FESTIVAL: Ça va jazzer !

Le Ernest Wiehe Jazz Festival, 1re édition, fera parler de lui. D’abord, grâce au savant mélange d’une programmation accessible et de la virtuosité importée d’ailleurs. Mais aussi, parce qu’il y a de ces Mauriciens qui ne manquent pas de talent. Escale au Tamarin Hotel où avait lieu hier le concert d’ouverture.
On aurait envie de dire : oui, il y a bien un happening culturel à Maurice. Le Ernest Wiehe Jazz Festival, dont il faudra définitivement se souvenir de l’acronyme EWJF, fera parler de lui. Élans de générosité, audace, souci de proximité — le jazz se fait local, intimiste, accessible.
Le Benoît Sauvé Quartet, qui augurait hier soir en deuxième partie ces trois jours de EWJF, a sublimé par sa dynamique enjouée, les accents cubains, brésiliens. Et une symbiose remarquée entre les membres français — Benoît Sauvé, à la flûte, et Cédric Baud, à la guitare, qui jouent ensemble depuis un moment déjà — et les Mauriciens chargés à la rythmique — Kersley Palmyre à la basse et Jim Bachun à la batterie. Et ce qui impressionne : à la carte, du Pat Metheny, du Petrucciani, du Baud, du Sauvé… saturé à la flûte.
Rien que ça, ça vaut le déplacement. Un Benoît Sauvé — immense par la taille et la virtuosité — déclinant un jeu très proche de la guitare jazz. Coup de coeur donc sur James, de Pat Metheny, interprété par le duo Baud et Sauvé.
La première partie était, quant à elle, assurée par les Mauriciens Olivier David au piano et Norbert Planel aux percussions. Un jazz plus dépouillé, plus allégorique. Beyond a reflection, into a dream compose une envolée narcissique où le piano se réfléchit dans la rythmique : une conversation, un combat, un aller-retour incessant de l’intérieur à l’extérieur du miroir. Et vers quel rêve ? David et Planel, en 60 minutes d’un délire à la Keith Jarrett (comme devait le souligner Cyril Michel, organisateur de l’EWJF), mène à cette déchirure de l’âme, qui paradoxalement, ne se situe ni dans le réel ni dans l’imaginaire réfléchi, mais dans ce juste milieu. Un ailleurs de sérénité plaisante.

EN CONTINU

l'édition du jour