ENVIRONNEMENT | Klima Neutral 2050 – L’urgence climatique au cœur des affaires

  • Le MCBGroup annonce un « Stop » au charbon, avec la fermeture du guichet de financement de projets liés à ce combustible à compter de 2022

Après Success Beyond Numbers dans le cadre de la stratégie de développement durable, lancée fin 2018 et face à l’urgence climatique, le Groupe MCB mise sur la force de l’innovation et des initiatives collectives pour faire avancer Maurice vers la neutralité climatique, dans la lignée des accords de Paris. Ce matin, se tient au Caudan Arts Centre la conférence Klima, sous l’égide du GroupMCB. Une des décisions majeures envisagées dans le cadre de cette initiative en vue de contribuer à faire de Maurice le laboratoire de l’économie climatique, la plus importante banque commerciale de Maurice et un des Major Players de la région, est qu’après un moratoire de deux ans, soit après 2022, cette banque n’assurera plus de financement de projets liés au charbon.

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En prélude à la conférence Klima, hier après-midi, le Chief Executive Officer du MCBGroup, Pierre Guy Noël, met en perspective le changement climatique au cœur du monde des affaires. « La MCB s’est engagée, depuis 2018, dans un programme ambitieux de développement durable construit autour de trois piliers stratégiques : le soutien à l’économie locale, la préservation et la valorisation du patrimoine culturel et environnemental, et l’investissement dans le bien-être individuel et collectif. Après la publication en 2019 du rapport Lokal is Beautiful, redéfinissant les contours et opportunités de l’économie locale, nous avons cette année voulu mettre l’accent sur la crise climatique, avec Klima Neutral 2050. Ce rapport propose un éclairage nouveau sur la neutralité carbone de notre île ainsi que de premières pistes d’action et de mobilisation pour y parvenir, avec l’ensemble des acteurs économiques, sociaux et politiques de notre pays. Il constitue une première contribution de la MCB à la prise de conscience collective nécessaire pour faire de Maurice un territoire plus résilient et, mieux encore, le laboratoire mondial de la nouvelle économie climatique. »

Le défi climatique prend une dimension particulière à Maurice, puisque les dernières études placent Maurice au 13e rang des pays les plus vulnérables aux effets négatifs du changement climatique. « Ce qui veut dire que l’économie devra, très rapidement, apprendre à s’adapter au changement climatique, pour augmenter sa résilience aux phénomènes extrêmes. Le MCBGroup est également pleinement conscient que les contraintes climatiques constituent aussi une formidable opportunité pour repenser les modèles économiques et de développement du pays », fait-on comprendre.

En vue de mieux appréhender toute la problématique des effets du changement climatique sur le quotidien, le MCBGroup a commandité auprès du cabinet Utopies, spécialiste du développement durable, une étude sur la problématique du climat et l’empreinte carbone de Maurice avec les principaux enseignements du rapport Klima Neutral 2050, présentés officiellement ce matin. Il met notamment en lumière l’impact et le rôle des différents secteurs de l’économie sur notre empreinte carbone, ainsi que les leviers concrets dont les entreprises disposent pour réduire leurs émissions de CO2.

Face à la presse, hier après-midi, le CEO du MCBGroup a annoncé que le groupe bancaire cessera de financer les projets locaux liés au charbon à partir de 2022, et ce dans un souci de participer activement à la réduction de l’utilisation des énergies fossiles dans le pays. « Maurice est très dépendante du charbon; il y a des centrales fonctionnant au charbon et actuellement un grand débat sur le charbon. C’est vrai que le charbon existera toujours, mais au niveau du groupe MCB, nous avons pris l’engagement à échéance de 2022 de ne plus participer au financement de projets locaux liés au charbon ou à base de charbon », déclare-t-il. Et de préciser : « Par contre, nous aiderons nos clients dans cette phase de transition énergétique. » 

D’où cette initiative forte de la banque de dire ‘stop’ au charbon, qui s’insère dans une série de mesures déjà lancée ou in the pipeline, confirmant l’engagement du groupe bancaire à apporter sa contribution concrète contre les effets néfastes du changement climatique et à la protection de l’environnement du pays. Interrogé sur le rôle du gouvernement par rapport au charbon, Pierre-Guy Noël a déclaré en substance que « il y aura des choix politiques à faire, notamment sur le charbon. On va le remplacer par quoi ? » Par ailleurs, le Chief Executive de MCB Group a ajouté que la banque ne financera plus, non plus, le commerce du charbon à l’échelle régionale, notamment sur le continent africain. Un axe dans lequel il a injecté USD 100 millions en 2019.

Expliquant la démarche du groupe, Pierre-Guy Noël met l’accent sur l’urgence de la situation dans laquelle se trouve actuellement la planète : « Nous avons voulu faire une étude et établir des pistes pour améliorer la situation à Maurice. Le challenge auquel le pays fait face est conséquent mais en même temps, le défi climatique va créer beaucoup d’opportunités pour les entreprises. » Il a souligné que cela fait plusieurs années que le groupe MCB a commencé à travailler à la réduction de sa propre consommation énergétique, tout en se lançant dans l’achat de véhicules électriques. Mais cela ne suffit pas. « Nous allons réduire davantage notre consommation énergétique et nous allons construire des bâtiments moins énergivores. Rome ne s’est pas fait en un jour. Cette période de transition va durer un certain temps. Mais plus nous tardons à agir plus nos efforts devront être conséquents. Au niveau de la MCB, nous avons déjà acheté des crédits carbone et nous mesurons notre consommation. Nous allons être encore plus efficaces sur le plan de l’énergie », explique-t-il.

 Parmi les autres mesures visant à protéger l’environnement, les responsables du groupe ont évoqué une ligne de crédit de Rs 1 milliard « pour favoriser la transition carbone » et annoncé que le groupe viendra de l’avant prochainement avec des plans de financement destinés aux individus, destinés à encourager l’acquisition d’équipements moins polluants.

Commentant les engagements de la MCB sur le plan du changement climatique, Pierre-Guy Noël fait ressortir « les challenges posés par le changement climatique sont colossaux. Il est clair que nous n’y arriverons pas seuls. Nous voulons fédérer tous les acteurs économiques, ainsi que la population dans son ensemble sur l’urgence climatique. En prenant ces mesures, nous souhaitons provoquer une réaction en chaîne visant à atténuer les effets du changement climatique sur l’environnement, afin de ne pas mettre en péril l’avenir des générations futures ».

Et Pierre-Guy Noël de conclure : « Le changement climatique est bien réel. On considère que le défi du climat comme étant le plus grand challenge actuel et  Maurice est, selon les derniers rapports, le 13e pays au monde le plus exposé aux conséquences du changement climatique. Tout le monde doit s’y mettre car il  est essentiel de commencer à lutter contre ce phénomène, surtout pour un pays touristique comme le nôtre. »


Pierre-Guy Noël : « Maurice doit avoir
un plan pour réduire le poids du charbon »

Sur quels projets liés au charbon êtes-vous engagés actuellement ?

Nous sommes impliqués dans toutes les centrales à charbon. Toute l’industrie sucrière utilise de la bagasse et du charbon. La bagasse est une énergie verte, mais le charbon pas trop…L’idée est de voir comment nous pouvons augmenter la part de bagasse et diminuer celle du charbon, ou substituer le charbon par autre chose.

C’est un réel parti pris du groupe de se désengager complètement du charbon à compter de 2022. Diriez-vous que le charbon n’est pas bon pour le pays ?

Le charbon est aujourd’hui l’énergie fossile qui dégage le plus de carbone. Cela ne veut pas dire que ce n’est pas bon pour Maurice. Sans charbon, il n’y aurait pas d’électricité dans le pays. Mais il faut une transition vers des énergies plus propres. Maurice doit mettre en place un plan qui favorise la diminution du poids du charbon. Mais abandonner le charbon ce ne sera pas pour tout de suite, peut-être dans une échéance de 50 ans. Ça ne pourra certainement pas se faire du jour au lendemain. Et puis c’est aussi une question de coûts parce qu’il y a des solutions autres que le charbon, mais pas au même prix.


Les constats de l’étude Klima Neutral 2050

Pour garder le changement climatique dans des limites maîtrisables, à l’horizon 2050 les émissions de CO2 liées aux activités humaines devront être réduites à un niveau inférieur à ce qui peut être absorbé par des « puits de carbone » naturels (océans, forêts, sols…) ou par des procédés technologiques. C’est ce que l’on appelle la « neutralité carbone ».

En vue de contribuer à cet effort planétaire, Maurice n’a d’autre choix que de diviser les émissions territoriales actuelles par 2,8. Il y a urgence, car du fait de la croissance économique, si rien n’est fait d’ici 2050, cet effort de réduction devra très probablement être relevé à un facteur de 5,6.


Les actions préconisées

Concrètement, les entreprises et les pouvoirs publics de Maurice doivent relever trois défis afin d’atteindre la neutralité carbone :

– Réduire l’intensité énergétique de l’économie

Le travail sur l’intensité énergétique de l’économie va permettre une moindre consommation d’énergie primaire pour une production économique équivalente. Si l’on souhaite diviser par deux l’intensité énergétique à l’horizon 2050 à Maurice, il faudra miser sur la sobriété énergétique, mais également réduire les distances du transport international et développer l’économie circulaire.

– Décarboner l’énergie

Une réduction drastique – d’environ 80% – la part du charbon et du pétrole dans le mix énergétique. Le potentiel en énergies renouvelables de Maurice est à la hauteur de ce défi : solaire photovoltaïque et thermique, biomasse, mais également éolien (terrestre et offshore) et énergies marines, offre des perspectives considérables, imposant toutefois une décentralisation du système énergétique

-Développer massivement les puits de carbone

Il existe différents procédés pour absorber et stocker les émissions de CO2 résiduelles : les puits de carbone « naturels » sont les plus connus (par exemple les mangroves sous nos latitudes), mais la recherche avance également pour déployer à grande échelle des technologies industrielles d’absorption du CO2.


Les engagements du MCBGroup

Au-delà de cette contribution aux réflexions des acteurs nationaux, la conférence Klima représente aussi l’occasion pour la MCB d’annoncer sa nouvelle et ambitieuse stratégie Climat, autour de deux grands axes, soit contribuer à faire de Maurice le laboratoire de la nouvelle économie climatique et être un acteur financier responsable et fédérateur.

Soutenant que la modification en profondeur des modes de production et de consommation à Maurice nécessitera la mobilisation de fonds conséquents, le MCBGroup lancera dès cette année, soit 2020 un programme de crédits verts, à hauteur de Rs 1 milliard par an sur 3 ans à destination de ses clients Corporate en vue de financer les projets de transformation bas carbone pour les secteurs de la nouvelle économie climatique. 

Des offres de financement avantageuses seront disponibles pour les particuliers en vue de l’achat de services ou d’équipements bas carbone (véhicules électriques et équipements associés, panneaux photovoltaïques…). En marge, le MCBGroup prévoit la mise en place d’une plateforme de compensation, Klima Neutral, permettant dès demain à ses clients Corporate d’estimer et de compenser leurs émissions de gaz à effet de serre par le financement de projets de transition énergétique et de puits de carbone dans la région et à l’international.

Le MCBGroup caresse l’ambition d’atteindre la neutralité carbone dans son fonctionnement, y compris de son pôle bancaire, dès début 2020, par une stratégie de mesures, de réduction et de compensation de ses émissions, dont l’acquisition de véhicules hybrides ou électriques pour le renouvellement de sa flotte de véhicules professionnels la formation des collaborateurs de la banque aux problématiques liées à l’empreinte carbone des pratiques numériques et aux éco-gestes digitaux et le recours aux panneaux photovoltaïques pour une production d’électricité décarbonée dans un maximum de ses agences.

Dès l’année prochaine, le MCBGroup s’engage à mettre en œuvre un processus interne d’évaluation systématique du risque climat de toute opération de financement, et une évaluation complète du risque climat de notre portefeuille un reporting transparent sur l’exposition de l’ensemble du portefeuille de financements et d’investissements de MCB Ltd sur la période 2021-2040, de dédier une enveloppe d’environ cinq millions d’euros investie dans un fonds d’investissement à impact, qui devrait nous permettre de compenser près d’un million de tonnes de CO2, en soutenant des projets communautaires bas carbone.

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