ÉLECTRICITÉ – Terragen (ex-CTBV), incontournable sur le réseau avec 15/20%

Contrat des IPPs : « Reprendre les discussions à tête reposée après la sortie de crise de COVID-19 », dit Jean Marc Iweins, Power Plant Manager

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Créée en 2000, la Centrale thermique de Belle-Vue (CTBV) est devenue Terragen lors de la refonte d’identité du groupe Terra. Depuis sa création, la centrale fournit au CEB entre 15 et 20% de l’électricité nationale, avec une fourniture constante d’énergie. Terragen est donc un contributeur de taille au secteur énergétique du pays, mais également à celui de l’agriculture, car la centrale soutient les activités en lien avec l’économie de la canne à sucre à travers la production d’électricité à partir de la bagasse, qui permettent, en complémentarité les unes avec les autres, de faire tourner tout un pan de l’économie agricole et industrielle du pays, avec de nombreux emplois directs et indirects à la clé.

À ce jour, Terragen compte près de 50 employés, dont 70% sont détenteurs d’un Bachelor Degree au minimum. Un personnel par ailleurs entièrement mauricien, à quelques exceptions près. La centrale produit 20% de l’électricité renouvelable annuelle consommée à Maurice, étant l’une des pionnières en matière d’énergie renouvelable dans le pays. Jean Marc Iweins, Power Plant Manager, explique : « Nos unités tournent à la bagasse depuis bientôt 20 ans et nous sommes les premiers, il y a 4 ans, à avoir introduit dans nos chaudières, à travers un procédé novateur, le combustible de paille de canne après ramassage aux champs, ce qui nous a permis de continuer à augmenter la part d’énergie renouvelable dans notre production totale d’électricité. La paille de canne constitue un gisement encore que très partiellement exploité. Le potentiel d’électricité produit à partir de la paille augmentera dans les années à venir, moyennant des investissements à réaliser pour augmenter les capacités de récolte. D’autres sources de biomasse disponibles localement sont également à l’étude, pour être utilisée demain comme ‘sourcing’ additionnel à la bagasse et à la paille. »

L’ensemble de la production d’électricité de Terragen – qui avoisine les 430 GWh – est destiné au marché local. La centrale permet ainsi au CEB d’approvisionner environ 50 000 foyers mauriciens par an, et ce de manière continue toute l’année, de jour comme de nuit. En cette période exceptionnelle, pendant laquelle le pays ne peut se permettre toute coupure de courant qui affecterait immédiatement le bon fonctionnement des hôpitaux, cliniques, supermarchés, chambres froides, serveurs informatiques, etc., les équipes de Terragen « prennent très à cœur leur mission de subvenir à ces besoins essentiels », dit le responsable.

Jean Marc Iweins souligne aussi que la centrale affiche un « excellent taux de disponibilité technique de 92,7% ». Le professionnalisme des équipes, la qualité technique du matériel et l’attention particulière aux normes de qualité ont rendu ce niveau de performance réalisable, année après année, depuis 20 ans. Les équipements de production sont entretenus en permanence et avec le plus grand soin. « Des investissements substantiels ont été réalisés lors de sa construction, mais également au fil des années, pour son entretien. Ce qui nous permet aujourd’hui d’avoir une centrale à la moitié de sa durée de vie en parfait état de marche, et qui est donc capable de fournir un bon service dans des conditions compétitives pendant encore quelques décennies », dit-il.

Et, depuis le « lockdown » dans le pays, la centrale continue ses opérations en prenant bien entendu toutes les mesures sanitaires pour assurer la sécurité de ses collaborateurs. Jean Marc Iweins  affirme qu’on « cherche à limiter au minimum le nombre de personnes présentes sur le site pour réduire le risque de contagion », ajoutant qu’une « bonne partie des effectifs de Terragen intervient  sur une base rotative ». Trois employés sont ainsi constamment présents sur site pour tenir la conduite des tranches de production d’électricité, avec en soutien la journée du personnel de la maintenance, du nettoyage, du traitement des eaux, et des sous-traitants indispensables, tels que la livraison de charbon, la gestion des cendres et la sureté de l’usine.

Dans le contexte de la pandémie, les responsables de Terragen sont pleinement conscients de la double pression qui pèse sur leurs épaules en tant que service essentiel. Il est en effet indispensable de pouvoir continuer l’exploitation de la centrale pour subvenir aux besoins en électricité des services publics et de la population, et cela tout en protégeant les employés. « Cela fait peser sur mes épaules une charge supplémentaire, mais j’ai la chance d’être entouré de collaborateurs dévoués et compétents, ce qui me permet de faire face à la situation avec confiance », dit le responsable de la centrale. Du point de vue de la sécurité du personnel, les mesures suivantes sont prises : distanciation sociale permanente sur toutes les zones de travail, réorganisation des pauses thé/déjeuner et des temps de vestiaire pour éviter toute proximité du personnel entre eux, distribution de masques et de solutions hydro-alcooliques, et rappel régulier des bonnes pratiques sanitaires et de la conduite à tenir pour éviter toute contamination…

Le « lockdown » a cependant occasionné certaines contraintes et Terragen a dû s’y accommoder. Par exemple, lorsque l’Afrique du Sud a annoncé la fermeture du port de Richards Bay, où elle s’approvisionne en charbon, « nous avons demandé, avec l’aide des autorités mauriciennes, une dispense exceptionnelle pour nos deux prochains navires puissent être chargés à partir du stock au port ». Et parallèlement, « nous avons pris la décision avec nos partenaires de commander une cargaison de charbon en provenance d’Indonésie ».

Terragen fait partie des Independent Power Producers (IPP) qui fournissent une part importante de l’électricité du pays « dans des conditions souvent très compétitives et avec une bonne fiabilité technique », précise le responsable de Terragen, ajoutant que cela n’est possible que grâce à la collaboration « exemplaire » développée avec le CEB. « Au même titre qu’il faudrait en ces temps difficiles rendre hommage à notre personnel, il serait injuste de ne pas saluer le professionnalisme et le dévouement de celui du CEB », souligne Jean Marc Iweins.  Mais que se passerait-il si un jour Terragen n’était plus en mesure de fournir de l’électricité de base ? « Il faudrait alors trouver un autre moyen de production d’électricité de base. Cela serait plus coûteux pour le CEB et le pays, et cela se ferait entièrement à partir de combustible fossile », poursuit le Power Plant Manager.

Invité à commenter l’état des négociations sur le prochain contrat IPP avec le gouvernement, il explique que Terragen a proposé au CEB de reconduire le contrat existant pour une durée de 20 ans. « Cette durée nous est indispensable pour investir et porter notre part des énergies renouvelables de 27 à 40%. Le contexte actuel ne se prête malheureusement pas à la tenue de discussions approfondies sur le sujet, chacun ayant de grosses priorités à gérer. Il faudra reprendre ces discussions à tête reposée une fois qu’on sera sorti de la crise, en espérant que ce soit le plus vite possible. »

Dans le futur, l’objectif de Terragen n’est pas d’accroître sa capacité de production, mais plutôt d’augmenter la part des renouvelables dans celle-ci, soutient Jean Marc Iweins. Comment ? « En faisant appel au photovoltaïque, en installant un sécheur à bagasse et en augmentant les quantités de paille de canne traitées », dit encore notre interlocuteur.

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