ÉDUCATION SECONDAIRE — Extended Programme : Malaise sur le choix restrictif des matières offertes aux étudiants en Grade 9

Les enseignants déplorent l’absence de consultations et la méconnaissance des réalités de l’EP

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Les étudiants appelés à choisir entre Physical Education et Performing Arts, alors que les deux connaissent un grand intérêt

Le nouveau programme élaboré par le ministère de l’Éducation pour l’Extended Programme (EP) suscite déjà des interrogations et ce, avant même sa mise en pratique. Des enseignants et responsables de collèges ne comprennent en effet pas le choix restrictif imposé au niveau des matières à partir du Grade 9. Les étudiants devront ainsi choisir entre Technology Studies et Art & Design, d’une part, et entre Physical Education et Performing Arts, d’autre part. Cela, alors que les deux marchent ensemble ou sont importants pour le développement de l’enfant. Au-delà de ces choix, on plaide pour le dialogue et l’intérêt des enfants.

Suite au rapport accablant de la Banque mondiale sur l’Extended Programme (EP), le ministère de l’Éducation a été amené à revoir sa copie concernant ce programme. Celui-ci implique en effet un choix des matières à partir du Grade 9. Quatre Clusters ont été identifiés et les étudiants devront faire un choix entre deux matières dans chaque groupe. Alors que les collèges d’État étaient avisés de ce changement depuis fin janvier, les collèges privés n’ont accusé réception d’une lettre-circulaire de la Private Secondary Education Authority (PSEA) à ce sujet que vendredi dernier. Déjà, des voix s’élèvent pour dénoncer des incohérences dans ce nouveau programme.

Dans le premier groupe, les étudiants doivent choisir entre Science et Business/Économie/Entrepreneurship; dans le deuxième, entre Technology Studies (Food/Fashion/Design) et Art; dans le troisième, entre Information and Communication Studies et Social and Modern Studies; et dans le quatrième, entre Physical Education et Performing Arts. L’anglais, le français et les mathématiques sont des matières obligatoires. Or, font valoir les enseignants, plusieurs matières vont généralement de pair dans une combinaison, mais là, le ministère leur demande de choisir.

C’est notamment le cas pour Technology Studies et l’Art. Tout le monde sait que de nombreux étudiants optant pour Design and Technology en Grades 11 (School Certificate) et 13 (Higher School Certificate) choisissent aussi Art & Design. Car des aptitudes en art aident aussi pour le “design”, qui comporte beaucoup de dessins. Idem pour Fashion & Textiles. Les étudiants voulant s’orienter vers le Fashion Design au niveau tertiaire optent aussi pour l’art, car cela les aide à développer leurs modèles. Dans le cas présent, le ministère les prive de ce choix.

Pour ce qui est de Physical Education et de Performing Arts, tous s’accordent à dire que les deux sont importants pour les enfants concernés. « On demande de choisir entre Physical Education et Performing Arts, alors que les enfants de l’Extended Programme ont besoin de bouger, de manipuler, de créer… Ce ne sont pas des étudiants qui s’assoient en classe à écouter des leçons toute la journée, cela ne les intéresse pas », déplore Brian Pitchen, facilitateur de Grade 7 au collège Saint Mary’s West. De plus, fait-il ressortir, rien n’est dit sur ce qui se passera par la suite avec ces matières. « Va-t-on proposer Performing Arts jusqu’en Form V ? Pour l’heure, cela n’existe pas. »

Il regrette également que les collèges aient été mis devant des faits accomplis à la veille des examens et de la fin de l’année scolaire. « Il nous faut maintenant nous organiser et informer les parents. Mais faut-il encore que nous ayons toutes les informations nécessaires… » Il est d’avis que le ministère aurait dû engager des échanges avec les principaux concernés et avoir leur avis sur la question. « Tant qu’on imposera des choix, sans prendre en considération les spécificités, il y aura toujours des échecs. Pourquoi n’avoir pas demandé aux enfants ce qui les intéressait le plus avant d’arrêter les choix ? Pourquoi n’a-t-on pas demandé de choisir entre Sciences et Performing Arts, par exemple ? De même, si on nous avait demandé notre avis, nous aurions dit qu’il fallait plus de sujets pratiques pour l’EP. »

L’enseignant est d’avis qu’en dehors des quatre groupes proposés, il y aurait dû avoir des options ouvertes, où les enfants pourraient faire leur choix. « Il faut un système qui leur permettra de se développer, de se débrouiller dans la vie et de s’épanouir. Il semble que l’EP est toujours le vilain petit canard. Au contraire, ce sont à ces enfants qui ont des difficultés qu’on aurait dû donner plus d’attention et d’opportunités. »

Dans la conjoncture actuelle, ajoute Brian Pitchen, non seulement les enfants risquent d’être pénalisés, mais certains sujets pourraient aussi être appelés à disparaître s’il y a un manque d’intérêt. « Que va-t-on faire dans ce cas-là ? » se demande-t-il. Il ajoute : « Si l’on permettait aux enfants de faire des choses qui les intéressent, on aurait moins de problème à l’école. »

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