui a jeté sur le pavé des centaines de travailleurs, appauvrissant des milliers de foyers et brisant à jamais les rêves de parents et d’enfants de notre île ? Ceux des employés d’Air Mauritius, à qui il a été cavalièrement demandé de plier bagage et de ne s’attendre qu’à des peccadilles en guise de compensation et de récompense pour leurs bons et loyaux services ? Ces familles délogées et honnies parce que catégorisées comme « squatteurs », dont les modestes cases destinées à les abriter ont été brutalement bulldozées, en plein confinement, dans diverses régions du pays, comme à Pointe-aux-Sables et Riambel, livrant enfants comme adultes aux caprices de temps, les forçant à dormir à la belle étoile malgré le froid ? Toutes ces familles qui vivent depuis des années de la mer et des lagons, et qui, avec le drame du MV Wakashio, sont également à la rue, ne sachant pas comment ils aborderont les prochains mois, et, surtout, comment ils survivront sans gagne-pain ? Ces pauvres mammifères marins, « kinn mor ar stress », pour reprendre les mots exacts du ministre de la Pêche, Sudheer Maudhoo, et qui sont venus s’échouer sur nos plages, las de se battre ? Les familles de ces employés de la Mauritius Ports Authority (MPA), qui se trouvaient à bord du Tug Sir Gaëtan lundi soir, pour un exercice de remorquage, et qui ont péri en mer ? Pravind Jugnauth et ses ministres, qui jouent à l’autruche après l’immense marée humaine dans les rues de Port-Louis, le 29 août dernier, réclamant des changements ?
Les drames se succèdent, certes, mais pas les actions. Du moins, pas dans le sens attendu par la grande majorité de la population. La triste tentative de Pravind Jugnauth d’amortir le choc lundi soir, dans le sillage de la marche citoyenne du 29, n’a convaincu personne.

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Hormis, certainement, les irréductibles de la Maison Orange, qui ne jurent que par leur leader, et ceux qui ont décidé de conserver leurs visières, quoi qu’il advienne.
Attendre que le Premier ministre fasse son mea culpa relève, on le concède, d’une utopie. D’ailleurs, cela ne correspond aucunement aux règles sacro-saintes de la “realpolitik”. En revanche, espérer qu’un Premier ministre fasse preuve de justesse, de grandeur d’âme et de réalisme, en venant concéder qu’il y a effectivement quelques manquements, que tout est loin d’être rose sous notre beau ciel azur, et qu’il souhaite rectifier le tir, cela s’inscrit dans la ligne directe des attentes de l’immense foule réunie sur le coaltar samedi dernier dans la capitale, ainsi que ceux qui n’ont pu faire le déplacement mais qui militent dans le même sens !

En peuple mature et adulte, bien que le mouvement a réuni une masse importante de jeunes, personne n’attend ni ne souhaite un banal “name & blame game”, qui ne viendrait qu’alimenter les polémiques sans en trouver de solutions concrètes. Beaucoup d’enjeux actuels, comme la question écologique et des familles sans-emploi, surtout, ont un urgent besoin que l’on s’y mette rapidement et efficacement. Donc, pas de temps à perdre avec des débats stériles et sans fin !

Par contre, que Pravind Jugnauth fasse montre de lucidité et sanctionne ceux de ses rangs, qu’ils soient ministres, députés ou nominés politiques, qui ont failli dans leur tâche, cela aiderait la population à se réconcilier avec un gouvernement qu’elle perçoit comme l’ayant laissée tomber au profit de « ses membres ». Et comme les observateurs sociaux – politologues, historiens, sociologues… – le relèvent depuis une semaine : un partenariat inégal entre le gouvernement et la population n’est pas une base solide pour une nation ayant grand besoin d’avancer. Surtout dans le sillage de cette dramatique crise sanitaire, qui n’a pas fini de bouleverser la donne tant chez nous qu’à l’étranger, et avec l’ouverture très prochaine de nos frontières.

D’autres chocs sont en effet à prévoir sur les plans économique et financier. Est-ce qu’en se cloîtrant dans le déni, on s’en sortira ? Surtout avec des pyromanes qui n’attendent que la bonne occasion pour déraper ! Sous les cendres des émeutes de février 1999 couvent toujours des braises ardentes. Il ne faut surtout pas que des esprits chagrins s’en servent pour mettre notre pays K.O. !

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