(CECPA) conclu entre Maurice et l’Inde, et qui est entré en vigueur depuis avril de l’année dernière, a permis non seulement de donner une nouvelle impulsion aux échanges commerciaux et économiques bilatéraux, mais a aussi consolidé la position de Maurice comme tremplin d’investissement vers le continent africain. Tel était en tout cas l’avis unanime du Premier ministre, Pravind Jugnauth, des ministres Renganaden Padayachy et Alan Ganoo, ainsi que de la haute commissaire de l’Inde à Maurice, Nandini Singla. Ils étaient les principaux intervenants à la cérémonie d’ouverture du CECPA Forum, organisé hier à l’hôtel Méridien par les ministères des Affaires étrangères et des Finances, l’Economic Development Board (EDB) et le Haut-Commissariat indien.
« En seulement un an depuis l’entrée en vigueur du CECPA, les exportations indiennes vers Maurice et les exportations mauriciennes vers l’Inde ont augmenté en tandem à un taux impressionnant de 69,03% et de 68,66% respectivement », a déclaré Nandini Singla. Au cours de la même période, les investissements directs étrangers de Maurice vers la Grande Péninsule ont augmenté de 66,78%, passant ainsi de USD 5,63 milliards à USD 9,39 milliards, faisant ainsi de Maurice la troisième source d’investissements directs étrangers vers l’Inde.
La haute commissaire indienne a, par ailleurs, souligné que les deux pays ont convenu d’ajouter un General Economic Cooperation Chapter et un Automatic Trigger Safeguard Mechanism dans le CECPA en vue d’introduire de nouvelles opportunités commerciales dans des secteurs futuristes, tels que les soins de santé, la pharmacologie, la biotechnologie, les énergies renouvelables, la technologie spatiale, l’économie bleue, les ports, les investissements et les services financiers.
Nandini Singla dit aussi être convaincue que le CECPA peut positionner Maurice comme un tremplin vers l’Afrique pour les entreprises indiennes. Elle ajoute que « Maurice est déjà devenue une plaque tournante vers l’Afrique », en affirmant que « plus de 90% des investissements indiens en Afrique, soit plus de USD 70 milliards, vont à Maurice ou passent par Maurice ».
Nandini Singla s’appuie sur d’énormes synergies qui existent entre l’Inde et Maurice, avec la vision dynamique de Maurice de devenir un pôle de croissance pour l’Afrique dans plusieurs secteurs, à savoir un hub de biotechnologie, un centre d’éducation, un centre de technologie des données, une Silver Economy et une économie verte. Alors que l’Inde, qui a connu une croissance record de 13,5% au cours du dernier trimestre, d’avril à juin de cette année, pour devenir la 5e puissance économique mondiale, a des opportunités à exploiter.
« Nous devrions explorer des idées originales, comme la création d’entrepôts de produits indiens à Maurice pour l’exportation vers l’Afrique, ou encore la mise en place d’une zone économique spéciale indienne pour bénéficier de l’adhésion de Maurice à la SADC, au COMESA, à la ZLECAf et à d’autres accords commerciaux», fait-elle comprendre en faisant état de la nécessité de faciliter le mouvement des hommes d’affaires entre l’Inde, Maurice et l’Afrique.
De son côté, le Premier ministre réitère le fait que « le CECPA vise à consolider les liens économiques et culturels entre nos deux pays », ainsi qu’à célébrer nos relations diplomatiques. « Cet événement souligne davantage notre amitié de longue date et les liens profondément enracinés partagés par nos deux peuples », dit encore le PM.
Il a par ailleurs exprimé sa gratitude au gouvernement indien et à son Premier ministre, Narendra Modi, pour « leur engagement indéfectible à faire de la CECPA une réalité ». Il se félicite que cet accord est le premier du genre que l’Inde ait signé avec un pays africain. « Le CECPA fait partie d’une stratégie plus large entre les gouvernements, visant à élargir nos horizons économiques. Il joue un rôle essentiel dans la facilitation du commerce et de l’investissement transfrontaliers », a-t-il repris.
Pravind Jugnauth a en outre affirmé que les progrès économiques du pays ont permis au gouvernement de s’engager « dans une lutte résolue contre la pauvreté et les inégalités », ajoutant qu’il est désormais en mesure d’investir dans la protection sociale. Dans cette optique, il a réitéré son ambition de s’efforcer à faire en sorte « que les citoyens sortent gagnants de cette croissance ». Tout en soulignant le rôle clé de l’EDB dans la définition de l’avenir, le Premier ministre a exhorté toutes les entreprises à tirer pleinement parti de son expertise.
Pour Alan Ganoo, « la signature du CECPA est une étape charnière qui ouvre la voie à une coopération économique bilatérale encore plus grande et renforçant aussi nos liens économiques et développant un partenariat stratégique unique ». Il précise d’ailleurs que Maurice bénéficie d’un accès en franchise de droits à un marché de 650 millions de consommateurs en raison de son adhésion au COMESA et à la SADC.
Avec l’entrée en vigueur de la zone de libre-échange continentale africaine, Maurice dispose désormais d’un accès préférentiel à un marché d’environ 1,4 milliard de consommateurs dans 55 pays, avec un PIB combiné évalué à environ USD 3,5 billions.
Le ministre des Finances affirme que les gouvernements mauricien et indien
ont travaillé ensemble pour parvenir à un accord historique, qui soit mutuellement bénéfique. « D’ailleurs, les résultats sont déjà visibles. Avec le CECPA, nos opérateurs économiques sont en mesure d’exploiter de nouvelles opportunités sur un marché de près de 1,4 milliard de personnes », dit-il.
« Avant la pandémie et l’entrée en vigueur du CECPA, les exportations vers l’Inde s’élevaient à Rs 848 millions pour 2019. Au cours du premier semestre de cette année, les exportations vers l’Inde ont déjà dépassé Rs 1,3 milliard », note-t-il encore.
À noter que le logo pour la commémoration du 75e anniversaire des relations diplomatiques entre Maurice et l’Inde, ainsi qu’une brochure rédigée par l’EDB, intitulée Maurice-Inde CECPA: Un guide pour le développement des affaires, ont également été lancés hier matin.