- Mise en garde contre la nomination prochaine des « brokers » chargés de négocier les compensations post-Wakashio
- L’éventualité d’une alliance politique discutée lors d’une réunion des leaders convoquée le lundi 12
Les leaders des partis de l’opposition, qui se sont rencontrés pour la sixième fois samedi, ont annoncé que cette plateforme, créée initialement pour assurer la coordination au niveau du parlement, franchira une nouvelle étape, avec une réunion des trois leaders ainsi que celui de l’opposition pour discuter de la « concrétisation éventuelle d’une alliance politique ». Une première réunion est prévue le lundi 12 octobre. Ils ont qualifié de « faux pas » l’appel de Roshi Bhadain, demandant la démission des parlementaires de l’opposition et ont lancé une mise en garde contre la tentative de passer par l’Emergency Procurement pour nommer un “broker” pour mener les négociations quant aux compensations devant être payées à Maurice à la suite du naufrage du Wakashio.
Le leader du PMSD, Xavier-Luc Duval, qui présidait la dernière réunion, a qualifié de « faux pas » la déclaration de Roshi Bhadain demandant à des parlementaires de l’opposition de démissionner de l’Assemblée nationale en vue de provoquer des élections générales. « C’est une déclaration imprudente que nous n’avons pas appréciée parce que c’est extrêmement dangereux pour le pays. C’est le plus beau cadeau que nous pouvons faire à Pravind Jugnauth en lui permettant d’opérer au Parlement pendant huit mois dans l’opposition. Pas de questions parlementaires ni de débats sur les projets de loi et nous permettons à Pravind Jugnauth de contrôler à 100% l’Assemblée nationale, lui laissant ainsi la possibilité de changer presque toutes les dispositions de la Constitution », a-t-il expliqué.
Xavier-Luc Duval a rappelé l’épisode de la Prosecution Commission visant à mettre le DPP sous tutelle du gouvernement. « Il fallait pour cela les votes du PMSD. Ce qui l’a amené à démissionner du Parlement », a-t-il rappelé. Et d’ajouter : « Nous regrettons que Roshi Bhadain n’ait pas consulté l’opposition parlementaire avant de faire sa proposition qui donne le champ libre au gouvernement, refroidissant ainsi ses relations avec les trois partis de l’opposition parlementaire. »
« Situation économique dangereuse »
Au chapitre de l’économie, Xavier-Luc Duval considère que la situation est « angoissante ». Des économistes s’accordent à dire que la récession sera de l’ordre de 15% alors que le gouverneur de Maurice s’est aligné pour que les prévisions soient de 13%, comme avancées par le ministre des Finances. « Dans tous les cas, la récession sera de plus de trois fois plus que la moyenne mondiale qui est de 4,5%. » Par ailleurs, il a attribué cette situation à la mauvaise gestion de l’économie et à l’inhabilité du ministre des Finances, Renganaden Padayachy, à prendre des mesures nécessaires. Il a aussi estimé à 129 000 le nombre de chômeurs actuellement dans le pays.
Les entreprises d’exportation ont enregistré une baisse de 40% des exportations durant le dernier trimestre et le tourisme est à zéro. « Les autres secteurs sont dans le rouge et nous faisons face à une crise sociale sans précédent », a-t-il dit, estimant que Renganaden Padayachy est « le pire ministre des Finances que le pays ait connu durant les 40 dernières années ».
Xavier-Luc Duval a aussi souligné que la plateforme de l’opposition estime qu’il n’y a « aucune justification » pour que la police refuse à Bruneau Laurette de manifester devant la MBC et l’ICAC. De plus, il a souligné que les dirigeants de l’opposition déplorent, depuis la marche pacifique du 29 juillet, la tentative du gouvernement de réveiller le démon communal, surtout à travers les réseaux sociaux. « Nous félicitons les Mauriciens qui ont résisté à ces tentatives de pervertir les sentiments fraternels entretenus par chaque Mauricien et les avocats qui ont eu le courage de se rendre devant le CCID pour dénoncer certaines personnes, dont Dhiren Moher. Nous condamnons le fait que ce dernier reste membre du National CSR Council alors que nous nous apprêtons à célébrer la Journée internationale contre la Pauvreté le 17 octobre », a-t-il dit.
Quant à l’augmentation des vols aériens à Maurice depuis le 1er octobre Xavier-Luc Duval a déploré la façon dont certains hôtels ont été choisis pour accueillir les personnes en quarantaine. « Certains hôtels dans le centre-ville ou dans des centres commerciaux ont été choisis, mettant en danger le public. Certains hôtels proches du pouvoir ont aussi été choisis. » Et d’ajouter que l’opposition « suit de près » l’affaire post-Wakashio, en particulier la tentative de nommer contre l’avis du Parquet une certaine firme de “brokers” qui toucherait entre Rs 20 millions et Rs 50 M, dépendant de la durée des négociations avec le risque que cette firme choisie, en dehors des pratiques procédurales, ne puisse être à la hauteur de sa tâche et empêchant ainsi d’obtenir les compensations dues au pays.
Finalement, les membres de la plateforme de l’opposition ont présenté tous leurs vœux de rétablissement au président Donald Trump, qui a été hospitalisé vendredi dernier afin que les élections aux États-Unis puissent se dérouler dans les meilleures conditions. Les autres dirigeants de l’entente de l’opposition parlementaire Navin Ramgoolam, Paul Bérenger et Arvin Boolell se sont associés aux remarques faites par le leader du PMSD.
Navin Ramgoolam, qui commentait le réveil du communalisme, a noté que Pravind Jugnauth « fait le contraire de ce qu’il dit », car ce sont ses propres partisans qui participent à cette manœuvre. « Piromann pe deklar ponpie », a-t-il dit, en observant que « le Premier ministre ne critique pas ceux qui sont à l’origine des messages dangereux dans les médias sociaux ». Au chapitre de l’économie, il a affirmé que l’inclusion de Maurice sur la liste noire de l’UE, qui engendre des pas à « hauts risques » en matière de services financiers, « complique » la vie des Mauriciens. Ceux qui veulent envoyer de l’argent à leurs enfants, qui étudient à l’étranger, rencontrent également beaucoup de difficultés. Il a, d’autre part, condamné les frais imposés aux fils du sol qui souhaitent rentrer au pays, en soulignant déjà les difficultés que rencontrent les étudiants mauriciens pour obtenir l’extension de leurs visas en Grande-Bretagne. « C’est discriminatoire ! », a-t-il affirmé.
Navin Ramgoolam a ensuite annoncé que, lundi 12 octobre, les trois leaders de la plateforme de l’opposition et celui de l’opposition se rencontreront pour discuter d’une alliance éventuelle. Il a lui aussi estimé que la nomination de “Premium brokers” constitue un « nouveau scandale financier » qui se présente avec sa nomination à travers un Emergency Procurement.
Paul Bérenger a, de son côté, rappelé qu’Arvin Boolell, leader de l’opposition, et les dirigeants du MMM et du PMSD avaient commencé à travailler ensemble dans le contexte parlementaire et se rencontraient régulièrement et qu’ils continueront de le faire dans la perspective de la reprise des travaux parlementaire le 3 novembre. « Nous avons pris la décision de passer à une étape supérieure pour discuter de l’éventualité d’une alliance électorale et, par conséquent, des postes constitutionnels en commençant par nous rencontrer le 12 octobre », a-t-il indiqué.
Le leader mauve a aussi qualifié « d’inacceptable » la proposition de Roshi Bhadain. Il s’est interrogé sur le choix des hôtels pour accueillir les passagers en quarantaine et a réclamé la liste complète de ces établissements et les critères appliqués pour leur choix.
Pour sa part, le leader de l’opposition, Arvin Boolell, a dénoncé le communalisme et a plaidé pour « l’harmonie, l’unité et la stabilité dans le pays ». Il considère, par ailleurs, que la CSG « constitue une taxe supplémentaire sur les entreprises ».