EXPOSITION DE MARS : L’humour, l’inconnu et la diversité des matériaux

Deux tableaux dans l’exposition de Jean-Claude Baissac alignent une multitude de signes et symboles particulièrement graphiques, chacun étant bien rangé dans un quadrillage de petites cases carrées, sur un fond terre de Sienne. Affichant ces symboles inspirés des traditions du continent africain, le peintre panache de plus en plus ses références symboliques avec des signes inspirés par l’Inde et l’océan Indien, comme le montre par exemple son hommage à Gandhi ou L’oiseau échiquier, qui reprennent des motifs emblématiques de la peinture rupestre indienne.
Et puis, nous retrouvons ses petits palmiers en forme de trident ou de couronne des rois, ses poissons et autres oiseaux, qui semblent dessinés d’un trait comme une signature. Ses petits personnages stylisés comme ses symboles prennent vie de manière parfois amusante, parfois ironique. L’humour est souvent présent quand le peintre n’explore pas l’inconnu et l’étrangeté. À y regarder de plus près, ces symboles, qui semblent procéder d’un geste continu tracé dans le prolongement du souffle, s’affirment aussi dans les travaux en noir et blanc. Ils tendent alors soit vers l’abstraction par un effet de répétition et de simplification automatique (Régates, Koy 3, etc), soit vers un symbolisme archétypique personnel (Iguane vaudoo, Deux tourtereaux…).
Ces motifs, qui semblent être partie prenante de réflexes ou d’une gestuelle devenue naturelle, presque inconsciente, apparaissent parfois là où on ne les attend pas comme ce petit morceau de « régate » qui ouvre une fenêtre particulière dans un de ces quadrillages réalisés en hommage à Gauguin. Si le vocabulaire et le style connaissent quelques variantes, cette exposition frappe aussi par la diversité des supports et matériaux, avec l’usage du papier mâché tant pour la sculpture que pour deux petits tableaux, l’acrylique sur papier ou sur toile, le noir et blanc, etc.
Comme beaucoup de ses homologues africains, le peintre aime inclure dans ses tableaux des textes qu’il écrit lui-même, des citations. Le propos est énigmatique et suggestif à la fois : « Je suis dans l’immortel le socle du passé » ou encore « Je suis la voix qui calcifie le son. » Ces mots accompagnent d’étranges cercles tubulaires partiellement estompés qui pourraient être d’acier. Un bateau suggère le voyage. « Il y a des matins verts, plus ou moins malmenés qui ne sont ni ombres ni lumières et qui ne riment à rien » accompagnant encore ces cercles estompés noirs ou verts, et des masses informes. « Bien entendu, comme tout dans l’imaginaire, le son s’effrite et se particularise. Comme une grande panoplie, une fresque qui envoûte et dissimule… »
Le peintre est aussi poète et son galériste envisage de publier prochainement un recueil illustré de ses textes.

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