K. Ramkissoon
On a appris récemment qu’à l’île de Ré (France), suite à un jugement de la Cour
Administrative d’appel de Bordeaux, une statue de la Vierge Marie sera démontée d’ici six mois pour raison de l’application de la loi de 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État qui est le fondement de la laïcité.
Un polémiste de CNEWS (on en a fait un métier lucratif) a argué que c’est sous la pression du mouvement WOKE (sous sa définition populiste en France) que cette imposition a été effectuée. Il dénonce les minorités agissantes et surtout l’action des islamistes qui veulent eux, selon ce polémiste, n’imposer que des pratiques de l’Islam. On ne peut accepter une telle pensée laborieusement édifiée, peu sensée et peu réaliste.
En France, on parle du terme « Wokisme » péjorativement alors qu’aux États-Unis ou le Canada il exprime l’éveil, la conscience des minorités pour se défendre ; voire même affirmer leurs droits, leurs identités, par la distanciation avec la culture « mainstream », de surcroît raciste.
Ce terme est couramment utilisé aux États-Unis comme l’expression de l’antiracisme ; comme un positionnement pour la justice sociale, pour l’arrêt des agressions et de la violence de nature ethnique et étatique contre les minorités. Dans les faits, c’est un mouvement contre l’imposition de la culture hégémonique et certaines lois discriminatoires en vigueur.
En France, la gauche réformiste a pris ses distances des mouvements wokistes, et la droite en soi combat le wokisme non seulement en définissant ce terme comme une action des minorités pour imposer leurs cultures, leurs religions mais surtout comme visant à s’accaparer de LEUR société. Décrire ce mouvement comme émanant de l’intégrisme de l’Islam serait un oxymore, ou une exagération. L’Islam en effet est une religion universelle pratiquant la reconversion sur le plan volontaire et non l’élimination.
Si nous identifions les groupes de personnes que l’on associe au wokisme, nous trouverons certes des minorités ethniques ; des mouvements LGBT ; des mouvements féministes ; mais aussi des collectifs et des mouvements associés à l’action des immigrés provenant de certains pays ; des réfugiés de l’exode clandestin; des gens affectés par certaines maladies contagieuses ; des adeptes de religions minoritaires etc.
Il existe au fond deux actions :
1.Celle émanant d’une conscience existentielle et associative des mouvements coupant à travers les classes sociales. Ce sont des catégories sociales. Chaque mouvement a ses attributs et agit dans le cadre de la politique de l’heure, influençant les partis politiques de gauche ou de droite plus dans un cadre populiste et de révoltes, qu’autre chose.
2.Celle opportuniste de sectes avec un comportement hégémonique, au sein de la majorité ethnique, religieuse et nationaliste surtout.
Le wokisme, dans les faits, existe depuis bien longtemps. Il est très difficile de rencontrer dans l’histoire contemporaine, par rapport à l’histoire de l’humanité du point de vue du passé depuis la Révolution Néolithique, un mouvement inédit. Il n’y en a PAS.
Nous avons eu tellement de mouvements sociaux que l’on utilise le préfixe néo pour identifier des variantes de tels mouvements: Néonazisme, néo-animisme, néocapitalisme, néocatholicisme, néoconservatisme, néosionisme …néolibéralisme, néo-impressionnisme … La liste est longue… très longue.
Dans le cadre de la compréhension de wokisme (l’éveil citoyen) il faut se rappeler que la république nous pousse à agir contre l’eugénisme, la xénophobie, les hégémonies de toutes sortes, la marginalisation, le sexisme, l’homophobie, le patriarcat (et ainsi la gynocratie sans doute) ; la censure, l’apartheid, l’étatisme…
Questions
1) Doit-on pousser un universalisme réducteur jusqu’à penser que ces mouvements proviennent des idées, des valeurs, des actions indépendamment de l’espace-temps existentiel?
2) J’apprends qu’un mouvement « Touche pas à ma statue » a été créé avec l’objectif de pousser le Conseil d’État à agir dans le cadre de la « liberté de conscience et du libre arbitre ».