EXPOSITION À L’ICAIO : Pieter Hugo, la photographie pour dilater le temps

L’AUTEUR : La photographie, Pieter Hugo (né à Johannesburg en 1976) l’a apprise avec son père, ingénieur et artiste, qui lui offre un appareil pour ses douze ans. “Ça m’a donné une excuse pour regarder le monde. Avant, je voulais regarder, mais je n’en avais pas le courage “, confie-t-il. Voilà pour l’anecdote. Adulte, Pieter Hugo fait du photojournalisme avant de s’engager dans un travail d’auteur. L’instant saisi, volé ici et là, l’urgence, ne lui conviennent pas. C’est dans la durée ou continuité qu’il instaure ses travaux. The Institute of Contemporary Art Indian Ocean (51, rue Sir Seewoosagur Ramgoolam, Port-Louis, Maurice) vous invite à l’exposition “Portraits” de Pieter Hugo à partir du 8 décembre et jusqu’à mars 2016. Pieter Hugo est un photographe blanc qui a porté son regard d’auteur sur le Rwanda, ensuite le Nigeria. Il s’intéresse aujourd’hui à l’Afrique du Sud, sa terre natale.
Pieter est un photographe reconnu dans le monde entier. Parmi les distinctions qu’il a obtenues : le Prix “Découverte des Rencontres d’Arles” en 2008. Ses portraits au contraste appuyé révèlent des regards perdus, insistants ou narquois, des situations improbables en Afrique, l’atmosphère particulière de ces lieux tout à la fois pleins de vie et solitaires. Ses cadrages, sa vision emphatique, la distance juste, tout concourt à faire de ses portraits des témoignages forts en émotion. “Regarder son pays avec un oeil critique, c’est se regarder soi-même et regarder son prochain. C’est ressentir le poids de l’histoire …”. Pieter Hugo choisit des lieux et des sujets qu’il connaît bien. Sur fond lisse, on y voit des portraits d’hommes et de femmes, noirs ou blancs, le regard intense et émouvant. Certains reflètent la misère, d’autres s’affichent comme des riches, avec leurs costumes élégants. On voit aussi un portrait de sa femme enceinte. Mieux : Pieter Hugo est photographié nu et tatoué, avec son bébé sur le ventre.
Pieter montre que l’Afrique du Sud porte encore les séquelles de l’apartheid. Les photos de ghettos côtoient ceux de lieux résidentiels, avec piscines et jardins. On voit aussi des intérieurs de maisons délabrées et des zones minières abandonnées. Alternant intérieur et extérieur, lieux publics et privés, Hugo se focalise sur la disparité croissante entre riches et pauvres, et montre que la population blanche s’appauvrit alors qu’une bourgeoisie noire commence émerger. La question qui se pose : comment trouver sa place dans cette société complexe où les traces marquent la vie collective.

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