ÉCONOMIE BLEUE : L’industrie du thon face à un boycott de la GB et de l’UE

– Princes Tuna annonce une réduction de 50% des achats d'Albacore de l'OI et IBL Seafood se retrouve avec des commandes réduites de 40%

L’industrie du thon se retrouve sous la menace d’un boycott des « retailers », notamment en Grande-Bretagne et en Europe. Offiiciellement, ce développement fait suite à l’absence de mesures de gestion des stocks à la Commission des Thons de l’océan Indien (CTOI), avec notamment depuis 2019, trois des quatre espèces de thons commerciaux de l’océan Indien qui sont surpêchées. Depuis un mois, des chaînes de supermarchés et « retailers » britanniques et européens, tels que Tesco, Coop et Colruyt, appellent au boycott des produits fabriqués à base de thon de notre océan, résultant en un impact direct sur les exportations mauriciennes.

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Dans l’immédiat, soit jeudi, la société Princes, dont la maison mère est basée à Liverpool, a annoncé qu’elle allait réduire ses achats d’albacore (yellowfin) de l’océan Indien de moitié – soit à 16,000 tonnes –, en se basant sur 2017 comme année de référence. De son côté, IBL Seafood, à travers sa filiale en “joint-venture”, Mer des Mascareignes, a vu une réduction de 40% des volumes d’albacore depuis 2017.

La semaine prochaine, le Groupe de Travail sur les Thons Tropicaux (GTTT) de la CTOI procèdera à une évaluation de la situation, notamment le skipjack. Les données disponibles indiquent une augmentation nette des captures sur ces trois dernières années, rendant ainsi probable que cette quatrième espèce soit aussi classifiée comme étant surpêchée, avec la possibilité que l’océan Indien devienne le premier océan à avoir toutes ses espèces de thons, à valeur commerciale, classées comme non durables.

« Il est important que toutes les parties prenantes ne se fassent pas d’illusion sur le fait que l’état actuel du thon de l’océan Indien jette un doute important sur la viabilité future de nos opérations qui souffrent déjà des changements liés à la COVID-19, avec la baisse de la demande des clients européens du secteur de la restauration », déclare Cougen Purseramen, COO d’IBL Seafood. « Le temps presse pour soutenir l’industrie de la transformation du thon et sa chaîne de valeur associée, afin de protéger les 6 000 emplois directs et, dans une perspective plus large, ceux qui vivent indirectement de notre industrie. »

Quelques-uns des plus importants supermarchés britanniques et européens, tels que Tesco, Coop et Colruyt, ont déjà annoncé leur intention d’arrêter d’acheter du thon de l’océan Indien, à moins que la CTOI ne prenne des mesures strictes. Il est à craindre que d’autres suivent leur exemple. Les ONG environnementales telles que la World Wildlife Fund (WWF), Pew Charitable Trusts, International Pole and Line Foundation (IPNLF) et ISSF (International Seafood Sustainability Foundation) ont fait un appel aux États membres de la CTOI pour qu’ils adoptent des mesures énergiques à la prochaine Commission, début novembre.

De nombreuses flottes qui opèrent dans l’océan Indien ont augmenté leurs captures depuis 2017, ou ne sont pas assujetties à des mesures de réduction. La réduction de 25% proposée par le rapport du Global Tuna Alliance (GTA), que Princes et IBL Seafood soutiennent, reflète la recommandation faite par le Comité scientifique de la CTOI, et permettrait la reconstruction des stocks d’albacore (yellowfin) en deux générations. Il est absolument décevant d’apprendre que la CTOI n’a l’intention de discuter d’aucune nouvelle mesure de gestion malgré le besoin criant d’agir, sous prétexte que c’est lié à la nature virtuelle de la réunion pour raison de COVID-19.

« À la fois Princes et IBL Seafood aimeraient faire appel au gouvernement pour que celui-ci prenne une position forte à la prochaine réunion de la Commission », ajoute Cougen Purseramen. « Nous sommes déjà alignés sur la nécessité de soutenir la durabilité des stocks de thon afin d’assurer que les générations futures, mais aussi notre industrie, puissent profiter du thon à moyen et long terme. Nous aimerions suggérer au Gouvernement de demander qu’une nouvelle réunion plénière de la CTOI puisse se tenir au premier trimestre de 2021, afin que les mesures de gestion puissent y être débattues ».
En tout cas cette fin d’année s’annonce très critique pour l’industrie du thon de Maurice car les nouvelles recommandations du Comité scientifique devant se tenir en décembre, seront connues et les États membres auront eu le temps de se mettre d’accord pour des mesures de gestion plus strictes afin d’empêcher les stocks de thon de l’océan Indien de s’effondrer.

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