Quelque 48 heures après le coup de filet de lundi en matière de lutte contre le trafic de drogue, deux faits majeurs sont remontés à la surface dans le cadre de l’enquête. D’abord des questions se posent sur la présence d’un quatrième véhicule dans le convoi, déjouant du même coup le contrôle de la PHQ Special Striking Team sur la route de Rivière-Noire. Puis, est intervenue la révision à la baisse du poids de la drogue saisie, soit de la première estimation officielle d’une centaine de kilos à 58 kilos. Ainsi, en marge du démarrage du volet d’interrogatoires Under Warning des sept premiers suspects appréhendés la main dans le sac lors de l’opération Mazik sur la route de Rivière-Noire aux petites heures lundi matin, les responsables de la PHQ Special Striking Team tentent de faire le point sur la présence de ce quatrième véhicule faisant partie du convoi des trafiquants
Le Central CID et l’Anti Drug and Smuggling Unit (ADSU) conjuguent ces jours-ci en vue d’essayer de retracer ce quatrième véhicule, qui a échappé à la vigilance lors de l’opération de la PHQ Special Striking Team, lundi, à Petite-Rivière-Noire. Les enquêteurs n’écartent pas la possibilité qu’à bord de ce véhicule se trouvaient non seulement des suspects clés de ce réseau, mais aussi une partie de la drogue venant de l’île de La Réunion.
Dans cette perspective, les enregistrements des caméras de Safe City Network de plusieurs localités stratégiques de la côte Ouest et au Sud de l’île sont scrutés en vue de relever des indices critiques, susceptibles de mener à ce quatrième véhicule. À ce stade, la police avance que la cargaison de drogue, venant par voie maritime depuis l’île de la Réunion, a été débarquée dans la région du Morne.
Les suspects auraient départagé les colis dans au moins trois véhicules. « La stratégie définie par les trafiquants est que si un des véhicules était stoppé en cours de route pour des contrôles de la police, les autres pouvaient fuir avec la drogue restante », suppute-t-on du côté dans les milieux autorisés aux Casernes centrales, aguerris aux dessous et techniques de la lutte contre la drogue.
Ainsi, le constable Jean Hughes Rabot (29 ans) était au volant d’un van blanc, qui ouvrait le cortège. Selon l’équipe de l’ASP Ashik Jagai, cet officier affecté au poste de police de Terre-Rouge aurait agi en tant qu’éclaireur et il avait pour mission d’alerter ses complices présumés au cas où il repérerait des membres des forces de l’ordre sur la route. Il était suivi à distance par le 4×4 conduit par Joe Enzo Romeo Louis, âgé de 22 ans, où une cargaison de drogue se trouvait dans le caisson. Et en troisième position, une Audi que conduisait James Laurent L’Entêté de 31 ans.
Se basant sur les renseignements recueillis sur le terrain sur la base d’Intelligence, les membres de la PHQ Special Striking Team estiment qu’il y avait un autre véhicule qui roulait vers Rivière-Noire. Sauf qu’en ne trouvant pas les trois véhicules à une certaine distance devant eux, le conducteur aurait fait demi-tour pour rebrousser chemin et éviter tout contrôle de routine.
Les enquêteurs de la police estiment que ce mystérieux véhicule a changé d’itinéraire et qu’au lieu d’emprunter l’unique route sur le littoral Ouest en direction du Nord, il a pris la direction du Sud, vers Baie-du-Cap. Ils n’ont pas encore établi si le véhicule s’est dirigé vers Bois-Chéri ou a poursuivi sa route en direction de Souillac.
En se basant sur ces deux options, le CCID doit vérifier les différentes images des caméras de Safe City Network sur ces tronçons de route. Des sources aux Casernes centrales expliquent que cet exercice prend du temps « car il faut faire un tri des autres véhicules qui roulaient sur la route aux petites heures de lundi et qui ne sont pas liés à cette affaire ».
En attendant de tirer au clair ce mystère, les Field Intelligence Officers ont été appelés à procéder à des recoupements d’informations sur le terrain pouvant mener à l’arrestation des autres protagonistes de ce réseau de trafic de drogue. Parallèlement, les interrogatoires des sept suspects n’ont pas encore débuté, quoique tous rejettent catégoriquement l’accusation de trafic de drogue retenue contre eux.
Par ailleurs, l’estimation de 100 kg de drogue saisie, faite par le commissaire de police Anil Kumar Dip lors d’un point de presse lundi, est revue à la baisse. Ainsi, le poids net de la drogue est de quelque 58 kg avec une valeur marchande de Rs 90 millions. Du côté des Casernes centrales, on explique que les policiers font une estimation lorsqu’ils transportent les colis à l’état brut. « Les paquets ne sont pas pesés à ce moment précis. Ce n’est qu’après l’ouverture des emballages qu’on pourra avoir le taux exact de la drogue »,ajoute-t-on en guise d’explications.
L’exercice consistant à enlever les emballages et le pesage se déroulent en présence des suspects, des éléments du Scene of Crime Office et d’un photographe de la police. On ajoute que « le pesage de la drogue a pris plus de temps que d’habitude car le SOCO devait prélever les empreintes sur les colis ».
La PHQ Special Striking Team a noté qu’il y avait beaucoup de plastique et de ruban adhésif pour couvrir la drogue afin de la protéger de l’eau de mer lors de la traversée entre La Réunion et Maurice. « Sans compter que certains paquets étaient trempés et donnaient l’impression de peser plus lourd », fait-on comprendre pour justifier cette importante différence de poids.
Les premières séances d’interrogatoire des suspects devront débuter en fin de semaine maintenant qu’ils ont eu le temps pour retenir des services des hommes de loi à cet effet.
Affaire à suivre avec des rebondissements de part et d’autre…