ENTREPRISE—ZED’S CYBER LOUNGE CAFÉ: Une Start-up qui cherche sa voie dans la douleur

« Opérer un cybercafé n’est pas un business où l’on gagne des millions, mais nous arrivons à sortir la tête hors de l’eau après près de deux ans de dur labeur », déclarent Ziyaad Issack et Aznah Joomun, qui ont ouvert un cybercafé rue St-Denis, à Port-Louis. Ce couple ne cesse de revenir sur les difficultés qu’ont les PME, surtout les Start-up, à décoller sans aucune aide de l’État. « Les “schemes” des PME, nous n’en avons pas vraiment bénéficiés », lancent-ils. Pourtant, « nous pouvons créer quelques emplois, en plus des nôtres ».
Les cybercafés ne marchent pas très fort à Maurice. Il y a quelques années encore, on en comptait un maximum d’une trentaine à travers le pays. Mais, petit à petit, la plupart d’entre eux ont cessé leurs activités. C’est devant une telle situation « catastrophique » pour les cybercafés que Ziyaad Issack et Aznah Joomun ont décidé de se lancer dans ce business après avoir observé que le secteur manquait de “LAN night”, où un groupe de “gamers” réservent le cybercafé pour eux-mêmes afin de pouvoir jouer pendant toute la nuit. « Ma première motivation en ouvrant ce cybercafé était de pouvoir offrir cette “LAN night” aux joueurs, vu que moi aussi j’étais joueur », explique Ziyaad Issack.
Le couple a donc ouvert ce cybercafé, baptisé Zed’s Cyber Lounge Café, en investissant ses économies, en attendant de pouvoir obtenir de l’aide du gouvernement sous les divers “schemes” qu’il propose aux PME qui, rappelons-le, sont appelées « à créer le deuxième miracle économique ». Selon lui, tout s’est bien passé au niveau de la mairie de Port-Louis pour ce qui est des permis. Cependant, le problème majeur est venu du côté du financement. « Nous sommes allés voir différentes autorités, dont le MBGS Start-Up Entrepreneur Scheme (SES), où mon projet a été accepté. On devait bénéficier d’une allocation de Rs 20 000 par mois pendant un an. C’était très intéressant pour nous et ça nous a motivés. On a signé le contrat mais, trois mois plus tard, on nous a dit que nous n’étions pas éligibles. Finalement, notre plan est tombé à l’eau et nous étions sur le point de fermer boutique. D’autant que certaines autorités nous ont dit changer de projet », souligne notre interlocuteur, qui rappelle les nombreuses promesses faites aux entrepreneurs potentiels, de budget en budget, depuis des années. Coincés et découragés, il n’était pas prêt à tout laisser tomber sans essayer, même si certaines personnes l’interpellaient en lui lançant : « Ouvrir un cybercafé n’est pas un business. Pe al mor sa ! »
Ziyaad Issack et Aznah Joomun ont choisi de s’installer rue St-Denis, à Port-Louis, car le coût du loyer, disent-ils, « est trop exorbitant pour notre petite bourse » du côté du centre-ville, où ils auraient certes obtenu un plus grand nombre de clients. N’empêche que les autres frais sont aussi chers, à l’exemple de l’électricité, qui vient ponctionner environ 25% des recettes mensuelles du cybercafé. « Avec un tel tarif, le gouvernement n’est pas vraiment en train d’aider les PME. »
Au niveau de la clientèle, le Zed’s Cyber Lounge Café attire beaucoup de jeunes et des étudiants, mais aussi des adultes, qui y viennent pour jouer ou faire des recherches en ligne. « D’autres viennent pour notre service de photocopie, de scanning et d’impression. » Selon eux, les clients ne viennent pas tous les jours au cybercafé « mais ils viennent quand même, même s’ils ont un ordinateur chez eux ». Que viennent-ils alors chercher ? « Ils viennent pour jouer et s’éclater entre amis. Le “fun” n’est pas pareil à la maison. J’en sais quelque chose car moi-même, j’étais un joueur passionné », ajoute Ziyaad Issack.
Jusqu’ici tout marche assez bien pour eux. Mais lorsque viendra l’heure de renouveler leur équipement, « dans deux ans environ », disent-ils, ils devront faire face à la dure réalité de trouver les fonds nécessaires pour le financement. Ziyaad Issack peut en témoigner : « La vie d’un entrepreneur est très difficile car il faut lutter pour survivre. » Si les PME pouvaient bénéficier de réelles facilités, estime-t-il, « chacun d’entre nous aurait pu créer son propre job, recruter deux ou trois personnes ». Il ajoute : « J’aurais moi-même aimé recruter un ou deux employés, mais je ne peux pas. » Pour Ziyaad Issack et Aznah Joomun, 2016 sera une année déterminante pour l’avenir de leur commerce. Ils sauront alors s’ils continueront d’opérer ou s’ils mettront la clé sous la porte.

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