Plusieurs syndicats d’Air Mauritius se prononcent contre la venue des “preighters” de DHL/Ethiopian Airlines à Maurice. Cette démarche fait suite à l’octroi de Landing Rights par le département de l’Aviation civile avec le vol inaugural annoncé en cette fin de semaine. Plusieurs employés de la compagnie d’aviation nationale se sont regroupés avec le négociateur syndical Ivor Tan Yan, hier, devant la Paille-en-Queue Court pour faire entendre leur désaccord au sujet des dernières propositions des administrateurs Sattar Hajee Abdoula et Arvind Gokhool, notamment l’option de “leave without pay” et de travail à temps partiel.
« Si le gouvernement mauricien tient vraiment au redressement d’Air Mauritius, il ne doit pas autoriser DHL/Ethiopian Airlines à venir profiter des opportunités sur le marché local alors que notre compagnie d’aviation est en faillite et demande à ses employés de faire vivre leur famille avec moins de la moitié de leur salaire », a soutenu le porte-parole de plusieurs syndicats de MK. Selon lui, seul Air Mauritius devrait être autorisée à voler dans l’espace aérien de Maurice dans la conjoncture de la COVID-19. Il a expliqué que la compagnie Air Mauritius aurait pu profiter des vols cargo comme cela a été le cas durant le confinement.
« Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Malgré la diminution du trafic, il n’y avait pas moins de dix vols par semaine. Le pays était en confinement mais il fallait bien que les commandes du ministère de la Santé soient acheminées. Il y a eu des cargaisons de masques fabriqués par le secteur textile qui ont été exportées grâce aux travailleurs d’Air Mauritius. Il y a eu plus de 10 millions d’euros de trafic cargo pour Air Mauritius entre avril et septembre 2020 », a-t-il déclaré.
Ivor Tan Yan a laissé entendre que selon les informations qui circulent dans les milieux informés d’Air Mauritius, la compagnie aurait été en présence de cinq offres pour opérer des vols, notamment Chine/Europe, Chine/Johannesburg, Bangkok/Johannesburg ou encore Chine/Europe de l’Est, mais que toutes ces possibilités ont été rejetées. « Est-ce que c’est une décision politique de ne plus occuper le marché du “freight” afin de laisser ce business à d’autres ? », s’est demandé le syndicaliste. Il a ajouté qu’Air Mauritius aurait également reçu une demande de “wet lease” de deux A 330 pour deux ans, renouvelable à quatre ans pour des vols cargo réguliers quotidiens entre Manchester, Lille, Amsterdam vers la Chine et le Japon, « mais que MK a été incapable de répondre à l’appel ».
Il a demandé aux administrateurs de la firme Grant Thornton « de rendre des comptes publiquement » sur les accords pour les Lease Agreements des avions, notamment en ce qui concerne les deux avions qui avaient été achetés pour ensuite être loués à perte avec South African Airlines et qui « sont désormais de nouveau à la charge de la compagnie ».
Commentant les récentes propositions des administrateurs, le porte-parole syndical a affirmé que le duo Abdoula-Gokhool avait « le devoir de consulter et non pas informer les syndicats ». Selon lui, le consentement des travailleurs ou de leurs représentants « est nécessaire lorsque les salaires vont être revus à la baisse aussi drastiquement ». Il a déploré que l’offre de nouvelles conditions d’emploi aux pilotes ne comprenne ni les salaires qu’ils vont toucher et ni la durée du contrat. « Les pilotes ont pris la plus grosse coupe de salaire entre 65% et 75%. La proposition qui leur est faite d’aller travailler ailleurs pendant leur congé sans solde est un mépris », a conclu Ivor Tan Yan.
Mise en demeure de la MALPA contre les administrateurs de MK
La Mauritius Air Line Pilots Association (MALPA) continue de maintenir la pression sur les administrateurs Sattar Hajee Abdoula et Arvind Gokhool, en ayant un ultime recours à la Cour suprême par l’entremise d’une mise en demeure. Le syndicat des pilotes s’oppose aux propositions des administrateurs, notamment avec les formules préconisées de Leave Without Pay (LWP) à partir de ce mois-ci. À travers l’avouée Komadhi Mardemootoo, la MALPA avance que « this leave without pay issue was never discussed with the unions at the time of the signing of the new Collective Bargaining Agreement, had it been brought up by the Administrators, it would never have been accepted… ».
La MALPA considère ainsi que cette « pilule est dure à avaler » étant donné que les pilotes avaient consenti à une réduction de salaire de presque 40%. On déplore également que la formule définie pour ces LWP est « injuste », avec une disparité entre les pilotes des A330 et A350. « That would mean that some pilots will get paid for three months after three months of leave while others will have to suffer at least six months consecutively without remuneration before being enrolled for flying duties again », avance le syndicat des pilotes.
La MALPA dénonce aussi que MK « is not maximizing its flying activities and this is to the obvious advantage of other airlines including but not limited to Emirates Airlines », avec référence faite également à la venue de DHL-Ethiopian Airlines dans le paysage aérien du pays. La mise en demeure servie aux administrateurs de MK réclame que les décideurs revoient leurs copies quant à ces décisions et demande une reprise des négociations.