Un échange de poignée de mains qui restera dans les annales des affaires et de la politique

L’ancien Premier ministre, Navin Ramgoolam, qui est en passe de s’approcher de la barre des 40 convocations au QG du Central CID en l’espace de 16 semaines, pourrait se retrouver en cours d’après-midi avec de nouvelles inculpations provisoires retenues contre lui, soit crevant le cap de 10. Depuis 11 heures, ce matin, il a été de nouveau placé en état d’arrestation dans la quatrième série d’enquêtes initiée contre lui et portant sur les dessous des commissions de Rs 100 millions versées dans le cadre du contrat de gestion et de fourniture de produits de luxe aux boutiques de la Mauritius Duty Free Paradise Ltd au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport et au Sir Gaëtan Duval Regional Airport. À ce matin, deux charges provisoires sont évoquées, soit celle de trafic d’influence sous la Prevention of Corruption Act et celle de Money Laundering sous la Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act. Mais il n’est nullement à écarter que le délit de Conspiracy soit également retenu. Le fait du jour demeure dans cette affaire, outre la Documentary Evidence sur des transferts de fonds dans des comptes bancaires en Suisse, que Navin Ramgoolam sera confronté aux aveux de Rakesh Gooljaury, ancien partenaire d’affaires de Nandanee Soornack, au sujet des tractations pour incorporer la société Frydu et réceptionner les commissions, représentant les 4,2 % du chiffre d’affaires des produits hors taxes, et subséquemment la Wigam Holding Ltd, qui assure le trait d’union avec l’opération “Daylight Robbery” suite à l’écroulement de l’empire Rawat.
Avec cette quatrième enquête diligentée contre lui depuis sa défaite cuisante aux dernières élections générales, il ne faudra pas s’attendre à voir Navin Ramgoolam se départir de la stratégie adoptée jusqu’ici. Face aux questions des limiers du Central CID sous la supervision de l’assistant commissaire de police Heman Jangi, le leader du parti Travailliste devrait de nouveau faire valoir son droit constitutionnel et se réservant la possibilité de s’expliquer devant une Cour de justice quand les procès seront instruits. Toutefois, avec les inculpations provisoires à la conclusion de l’interrogatoire, ces éléments d’informations devront être transmis en complément aux autorités italiennes traitant de la demande d’extradition de Nandanee Soornack.
Le dossier du jour est axé sur le scandale des commissions de Rs 100 millions versées à la compagnie de Nandanee Soornack, Frydu, en Suisse. Mais depuis l’éclatement de cette affaire, la patronne d’Airway Coffee Ltd ne cesse de répéter, par le truchement de ses conseils légaux, qu’à aucun moment elle n’a bénéficié de ces fonds et qu’elle avait été utilisée par un prête-nom. D’ailleurs, à un certain moment de ce Deal, la société Frydu avait été remplacée par Wigam Holding Ltd avec d’autres prête-noms sur le plan international, comme Laurent Obadia et Alexander Schwartz.
Au plus fort de son interrogatoire, Navin Ramgoolam devra être mis en présence des différents versements des commissions effectués par la société internationale Dufry, représentant 4,2 % des ventes de whisky et de produits de luxe réalisées par la Mauritius Duty Free Paradise à l’aéroport de Maurice et de Rodrigues. Force est de constater qu’une dernière commission de 296 466,70 euros a été versée en Suisse le 16 janvier dernier, soit plus d’un mois après les élections générales du 10 décembre dernier. De retour d’une mission à l’étranger, le ministre des Services financiers Roshi Bhadain avait fait état de six transferts de fonds effectués entre le 25 octobre 2012 (431 000 euros) et le 16 janvier de cette année, dont la plus importante commission de 469 719 euros avait été enregistrée le 21 octobre 2013. Les six versements de commissions ont été transférés dans une banque en Suisse, la VP Bank de Zurich et subséquemment à l’Union Bancaire Privée de Genève au nom de la compagnie de Nandanee Soornack, comme suit :
25 octobre 2012 : 431 000 euros
3 mai 2013 : 211 351 euros sur des ventes de Rs 10,2 millions
21 octobre 2013 : 469 719 euros avec à la même période un transfert d’une partie des actions de Frydu à la société Wigan Holding Ltd, basée à Nicosie en Chypre
6 février 2014 : 389 558.20 euros
16 juillet 2014 : 337 134.50 euros versés à l’Union Bancaire Privée de Genève
et le 16 janvier 2015 (bien après les élections générales) avec 296 466.75 euros sur des ventes de 6,5 millions d’euros.
Au bon souvenir ?de Gooljaury…
En marge des explications de Navin Ramgoolam au sujet de ces transactions bancaires triangulaires, les autorités mauriciennes comptent prendre des dispositions sous la Mutual Legal Assistance en vigueur pour solliciter la coopération des responsables de la société Dufry pour les versions des faits et des autorités bancaires pour les accès aux comptes bancaires susmentionnés. Les services du ministère des Affaires étrangères et de l’Office of the Director of Public Prosecutions devront être mis de la partie pour l’authentification formelle de ce volet de Documentary Evidence.
Dans un autre ordre d’idées lors de la séance de Questioning du jour, Navin Ramgoolam sera rappelé au bon souvenir de Rakesh Gooljaury, cet ancien confident en affaires et en politique, qui l’a vendu lors de l’opération Vire Mam ! La genèse de Frydu remonte à un partenariat à parité entre Rakesh Gooljaury et Nandanee Soornack pour les commissions représentant les 4,2 % du chiffre d’affaires réalisé par la Mauritius Duty Free Paradise Ltd.
Les documents accablants et incriminatoires de ces commissions de Rs 100 millions ont été révélés au gouvernement de L’Alliance Lepep par ce même Rakesh Gooljaury. Cette confirmation a été apportée par le Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, en réponse à la Private Notice Question du leader de l’opposition, Paul Bérenger, sur l’affaire des trois VVIPs avec la séquestration de deux responsables de Dufry à la Kensington Palm Residence, Quatre-Bornes, dans la nuit du 16 au 17 février dernier.
« I am informed that at one stage during the review, several documents were provided by Doomeswarsing (Rakesh) Gooljaury, with regard to another contract, which had been signed between the supplier Dufry AG and a company called Frydu which had been incorporated in Switzerland. Mr Gooljaury had provided several emails exchanged between the top management of Dufry A.G. in Switzerland, Mrs Nandanee Soornack, Mr Laurent Obadia, a lawyer in Switzerland called Alexander Schwartz and himself relating to negotiations of the setting up of a structure for the payment of commissions through the creation of an agency sales agreement », a fait ressortir en substance sir Anerood Jugnauth à ce sujet.
En dépit du fait que Navin Ramgoolam pourra garder le silence face au barrage de questions du Central CID, cet exercice s’avère extrêmement éprouvant même s’il existe la possibilité qu’une remise en liberté sur parole, au lieu d’une nouvelle nuit de détention en cellule policière, relève du possible avec le précédent de la semaine dernière suite à ses inculpations provisoires dans la State Land Saga…

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