Ultimatum à vendredi midi aux syndicats pour concéder le Scrapping des MOUs sur les conditions d’emploi, dont les Rs 5 milliards de Pensions Liabilities d’Air Mauritius
La tension est montée d’un cran hier après-midi dans les tractations entre les administrateurs de la compagnie aérienne nationale, Air Mauritius, dont Sattar Hajee Abdoula, et les représentants des syndicats, dont l’Air Mauritius Cabin Crew Association (AMCCA). La menace de placer sous Redundancy up to 50% of Air Mauritius et ce, dès la fin de ce mois, est des plus directes; elle a été brandie par l’administrateur lors des séances de travail convoquées d’urgence. L’ultimatum adressé aux syndicats des employés d’Air Mauritius est de renoncer au plus tard à vendredi midi aux différents Memoranda of Understanding (MOUs) sur les conditions d’emploi et également les Pensions Liabilities se montant à quelque Rs 5 milliards. Sonnés par la tournure des événements, les dirigeants syndicaux se sont mis à multiplier les contacts avec les conseils légaux en vue de déterminer la marche à suivre.
Après une analyse des propositions soumises par les différents syndicats en vue de « tirer Air Mauritius de l’Insolvency » et qualifiées de « only but cosmetic » dans certains milieux, Sattar Hajee Abdoula a fixé à vendredi midi l’échéance pour une réponse quant au « Scrapping » de tous les MOUs au sujet des conditions d’emploi au sein de la compagnie aérienne nationale. Passé ce délai, l’arme de la Redundancy fournie par la section 72 de la Workers Rights Act, comme amendée par la COVID-19 (Miscellaneous Provisions) Act, sera actionnée par l’administrateur, avec jusqu’à 50% des emplois existants menacés.
Des recoupements d’informations effectués par Le Mauricien dans la soirée d’hier auprès des sources concordantes indiquent qu’avec des dettes de Rs 40 milliards – dont 794 millions d’euros auprès des banques commerciales et 165 millions d’euros aux créanciers et aucune source de liquidités substantielles ces derniers 60 jours –, l’administrateur a fait de l’élimination de ces MOUs son principal cheval de bataille dans le cadre du redressement éventuel d’Air Mauritius.
« Sans la compagnie aérienne, il n’y aura pas d’emploi. Il nous faut sauver la compagnie à tout prix dans la conjoncture », aurait fait comprendre en substance Sattar Hajee Abdoula aux représentants des différentes catégories d’employés. Entre-temps, les négociations des deux administrateurs avec les Lessors d’avion et autres créanciers se poursuivent en vue d’une restructuration de l’ardoise d’Air Mauritius, actuellement « Insolvent ».
D’ailleurs, la ligne d’action de l’administrateur est confirmée par l’AMCCA, qui, dans une première note à ses membres en début de soirée d’hier, souligne que « his aim for the meeting was to ask each union to nullify their MOU, ie all collective agreement, all industrial agreements; all rights for our dues, there will be no negociation; no moratoire. Total annullation of our rights as workers who made this company fly. He wants all these 32 years of MOU negotiations scrapped altogether ».
Ainsi, les syndicats disposent d’un délai arrivant à terme vendredi midi pour soumettre d’autres Long Term Proposals et initier le redressement de la compagnie. En l’absence de nouvelles propositions, dont le renoncement des droits acquis sous les MOUs, le couperet de la Redundancy version COVID-19, pilotée par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, sera appliquée avec jusqu’à 50% des emplois éliminés. Cela, dès la semaine prochaine alors qu’à ce jour, il n’y a eu aucune indication au sujet des salaires des employés pour le mois de mai. Sattar Hajee Abdoula aurait déjà signifié son intention de recourir aux nouvelles dispositions de la loi pour ces limogeages en masse, avec ceux étant très proches de l’âge de la retraite prenant la porte de sortie en premier.
D’ailleurs, dans sa note d’urgence à ses membres, l’AMCCA confirme que « Mr Hajee-Abdoula made it very clear of his intention to, by next week, start cutting around 50 % of company wide manpower ». Dans son compte rendu de la réunion d’hier, l’AMCCA poursuit « when querried about what he had taken into consideration for redundancies, he has made it clear that with or without the MOU, he will be cutting on manpower by 50%. His estimation is that he can lower manpower cut by a mere 10 % on whole of MK employees should we agree to nullify MOU. But no guarantee is given ».
Réaffirmant la thèse que les Rs 40 milliards de dettes impayées ne peuvent être attribuées aux seules conditions de travail des employés et surtout du personnel navigant, l’AMCCA répond à Sattar Hajee Abdoula : « Our MOU cannot be scrapped just because he asked ». Et surtout après 32 ans de lutte syndicale.
Toutefois, les conditions liées au confinement de COVID-19 font que les syndicats concernés ne peuvent convoquer d’assemblées spéciales de leurs membres pour discuter de la situation et entamer la mobilisation nécessaire.
Affaire à suivre d’autant plus que « AMCCA is adamant that it will never give up on the hard work of years of negotiations »…