Face aux critiques de plus en plus virulentes : Le PM parviendra-t-il à sauver son mandat ?

DIPLAL MAROAM

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La décision du DPP de faire appel du jugement de la Cour intermédiaire rendu le 3 août, acquittant les 3 policiers accusés de « torture by public official », leur accordant le bénéfice du doute, est tout à fait salutaire. Dix points sont avancés dont un faisant même état de « overwhelming circumstancial evidence » pouvant établir une inculpation « beyond reasonable doubt ». Mais au-delà de cette décision tant attendue, la problématique qui émerge en filigrane demeure la sempiternelle question de la brutalité policière, qui continue, malgré tout, à hanter les forces de l’ordre. En effet, sur les méthodes employées par la police lors de la phase d’enquête pour garantir une condamnation devant la justice, les paroles et les écrits sont nombreux. Des études ont été effectuées, des rapports soumis et même des enquêteurs pointés du doigt. Mais, au final, nous nous trouvons toujours à la case départ.

Il convient de reconnaître que dans un système pénal accusatoire comme le nôtre, seule une supervision du travail des services d’enquête par une autorité indépendante peut à même d’améliorer la qualité des investigations et remédier aux carences soulevées lors des procès tout en prenant en considération les droits fondamentaux des citoyens prévus par la Constitution. Le système actuel mérite, par conséquent, une profonde restructuration et dans le but de restaurer la confiance des citoyens dans une institution si vitale pour la paix et le progrès, l’introduction du système de Juge d’instruction est devenue indispensable. Mais existe-t-il réellement une volonté de réforme non seulement au niveau de la police mais également ailleurs ? Le statu quo constitue, paraît-il, la voie de la facilité par excellence car impliquant moins de risques qui pourraient s’avérer hasardeux sur le plan électoral.

Par ailleurs, dans l’affaire Wakashio, l’on note avec stupeur que c’est le capitaine du navire qui avait alerté les garde-côtes du naufrage alors que ce sont ces derniers qui auraient dû prévenir l’équipage du danger qu’il encourt. Et, impassible, le PM, de par la teneur de sa réponse à l’Assemblée nationale, semble se complaire aux explications du NCG alors que la responsabilité fondamentale de cette unité implique forcément un contrôle rigoureux 24 sur 24 de nos côtes et le déclenchement des opérations promptes et adéquates contre toute tentative d’intrusion dans notre zone de contrôle. Aujourd’hui, la question qui taraude bien des esprits : pourquoi personne n’a songé à restaurer le fonctionnement du Coastal Surveillance Radar System défectueux du Sud-Est de l’île tombé en panne en janvier dernier ? Même le ministre français des Outre-Mer, Sébastien Lecornu, n’a pas manqué d’égratigner notre système de surveillance maritime à La Réunion le 16 août. Et il va sans dire que tous ces manquements et actes de négligence pourraient déprécier notre demande de réclamations ultérieurement.

Il est temps de sortir des sentiers battus et mener une véritable perestroïka de nos principales institutions. Trop de laxisme et de laisser-aller ne peuvent que nuire à l’administration du pays et éventuellement à la qualité de vie de la population. Le Safe City Project, par exemple, qui a englouti des milliards de roupies et est vanté comme un projet phare du domaine de la sécurité routière et de law and order, est-il déjà en service ? Combien de caméras sont opérationnelles ? Et qu’en est-il du milieu carcéral et des postes de police ? Si, dans la gestion de la pandémie de COVID-19, comprenant les procédures d’achat de médicaments et d’équipements en période de crise, le pouvoir peut se targuer de n’avoir rien ou presque à se reprocher et d’avoir pu contenir la propagation de l’infection, par rapport au naufrage du vraquier panaméen, l’image de nos dirigeants a pris un sale coup, au niveau local comme international. Jeter le blâme sur l’opposition, les médias incluant la BBC, ne mènera nulle part. Le gouvernement doit essentiellement faire son mea culpa. Certes, en quatre ans, le PM a amplement le temps de se ressaisir et changer son fusil d’épaule, mais face aux critiques de plus en plus acerbes et une opposition unie et virulente car n’ayant jamais pu digérer sa défaite de novembre dernier, parviendra-t-il finalement à redresser la barque et sauver son mandat ?

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