“EASE OF DOING BUSINESS” : Les petits commerces combattent la pauvreté

« Dhol puri so, dhol puri so », « briyani deg, briyani deg », crient les vendeurs de nourriture dans les quatre coins de Maurice, tant dans les villes que les villages. Certains sont debout devant leurs vitrines remplies de dhol puris, de rougaille et de curry gros pois et d’autres devant leurs degs remplis de briyani. Tous sont engagés dans un petit commerce, comme des milliers d’autres personnes dans d’autres domaines, qui font vivre leurs familles, en cette période de crise économique où les emplois se font rares.
Ces petits commerces prolifèrent, depuis quelque temps déjà — depuis que les procédures d’obtention d’un permis auprès des collectivités locales ont été facilitées. Les gens qui avaient des difficultés pour obtenir un permis de petit commerce sont en train de créer ainsi leur propre business dans les domaines qui les intéressent. L’idée est de permettre à plus de gens, particulièrement les pauvres, d’obtenir des revenus additionnels, de combattre le chômage et d’améliorer ainsi leur niveau de vie. « Parfois, je travaillais comme aide-maçon, ou dans le transport des marchandises ou je lavais les véhicules. J’étais disponible pour n’importe quel travail mais la plupart du temps, j’étais au chômage », lance Ashok, vendeur de dhol puri sur le trottoir à Goodlands. Depuis qu’il a ouvert son petit commerce, il y a moins d’une année, ses revenus ont augmenté. Il peut maintenant bien nourrir sa famille, dont deux enfants en bas âge, et aussi épargner pour l’avenir. C’est son épouse qui prépare les dhol puris à la maison. Elle a appris à cuisiner de sa mère, avant d’épouser Ashok. « Je n’avais aucune intention de travailler mais lorsque les choses sont devenues difficiles, je me devais de m’engager auprès de mon époux. Nous avons ainsi lancé ce petit commerce de dhol puris », déclare-t-elle.
Beaucoup d’autres personnes sont engagées dans d’autres petits commerces, vendant des légumes et des fruits, des vêtements, des ustensiles et des épices, entre autres, dont les Mauriciens sont très friands. Tous offrent ainsi leurs services à leurs nombreux clients dans la rue qui, eux, n’ont souvent pas assez de temps pour cuisiner à la maison ou pour faire leurs achats plus loin dans la ville ou au village.
Beaucoup de jeunes filles et des femmes, particulièrement de la communauté musulmane, ont développé l’art d’appliquer le henné sur les mains. Elles utilisent leur talent pour se faire un peu d’argent. On voit tous ces gens dans la rue, sur les trottoirs, dans les régions tant commerciales que résidentielles, et sur les plages. Un grand nombre ont aussi transformé leurs maisons en snacks.
Pour le ministre du Business, de l’Entreprise et des Coopératives, Jim Seetaram, les petites et moyennes entreprises sont importantes pour l’économie du pays « car elles contribuent de manière significative à la croissance du Produit National Brut (PNB). » Selon lui, ces petites entreprises emploient environ 250 000 personnes, soit plus de 44% de la main-d’oeuvre totale à Maurice. « Il y a plus de travailleurs dans les PME que dans les grands secteurs tels que l’agriculture, la construction, le commerce en gros et en détail, le transport et les services sociaux, communautaires ou personnels », déclare le ministre.
Ces petits commerces sont réglementés par les collectivités locales. Ils ne sont pas censés s’engager dans des activités qui dérangent la population dans les régions résidentielles, les voisins ou encore créer des nuisances telles que la poussière, la fumée ou l’odeur. Ils doivent respecter les directives des Services des Pompiers, des autorités sanitaires et du ministère de l’Environnement.
Situation « incontrôlable »
Ganeshen Mooneesawmy, vice-président du Conseil de district de Rivière-du-Rempart, est heureux que ces gens engagés dans des petits commerces travaillent. « Ils ne demandent pas des emplois au gouvernement », déclare-t-il. Il avoue que ces petits commerces sont souvent la cause de pas mal de problèmes « parce qu’ils opèrent d’une façon peu hygiénique, surtout ceux qui vendent des aliments dans la rue, et dérangent leur voisinage. Malheureusement, nous manquons de personnel au Conseil pour les surveiller ». Le conseiller de Flacq Prakash Bhunsee, lui, trouve que la situation est devenue incontrôlable dans la rue car trop de gens opèrent leurs petits commerces carrément sur les trottoirs, sur les terrains abandonnés ou aux coins de la rue. « Je crains fort que la situation n’explose dans quelque temps sur les plans sanitaire, sécuritaire ou environnemental », affirme-t-il.
Pour sa part, le conseiller municipal curepipien Kritanand Beeharry estime que le pays a besoin de tel esprit entrepreneurial pour progresser. « Ce sont les vrais entrepreneurs du futur », estime notre interlocuteur. Kritanand Beeharry est d’avis que les gens doivent être motivés à lancer des microprojets dans autant de domaines que possible car cela est bénéfique au pays. « Je ne pense pas qu’ils dérangent leur voisinage ou leur environnement. Vous ne verrez jamais dix voitures devant leurs snacks, bloquant la circulation », affirme-t-il. Qu’importe, le plus important c’est que les deux parties, les petits commerçants et leurs clients, sont satisfaites : des emplois sont en train d’être créés et des services sont offerts à la population qui travaille et qui a très peu de temps à sa disposition pour cuisiner ou faire ses achats dans les grosses boîtes.

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