Femme au Parlement — Rama Sithanen : « Étendre le Best Loser System au genre »

Le spécialiste en matière électorale et ancien ministre des Finances, Rama Sithanen, suggère qu’un Best Loser System peut être appliqué au genre dans le court terme si la volonté de pallier le déficit démocratique lié au nombre de femmes, siégeant au Parlement est sérieusement prise en considération par les leaders politiques en vue des prochaines législatives. Il intervenait au symposium organisé par Gender Links et la Gender Equality Foundation en collaboration avec l’Union européenne, sur la question de la parité du genre en politique et au Parlement, samedi, à The Docks.  L’accès aux finances, le langage vulgaire et haineux utilisé en politique, et la violence domestique sont autant d’obstacles que les femmes doivent surmonter lorsqu’elles souhaitent s’engager en politique.

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L’ancien ministre des Finances a émis trois propositions. Outre un système de Best Loser étendu, il propose l’alignement des femmes dans chaque circonscription, à moyen terme et la parité, à long terme.  Pour le Gender Best Loser système, il souligne que c’est très simple : s’il y a moins de 33% de femmes au Parlement après les élections générales, pourquoi ne pas les nommer selon le système de Best Loser, basé sur le genre en même temps que la communauté.

Lors de sa présentation, l’intervenant, avec chiffres à l’appui, a souligné que Maurice a un très faible taux de représentativité féminine au Parlement comparé à d’autres pays et l’évolution a été très lente également. Revenant sur un des obstacles dont les femmes ont à faire face en politique, soit l’accès aux finances, soulevé par Lovania Pertab, de Transparency international, Rama Sithanen a souligné qu’une solution peut être trouvée.

D’après Lovania Pertab, « une fois que la question de financement des partis politiques soit résolue, on aura surmonté cet obstacle » car, elle estime que « l’argent sale pénètre cette sphère ». Rama Sithanen a aussi indiqué que dans les secteurs compétitifs comme ceux de la finance, à l’exception des banques, et le judiciaire, il n’y a aucun souci en ce qui concerne la représentativité féminine.

« Zot pa bloke, sistem marse. Sel plas kot pena kompetisyon, sistem bloke », dit-il. À une question de Suzelle Baptiste, secrétaire du Groupe Réfugiés Chagos, concernant un représentant de la communauté au Parlement, Rama Sithanen a fait ressortir qu’il est possible que cela se fasse mais qu’il ne sera pas nécessairement une femme. L’ex-ministre des Finances précise qu’ « au Parlement, la priorité d’un député est son parti et non la question du genre ». D’où la non-dénonciation des insultes à l’égard des femmes par des députés, et qui a été relevée lors de la séance de samedi.

Suivant l’observation quasi-unanime selon laquelle rien n’a changé en ce qui concerne la parité des genres, en 22 ou 25 ans, Sheila Bunwaree, politicienne et militante universitaire, estime qu’il faut conceptualiser la question différemment et voir comment on peut tirer profit de toutes les organisations du pays et prendre en considération toutes les îles de la république.

Pour elle, il faut que les femmes se mobilisent pour « fight for your rights », et que cela se fasse sans intérêt personnel. Elle constate qu’il y a tellement de « gender issues to be addressed but it is not functional ». Elle poursuit, « c’est un homme qui préside le comité et il ne comprend rien aux questions du genre. On se rencontre rarement. On a un Parliamentary Committee qui ne travaille pas sur les questions comme il est supposé le faire ». Elle ajoute que « lorsque nous arrivons arrive à la Civil society, we are still very divided. »

Johanne Rannoojee, cofondatrice de La Politique expliquée aux jeunes (LPEJ), estime qu’il faut mettre en place un système de Political Literacy, de sorte à éviter le langage haineux et irrespectueux qui répugne souvent les femmes à se joindre à la politique. Celles-ci sont également bloquées pour des raisons familiales ou encore par peur de mettre en jeu leur carrière. « Il est inacceptable qu’elles aient toujours à veiller par-dessus leurs épaules », dit-elle.

L’ex-Directeur des Poursuites Publiques, Satyajit Boolell, souligne qu’il y a une dichotomie entre ces deux questions. « D’une part, nous souhaitons créer des opportunités individuelles et d’autre part, qu’il ait plus de femmes dans les institutions », trouve-t-il. Or, poursuit-il, cela est irréconciliable.

« Par contre, nous pouvons travailler les deux en même temps », concède Satyajit Boolell, qui met en exergue qu’il y a une autre question qui dépasse cette question du genre : il s’agit de l’accès au Decision-Making Process . Il est difficile de se joindre aux partis politiques qui sont des cercles bien fermés. « Cela s’est fossilisé », déplore-t-il ; « de plus, depuis l’indépendance, il y a une obsession concernant l’ethnicité. Cela nous empêche d’émerger en tant que nation ».

Satyajit Boolell a aussi mis le doigt sur « la violence à l’égard des femmes ». « Il y a trop de violence à l’égard des femmes. Elles sont les plus vulnérables – l’intérieur même du foyer ». Il espère qu’il y aura une réflexion sérieuse sur le sujet « pou a lavenir esey kontenir et eliminn problem la ».

Le symposium était modéré par Roukaya Kasenally et Azhagan Chenganna de l’Université de Maurice. Ont également pris la parole à cette occasion, Anushka Virahsawmy, directrice de Gender Links Mauritius, Mohini Bali, fondatrice de Gender Equality Foundation, Milko Van Gool, représentant de la délégation de l’Union européenne pour Maurice et les Seychelles, Pramila Patten, UN Special Representative to the Secretary-General on Sexual Violence in Conflict et Sheila Bappoo, ancienne ministre. Des jeunes se sont exprimés par le biais d’une vidéo préenregistrée.

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