Emancipation des genres : des femmes fortes pour diriger des entreprises modernes et inclusives

Sangeetha Ramkelawon (BCP Bank) : « Nous ne sommes pas là pour remplir un quota, mais pour montrer nos compétences »

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L’inclusion des femmes au sein des conseils d’administration est un défi majeur pour le secteur privé, et relève d’un principe démocratique essentiel favorisant l’égalité, la diversité et l’éthique. Les études ont démontré que lorsque la parité est respectée aux hauts postes décisionnels, les organisations et entreprises sont nettement plus performantes. Il faut donc pousser le changement pour qu’il se mette en place dans la réalité et que l’inclusion ne reste pas qu’un vœu pieux.

Les temps changent, et les femmes n’ont plus peur de s’affirmer dans le milieu des affaires. La timidité et les complexes d’infériorité d’il y a quelques années sont désormais révolues, et les femmes se manifestent de plus en plus exprimant leur volonté d’intégrer les conseils d’administration et faire entendre leur voix pour participer au développement économique, au même titre que leurs homologues masculins.
Le Mauritius Institute of Directors (MIoD) est l’un des acteurs majeurs à avoir adopté une posture claire sur la question, et il multiplie les initiatives depuis ces dernières années pour « ouvrir » les Boards des entités du privé à l’inclusion. Un défi de taille, mais porteur d’opportunités pour toutes les femmes professionnelles et capables de ce pays.
Sheila Ujoodha, CEO du MIoD, soutient que le changement est en marche : « avec 35% de femmes parmi les 1 607 membres du MIoD, nous ne nous contentons pas de parler de changement, nous le réalisons. » Elle intervenait lors d’une conférence organisée par le MIoD et l’Institute of Directors Kenya (IoD) sur le thème Women in Leadersip with Grace and Grit.
Elle a d’ailleurs salué le partenariat entre les deux institutions, symbole d’un engagement commun à renforcer la diversité du leadership. « La diversité et l’inclusion font partie de nos principales priorités. Ces dernières années, nous avons pris des mesures significatives pour renforcer le leadership des femmes, en particulier par le biais de notre Women Directors Forum et notre programme Path to Boardroom », fait-elle comprendre.
La Women Leadership Academy du MIoD, élément clé de cette initiative, a préparé avec succès 185 femmes à apporter leurs connaissances et leur expertise au sein des conseils d’administration. En outre, le service Board Recruitment du MIoD aide les sociétés cotées en Bourse à atteindre l’objectif de 25% de représentation féminine sur leurs conseils d’administration.

« Do not go there for money »

Dr Mary Kimulu, Immediate Ambassador du Kenya pour l’Unesco, fait partie de ces femmes fortes du Kenya ayant su tracer sa voie sur les conseils d’administration, notamment sur une base volontaire, précise-t-elle. Du haut de ses 74 ans, cette Experienced Board Member , notamment sur une base volontaire, dit-elle, donne moult conseils aux femmes aspirant à siéger sur un board, conseils qui pourraient également s’appliquer à la gent masculine… « Siéger sur un board, c’est un choix pour contribuer à la société et à l’économie. Do not go there for money and do not abuse any money you have been given. Do not do extra meetings and trips just to get allowances, this is not lady-like », lâche-t-elle.

Le Dr Kimulu conseille de bien se renseigner sur l’entreprise avant d’accepter un poste d’administratrice, de voir si celle-ci applique des principes de bonne gouvernance et si les valeurs et principes s’alignent sur les vôtres. Elle demande aussi de s’assurer que la famille est d’accord, car siéger sur un Board requiert beaucoup de temps et d’énergie. « Lorsque vous accédez à un Board, posez des questions si vous ne comprenez pas. Don’t just be a flower! Be prepared, listen, be punctual, respect everybody, read all papers, show deep interest in your mission. Don’t talk to your neighbor or look at your phone, and take decisions based on your own judgement. Be one of those who asks sensible questions. Soyez professionnelle et adoptez une conduite éthique à tout moment. »

Celestine Aoko Otieno, administratrice d’IoD Kenya, a aussi partagé son vécu en tant que Board Member, faisant comprendre qu’à ses débuts, on se moquait d’elle. « Mais vous devez rester forte ! » Elle souligne que « la manière dont vous vous présentez et agissez détermine la façon dont on va vous traiter ». Toutefois certains comportements masculins sont assez déplorables : « Parfois, ils ont déjà parlé du contenu du board meeting la veille, lors d’une sortie entre hommes pour boire un verre ou sur un parcours de golf ! Et le lendemain, vous réalisez cela lors du board meeting, lorsque tous les hommes sont d’accord sur une décision quelconque. Malgré tout, persévérez, posez vos questions et ne dites pas oui à tout ! Lisez tous les documents disponibles pour ne pas poser de question bête et soyez vigilantes… They can make or break you as a director. »
Celestine Aoko Otieno évoque aussi l’engagement personnel de tout un chacun : « Apprenez constamment, notamment sur l’ESG, et if you are not willing to give back, don’t sit on a board. Cela nécessite beaucoup d’énergie et de compétences, soyez prêtes ! Et au final, si vous apprenez à vous faire respecter, on viendra vous chercher pour siéger sur les boards. »

« Rien s’est servi sur un plateau »

Sangeetha Ramkelawon, Deputy Chief Executive Officer (CEO) de la BCP Bank Mauritius, a également exposé ses tips. L’apprentissage continu et le développement personnel sont des atouts majeurs, dit-elle. « Peu importe son objectif comme leader ou board member, notre vision doit s’aligner sur la vision de l’organisation que l’on sert », prévient-elle. Elle dit ne pas croire pas dans le concept de Glass Ceiling, préférant dire que « nous sommes compétentes, nous devons nous faire entendre et nous devons nous engager, car rien n’est servi sur un plateau ». Elle poursuit : « sortez de votre zone de confort et familiarisez-vous à tous les aspects qui affectent la vie de votre compagnie. On n’est pas là pour remplir un quota, mais pour montrer nos compétences. »
Sangeetha Ramkelawon a eu la chance d’avoir plusieurs mentors pendant sa carrière qui lui ont appris à faire valoir ses opinions. « Dont stay quiet, bang on the table… If the table breaks, there is another table. It is not a rosy journey », conseille-t-elle.
L’important est de multiplier et pérenniser les efforts et les actions, de continuer à s’améliorer et d’accepter ce qu’elle appelle l’instructive feedback. Enfin, elle estime qu’il ne faut pas oublier d’aider les autres femmes dans leur évolution sur l’échelle professionnelle.

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