Échiquier politique en effervescence  : En finir avec la chaise musicale  entre Jugnauth et Ramgoolam !

DR DIPLAL MAROAM

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Revigorée manifestement par le Sniffgate, l’opposition parlementaire comme extraparlementaire tente d’accentuer la pression sur le gouvernement en multipliant sa présence sur le terrain alors que l’Assemblée nationale est entrée en congé pour trois mois après des séances particulièrement houleuses.

Cependant, pour une histoire d’ego, l’opposition peine à retrouver ne serait-ce qu’un semblant d’unité, ce qui fait, bien évidemment, le jeu du pouvoir en place. Même la question fondamentale consistant à désigner un candidat potentiel au poste de PM n’a pu être réglée jusqu’ici. Alors que Xavier-Luc Duval et Paul Bérenger avaient, en février 2021, invité Navin Ramgoolam (NR) à renoncer à toute représentation future à ce poste, ce dernier ne l’entend pas de cette oreille, croyant dur comme fer qu’il jouit toujours de la confiance de l’électorat et a même tout fait pour évincer de son passage le concurrent le plus proche au sein du PTr, Arvin Boolell, qu’il n’aurait, vraisemblablement, même pas soutenu en vue de la récupération du poste de leader de l’opposition.

Or, après ses deux défaites consécutives en 2014 et 2019 et au vu de ses nombreuses affaires dont celle du coffre-fort, entre autres, NR, constitue-t-il toujours un asset sur le circuit de la politique locale ? Même certains de ses plus proches collaborateurs, dont le président du parti, Patrick Assirvaden, soulignaient que leur leader ne serait qu’un « PM de transition ». Pourquoi « de transition » si ce n’est que pour mieux vendre le produit ? Ce alors que le principal concerné lui-même n’a jamais évoqué une telle éventualité, laissant ainsi présager sa désapprobation totale à un tel projet. À propos, son père, SSR, avait été aux affaires jusqu’à l’âge de 85 ans et SAJ, 89 ans. De mauvaises langues prétendent que NR souhaite revenir, à tout prix, au pouvoir afin de rendre à Pravind Jugnauth la monnaie de sa pièce pour les tourments qu’il a subis sous le règne de son père, récupérer les Rs 220 millions et son passeport pour pouvoir enfin se rendre à Londres.

Par ailleurs, toute politique de changement est certes salutaire mais à condition qu’elle soit orientée vers le meilleur et non l’inverse. Cependant, le pouvoir ne peut équivaloir à un jeu de chaise musicale à l’intention de deux familles uniquement. Si on exclut la parenthèse de Paul Bérenger de 2003 à 2005, rien que deux patronymes ont accaparé le siège suprême depuis l’indépendance à ce jour. Notre pays mérite mieux. Il est temps de passer à autre chose que le sempiternel passage de témoin entre Jugnauth et Ramgoolam. Certes, se départir de cette tradition soulèverait inexorablement la question de l’expérience mais qu’en était-il de la transition de 1982/83, date à laquelle les bases du progrès économique du pays furent jetées ? NR, qui accéda au pouvoir en décembre 95, n’avait jamais été ni « petit conseiller de village » (Sithanen, dixit), ni ministre et s’était vu propulser subitement à la plus haute fonction du gouvernement. Même son poste de leader de l’opposition de 1991 à 1995 avait été saucissonné par des études à Londres, et toute tentative de SAJ de l’éjecter du Parlement pour absence prolongée avait alors buté sur un « colourable device » de la Cour suprême.

D’autre part, si NR avait perdu le pouvoir en septembre 2000 en raison « de certaines erreurs commises » – il avait lui-même reconnu cela –, il revenait en force en juillet 2005 pour être éjecté à nouveau en décembre 2014, faisant ainsi mentir la formule « gagnante » de 40% + 40%… D’ailleurs, lors d’une interview dans l’édition de L’express du 14 octobre 2005, sa première phrase fut : « Je ne voulais pas entrer en politique. »  Et alors qu’il coulait de beaux jours à Londres, Paul Bérenger, faiseur de Premiers ministres, décidait de le convaincre de rentrer au bercail pour prendre les rênes du gouvernement. Survint alors en 1995 le 2e 60-0 de l’histoire mais deux années plus tard, le leader des mauves devait se mordre les doigts après l’éclatement de l’alliance rouge/mauve dans le sillage de l’affaire Macarena.

Aujourd’hui, de nouvelles têtes au poste de PM émergent dont Roshi Bhadain et Nando Bodha. Certes, les deux ont occupé de hautes responsabilités au sein d’un gouvernement mais ce dernier a l’avantage d’être un vieux routier de la scène politique locale.

                                                                                                                                          

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