Accueil Actualités Magazine Entre Jaffa et Jérusalem, un riche patrimoine

Entre Jaffa et Jérusalem, un riche patrimoine

0
Entre Jaffa et Jérusalem, un riche patrimoine

Des centaines de milliers de personnes du monde entier affluent tout au long de l’année en Terre Sainte. Une grande majorité y va pour se plonger dans les origines de leur foi et d’autres, en simples touristes. Parmi eux se trouvent des Mauriciens, lesquels s’y rendent de plus en plus en pèlerinage.

Un voyage récent en Terre Sainte, organisé par Atom Travel Service, conduit à la découverte d’une riche histoire multimillénaire. De l’ancienne ville de Tel Aviv-Jaffa à Jérusalem, nous avons été séduits par un très riche patrimoine religieux, culturel et architectural. Un héritage soigneusement et savamment préservé se mêlant à d’admirables sites naturels. Un beau voyage dans le temps …

Partis de Maurice un lundi soir et après plus de 15 heures passées en vol et dans les salles d’attente de deux aéroports, nous atterrissons à Tel Aviv le lendemain matin. Le temps est relativement beau à notre arrivée, voire ensoleillé. « Nous avons eu de la pluie pendant plusieurs jours. Mais aujourd’hui, il fait vraiment beau… Vous avez emmené du soleil de votre pays avec vous ! » nous dit la guide touristique.

Un compliment qui ravit et met à l’aise en cette terre inconnue. Mais il fait froid. Une température de 12°C à 18°C à laquelle nous ne sommes pas familiers, mais qui n’aura toutefois pas réussi à freiner notre élan. D’autant que notre visite s’échelonnait sur quatre jours, couvrant les étapes habituelles que les pèlerins parcourent d’ordinaire en 15 à 18 jours.

Carole Chen, la jeune directrice d’Atom Travel, nous avait prévenus que nous aurions des journées très “speed” afin de voir le maximum de ces endroits qui attirent un million de visiteurs par an. Nous nous sommes lancés avec enthousiasme dans un programme très étoffé au départ, et auquel les organisateurs ont ajouté quelques bonnes surprises.

L’abondance d’informations fournies par la guide Margaretta – intarissable sur les détails de l’histoire de son pays – a permis une meilleure compréhension des lieux visités et de quelques enjeux sensibles. La problématique de l’eau, qui est revenue souvent dans les explications sur tel ou tel site, ne nous a pas échappé.

De l’aéroport de Tel Aviv, on entame immédiatement le programme de la visite en mettant le cap sur Jaffa, une ancienne ville magnifiquement restaurée. Une pause à la terrasse du Basma Coffee, situé sur la Place Saint Pierre, nous offre un premier contact avec les habitants. On nous propose de goûter au “Sahlab”, un genre de milk-shake à l’israélienne. On nous sert dans une grande tasse une boisson chaude un peu épaisse et très sucrée, à base de lait et comprenant de la maïzena, de la cannelle, des pistaches et des morceaux de noix de coco.

La Place Saint Pierre et les ruelles piétonnes, tout autour, sont agréables à parcourir. Ensuite, la promenade tout au long du quai de l’Old Jaffa Port (un des plus vieux ports au monde) est incontournable pour le touriste. « Le vieux port est utilisé aujourd’hui par les pêcheurs artisanaux », indique Marguaritta.

Blessés de la vie

Mais on croise aussi dans ce beau décor de carte postale quelques blessés de la vie, hommes et femmes d’un âge avancé, pensifs face à la mer et visiblement solidaires entre eux. Ils se partagent de la nourriture. Et dans l’après-midi de ce premier jour, on est plongé dans les vestiges de Césarée, la ville antique romaine construite par Hérode le Grand entre 10 et 22 av. J.-C. On fait face à un impressionnant site archéologique, où d’importants travaux de préservation sont d’ailleurs en cours. Il fait déjà sombre lorsque nous arrivons à Haïfa, ville côtière située au nord d’Israël, et nous terminons cette première journée avec un panorama sur les beaux Jardins de Bahaï avec, au centre, un mausolée.

Dans les autres régions parcourues les jours suivants, c’est le même émerveillement devant les superbes vues panoramiques et les sites anciens. Les édifices religieux et autres bâtiments publics en pierres sont habillés d’un beau mélange de beige, d’ocre et de couleur sable. Cela aussi reste en mémoire.

Avouons-le, avant de prendre l’avion, nous nourrissions beaucoup d’interrogations, couplées à une certaine appréhension, en raison de l’instabilité politique dans la région. Et pourtant, pendant quatre jours, nous aurons parcouru des centaines de kilomètres en car en toute sérénité – allant jusqu’aux frontières d’Israël avec plusieurs pays. Un sentiment de sécurité que nous avons même ressenti en déambulant dans les rues et les souks. Les « bonjours » lancés sur un ton amical par des militaires croisés dans certains endroits clés ainsi que quelques mots échangés avec des jeunes faisant leur service militaire rencontrés à Qumran rassurent les visiteurs qu’ils sont les bienvenus sur ce territoire, pourtant profondément marqué par les conflits. Nous nous sommes ainsi mélangés dans une foule conséquente dans les souks du Vieux Jérusalem à l’heure de la sortie de la prière du vendredi.

Entre les récits historiques des lieux que nous entendons, nous adressons de temps en temps des questions sur la vie des habitants à nos accompagnateurs, que ce soit sur le pouvoir d’achat, le logement, l’éducation, l’emploi, la place de la femme dans la vie active, ainsi que sur d’autres sujets d’actualité.

Impossible non plus de faire abstraction du gigantesque mur de séparation entre Israël et la Palestine dans ces échanges forts enrichissants, d’autant que nous l’avons vu de très près ! « On préfère des ponts de dialogue plutôt que ce mur de séparation », nous confient-ils, tout en reconnaissant qu’il peut y avoir « quelques cas isolés de tension ». « Cela reste minime dans la vie courante », précisent nos interlocuteurs.

En fait, la réalité de ce mur, couverte de caricatures – tantôt exprimant une certaine colère, tantôt empreinte de vérité – jure avec un quotidien plus rassurant : musulmans, chrétiens et juifs arrivent à se rencontrer dans la vie ordinaire.

Jérusalem : la rencontre des religions
En temps de carême, les chrétiens sont nombreux à prendre la route du pèlerinage en Terre Sainte. Selon la foi chrétienne, c’est la région où est né et a vécu Jésus. Depuis plusieurs semaines, un grand groupe de Mauriciens se prépare pour y aller passer une « Spéciale Semaine Sainte » (semaine précédant la célébration de la Pâques), un voyage proposé par Atom Travel.

Il y a, selon le constat de Caroline Chen, un « désir grandissant » chez de nombreux Mauriciens pour visiter cette région, d’où l’organisation de plusieurs voyages au cours de cette année mais en y incluant, souligne-t-elle, une « touche différente à chaque fois » afin de « répondre aux souhaits de tous les Mauriciens ». C’est ainsi que l’agence propose, dit-elle, une « combinaison Jordanie-Terre Sainte », prévue durant la première semaine d’avril.
Malgré la basse saison touristique, on constate une petite affluence de pèlerins sur les différents lieux de Terre Sainte lors de notre passage, fin janvier.

Pour notre part, le volet religieux de notre visite s’est ouvert sur la ville de Nazareth, située au nord d’Israël. Il s’agit, selon les chrétiens, de la ville où ont vécu Joseph et Marie, les parents de Jésus, mais c’est aussi le lieu aussi de son enfance. La guide nous dirige vers la Basilique de l’Annonciation, construite sur une grotte identifiée comme ayant été une partie de la maison de la Vierge Marie. C’est l’endroit même où l’archange Gabriel serait apparu à Marie pour lui annoncer qu’elle portait l’enfant Jésus, d’où le nom donné à l’église.

Nous continuons ensuite le parcours qu’empruntent généralement les pèlerins, avec une succession d’arrêts aux endroits considérés comme les plus importants : le village de Cana (où Jésus aurait changé l’eau en vin); le Lac de Tibériade ou Lac de Génézareth (ou Jésus a marché sur les eaux); Capharnaüm (l’ancien village de Saint-Pierre, avec les ruines de sa maison et de la synagogue); Tabgha (lieu du miracle de la multiplication des pains); le lieu de baptême de Jésus dans le Jourdain; Qumran (site archéologique où ont été retrouvés les manuscrits de la mer Morte); la ville de Jéricho, ou Jésus a fait deux miracles; la Basilique de la Nativité ainsi que le Champ et la Grotte des Bergers, à Bethléem.

Mais l’étape phare demeure la vieille ville de Jérusalem. Les chrétiens y accordent une importance particulière car c’est le lieu de la mort du Christ et de sa résurrection. Une ville chargée de symbolisme de par la rencontre de trois religions monothéistes, à savoir le christianisme, le judaïsme et l’islam. Ainsi, pour les juifs, Jérusalem est le lieu où fut bâti le Temple de Jérusalem. Pour les chrétiens, c’est dans cette ville que se sont déroulés plusieurs événements majeurs de la vie de Jésus tandis que, pour les musulmans, le vieux Jérusalem héberge l’esplanade des Mosquées, accueillant deux hauts lieux de l’islam (après La Mecque et Médine), notamment le Dôme du Rocher et la mosquée Al-Aqsa.
« Il y a quatre quartiers à l’intérieur de la vieille ville », ajoute notre guide au sujet de Jérusalem. « Il y en a un pour les chrétiens, un pour les juifs, un pour les musulmans ainsi qu’un quartier arménien. »

La Vieille Ville est ceinturée par un mur remarquable comprenant huit portes, par lesquelles on accède. Au cours de notre trajet, on aperçoit quelques habitants hâtant le pas pour traverser la Porte de Damas, située entre les quartiers chrétiens et musulmans et placée sous étroite surveillance policière.

Nous nous rendons sur des lieux célèbres de Jérusalem, et souvent cités dans les médias internationaux : l’église du Saint Sépulcre (où se trouve le tombeau du Christ); le Mur des Lamentations; la mosquée Al-Aqsa; le Dôme du Rocher; le Jardin des Oliviers (où Jésus passa sa dernière nuit); et le Mont des Oliviers, qui surplombe la Vieille Ville.

Outre la tournée des monuments religieux, la baignade dans la mer Morte, la promenade dans la réserve naturelle de Banyas, avec ses chutes d’eau, et le parcours en téléphérique pour rejoindre le Mont de la Tentation nous ont beaucoup plu. D’après la tradition chrétienne, c’est sur cette montagne que Jésus fut tenté par le diable. On y trouve aujourd’hui le monastère de la Quarantaine, gardé par des moines orthodoxes. Du haut de la montagne, la vue est splendide. De loin, on aperçoit, assis sur un des flancs, quelqu’un en profonde méditation. Nous faisant nous demander : mais comment est-il arrivé là ?

Église de la Sépulture

Longue attente des pèlerins pour le tombeau du Christ

Selon la tradition chrétienne, le Saint-Sépulcre est le lieu du tombeau de Jésus, signifiant un passage hautement symbolique et obligé pour les pèlerins en visite à Jérusalem. L’église serait construite sur la grotte dans laquelle le Christ aurait été déposé avant sa résurrection.

L’entrée de l’église du Saint-Sepulcre est plus animée avec les mouvements des visiteurs, qui se jouent des coudes pour y avoir accès. L’intérieur de l’église est plutôt sombre. Le tombeau se trouve précisément dans un édicule (une petite chapelle) à l’intérieur de l’église et la file d’attente pour y accéder est très longue. Les pèlerins, venus du monde entier, patiemment attendent leur tour. Le visiteur passe d’abord par une petite salle avant d’avoir accès au tombeau. Pas plus de trois visiteurs dans l’édicule en raison de l’espace très restreint. Devant l’afflux de personnes, le temps de passage est très réglementé et, après trois minutes, le jeune prêtre orthodoxe qui garde les lieux presse le pèlerin de se retirer.