ENQUÊTE JUDICIAIRE – KISTNEN SOOPRAMANIEN : Motion pour une descente sur les lieux du crime à Telfair

Une douzaine de témoins en cour de Moka ce matin pour le début des auditions, présidées par la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath

L’enquête judiciaire sur les circonstances suspectes du décès de l’agent du MSM Kistnen Soopramanien, présidée par la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath, de la cour de Moka, a débuté ce matin. Suite à une motion de Me Sanjeev Teeluckdharry, la magistrate Mungroo-Jugurnath devra décider au sujet d’une éventuelle descente sur les lieux du crime, à Telfair. D’autre part, une douzaine de personnes seront appelées à la barre pour déposer, dont des enquêteurs de la Major Crime Investigation Team (MCIT) et l’épouse de la victime, Simla Soopramanien. Par contre, le représentant du Parquet, Me Azam Neerooa, n’a pas proposé le nom du ministre du Commerce Yogida Sawmynaden, bien que ce dernier ait été cité dans la déposition de Koomadha Sawmynaden comme étant en mesure d’aider la cour à faire la lumière sur ce drame survenu le vendredi 16 octobre dans un champ de cannes à Telfair, Moka.
La famille Soopramanien est représentée par les avocats Sanjeev Teeluckdharry et Anoup Goodary, avec, pour Leading Counsel, Me Rama Valayden. C’est la Woman Police Constable Gookhan, du Scene Of Crime Office, qui a été appelée à la barre en premier. Elle avait en effet pris les photos du périmètre et de la dépouille de Kistnen Soopramanien dans un champ de cannes à Telfair le 18 octobre.
Interrogée par Me Neerooa, la policière a expliqué que des cannes brûlées se trouvaient autour de la dépouille. « Il y avait aussi une paire de ciseaux et des papiers brûlés à côté du corps », dit-elle.
Me Teeluckdharry devait alors déposer une motion demandant à la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath de visiter les lieux où la dépouille a été découverte. L’avocat a aussi demandé que le Parquet leur remette des copies des photos prises par la police, ainsi que les rapports du Forensic Science Laboratory (FSL), de l’autopsie et les Scientific Reports. Me Neerooa a objecté en soutenant qu’il soumettra tous ces documents « en temps et lieu ».
C’est le 18 octobre que le corps calciné de Kistnen Soopramanien (52 ans) avait été retrouvé dans un champ de cannes à Telfair, alors qu’il était porté disparu depuis deux jours. La police criminelle de Moka avait initialement privilégié la thèse d’un suicide, alors que l’autopsie a attribué le décès à un œdème pulmonaire. Or, les proches de la victime, dont son épouse Simla, ont fait état de l’intention de Kistnen Soopramanien de déballer aux autorités compétentes des « magouilles » autour des appels d’offres pour l’achat de “test kits” et d’un contrat de nettoyage alloué par la State Trading Corporation de l’ordre de Rs 330 M. L’offre de la compagnie de Kistnen Soopramanien avait été rejetée en faveur d’une entreprise d’un proche de Jonathan Ramasawmy, directeur de la STC.
Son épouse a déclaré que sa compagnie n’était utilisée que « pour la galerie » afin de montrer qu’il y aurait plusieurs “bidders” qui ont participé à l’appel d’offres et que le contrat a été attribué au “lowest bidder”. D’autant plus que le quinquagénaire, grand agent du MSM de Moka/Quartier Militaire (No 8), avait même adressé un e-mail au ministre du Commerce, Yogida Sawmynaden, en avril, lui demandant les “technical details” concernant les “test kits”.
Koomadha Sawmynaden, frère du ministre du Commerce, a apporté plus de précisions sur cette affaire en confirmant des messages que lui a envoyés Kistnen Soopramanien. Il avance que Kistnen Soopramanien savait que sa compagnie n’allait pas décrocher le contrat, mais qu’en contrepartie, il s’attendait à ce que la compagnie remportant le contrat lui sous-contracte une partie des travaux. Entre-temps, les créanciers de Kistnen Soopramanien, dont Koomadha Sawmynaden, lui réclamaient leur argent. C’est alors que le quinquagénaire a confié ses déboires au frère du ministre du Commerce et lui a signifié son intention de faire des révélations sur le réseau derrière l’allocation de ces contrats à l’Independent Commission Against Corruption (ICAC).
Koomadha Sawmynaden a déclaré à la MCIT que le jour de sa disparition, Kistnen Soopramanien devait rencontrer un dénommé R. Ce dernier, se présentant comme un intermédiaire des Top Guns impliqués dans les contrats, devait lui remettre de l’argent et lui faire une proposition pour le dissuader d’aller à l’ICAC. Sauf que Kistnen Soopramanien n’a plus donné signe de vie après. Son corps a été retrouvé dans un champ de cannes à environ 200 mètres des habitations. Il ne portait pas de chaussures, alors que les caméras de la Safe City des alentours n’ont pas aidé les enquêteurs. Cependant, la MCIT a appris que le garde du corps d’une VVIP a été aperçu dans les alentours du champ quelques jours après la découverte macabre.
Lorsque Koomadha Sawmynaden avait raconté son histoire à la police de l’Eastern Division, personne n’avait pris son “statement”. De leur côté, les proches du quinquagénaire ne croient pas à la thèse du suicide et soutiennent que Kistnen Soopramanien n’avait montré aucun signe qu’il était dépressif ou qu’il avait l’intention de mettre fin à ses jours.
Par ailleurs, Me Rama Valayden, l’avocat de la famille Soopramanien, a fait état d’un possible détournement de salaire de la part du ministre Yogida Sawmynaden. L’avocat avance que le ministre du Commerce s’est acquitté des contributions au National Pension Fund pour Simla Soopramanien, qui serait son Constituency Clerk. Sauf que cette dernière n’a jamais encaissé les Rs 15 000 mensuellement pour ce poste, qu’elle a dit ne pas occuper.

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Avant le début de l’audition de la WPC Gookhan, Me Sanjeev Teeluckdharry a demandé « un peu plus de temps » avant que débute l’enquête judiciaire, en justifiant qu’il faut attendre que l’enquête policière soit complétée. Le Parquet lui a rétorqué que « l’enquête policière est indépendante de l’enquête judiciaire ».
Me Rama Valayden s’est présenté en cour de Moka un peu plus tard, avant de demander un « full disclosure of information » sur l’enquête de la MCIT. Selon lui, « it’s a hyper sensitive case ! ». Et de dire « ne pas comprendre » pour quelle raison il y a un “rush” pour aller de l’avant avec cette enquête judiciaire. « There is political ramification in this case where an innocent has died. »

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