Économie : le FMI tire à boulets rouges sur les relations BoM/MIC

Parmi les recommandations le divorce entre la Banque centrale et sa filiale, et le remboursement de l’enveloppe de Rs 48 milliards non-utilisées à ce jour

- Publicité -

Zone d’ombre : « Public debt, which rose notably amid the pandemic, is set to stay at elevated levels  in the medium term »

Perte du pouvoir… d’achat : « Targeted transfers through social safety nets » pour soutenir les plus vulnérables

Le ministre des Finances contredit sur le target d’un million de touristes, la mission Sancak optant pour 800 000

La Mauritius Bankers Association (MBA) se voit contrariée par l’une des propositions dans les Concluding Remarks des Article IV Consultations du Fonds monétaire international (FMI). Dans son Budget Memorandum, la MBA avait en substance exprimé le souhait d’un nouveau partenariat avec le War Chest de Rs 82 milliards de la Mauritius Investment Corporation (MIC), la filiale de la Banque de Maurice. Toutefois, la mission du FMI, menée par Cemil Sancak est revenu à la charge de manière catégorique dénonçant les relations incestueuses entre la Banque centrale et la MIC et va plus loin jusqu’à préconiser que cette dernière rembourse les Rs 48 milliards, qui n’ont pas été déboursées en faveur des entités économiques à la fin de mars dernier. Tout comme qu’il fallait s’y attendre, l’évolution à la hausse de la dette publique a retenu l’attention des officiels du FMI soutenant qu’à moyen terme le niveau d’endettement restera préoccupant de même que l’urgence de « restore fiscal space and ensure debt sustainability ». Au chapitre de la perte du pouvoir… d’achat, le FMI préconise la mise en place de Targeted Transfers au lieu de Blanket Subsidies vu que les prévisions sont que pour cette année, le taux d’inflation restera dans la zone des Double Digits, au moins 11,2%. D’autre part, la projection du taux de croissance est de l’ordre de 6,2% alors que le million de touristes du ministre des Finances, Renganaden Padayachy, n’est pas validé par la mission Sancak, préférant miser sur 800 000, chaque 100 000 touristes contribuant 0,6% au PIB.

Ces Preliminary Findings, en attendant l’approbation du rapport officiel par l’Executive Board du FMI, très probablement à la mi-juin, remettent en perspective la situation préoccupante au niveau de la Banque de Maurice. Et ce n’est nullement un hasard que la mission du FMI note que « improving effectiveness of monetary policy and safeguarding the central bank independence need to remain priorities.»

Ainsi, tout en se félicitant des efforts en vue de moderniser le policy framework, le FMI se veut impatient quant à la mise en place d’un nouvel encadrement, devant être avalisé par l’Assemblée nationale. Il ajoute à ce titre que « tightening the policy stance would be appropriate to control inflation and counter un-anchoring of inflation expectations and second round effects. »

Les analyses sous les Article IV Consultations n’écartent pas l’éventualité que la Banque centrale affiche des pertes à son bilan avec « consistent with the BOM Act, the government needs to cover BOM’s losses which may materialize due to increasing policy implementation costs already in the near- to medium-term.”

Tout en évitant d’aborder de front le volet de la dépréciation de la roupie, le FMI se dit en faveur de « greater exchange rate flexibility ».

L’institution de la Mauritius Investment Corporation est de nouveau remise en question par le FMI avec la demande réitérée pour un divorce entre cette agence de financement et la Banque de Maurice. « To support policy credibility and remove unnecessary credit risk from the BOM’s balance sheet, the mission recommends the BOM to relinquish ownership of the MIC », lit-on dans le communiqué des Concluding Remarks, qui recommandent également que  le remboursement des fonds non utilisés.

Les derniers détails sur le Website de la MIC révèlent qu’à la fin de mars dernier pour 37 demandes, la MIC avait déjà déboursé quelque Rs 44 milliards sur les Rs 82 milliards. Le FMI, qui demande à la MIC d’éviter des opérations de QuasiFiscal Financing, comme ce fut le cas avec les Rs 25 milliards de décembre de l’année dernière à Airport Holding Limited, s’appesantit sur le fait que  « BOM’s ownership of the MIC weigh on the BOM’s independence and blur the separation of monetary and fiscal policies. »

Si la Mauritius Bankers Association voit s’envoler en fumée une ligne d’opération avec la Mauritius Investment Corporation, elle tire, néanmoins une satisfaction avec le FMI confirmant que cette agence est en compétition dans le secteur financier « for some profitable projects. » La formule de séparation est soit un Taking Over de la MIC par le gouvernement soit une intégration dans les rangs de la Banque de Développement.

Le FMI ne prévoit pas d’éclaircissements à terme à l’horizon de la dette publique et ajoute que « Mauritius ‘ public debt, which rose notably amid the pandemic, is set to stay at elevated levels in the medium term ». Dans cette conjoncture, la nécessité de « further fiscal consolidation to restore fiscal space and ensure debt sustainability » se fait sentir pour atténuer les Debt Vulnerabilities.

L’une des conclusions des Article IV Consultations met en garde contre une répétition de l’épisode MIC/Airport Holding Ltd de décembre dernier dans cette tentative de remise en ordre du tableau de la dette publique. « The mission recommends fiscal consolidation through credible revenue and expenditure measures. The goal to reduce the stock of public debt should not justify deploying quasi-fiscal financing, for example, by the Mauritius Investment Corporation (MIC). While quasi-fiscal measures can help reduce debt in the short term, they can delay fundamental fiscal policy actions and lead to renewed pressures in the medium and long term », rappelle avec force la mission Sancak.

Face à une inflation galopante, conséquence de la flambée des cours du pétrole et des produits alimentaires sur le marché mondial, la dépréciation de la roupie et la reprise dans la demande, le FMI  fait état d’une protection en faveur des groupes les plus vulnérables sous la forme de « targeted transfers through social safety net programs while avoiding broad-based subsidies benefiting ».

Les autres points chauds relevés dans l’économie par la mission du FMI se résument comme suit

la disparité entre « pension spending and pension revenue »

des policy options pour s’attaquer à la pénurie de la main-d’œuvre qualifiée,

l’accent sur la digitalisation pour promouvoir la diversification

le changement climatique pour accroître la résilience de l’économie face à des chocs et

l’amélioration da la connectivité aérienne pour accompagner la reprise dans le secteur du tourisme.

Le FMI avance également que « Mauritius is gradually recovering from the pandemic. The public health impact of the pandemic was well managed, including by a remarkable vaccination campaign covering over 90 percent of the eligible population by May 2022. Large and comprehensive support measures helped cushion the social and economic impact of the pandemic ».

En conclusion, le FMI prône un dialogue entre  le gouvernement, le secteur privé et la société civile. « Diversification and improving the resilience of the economy need to be supported by a comprehensive reform agenda to identify priorities, address obstacles, and increase efficiency, including by finding complementarities between the public and private sectors. This agenda could be formulated in consultation with the private sector and civil society », propose la mission Sancak.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -