Fête du travail en temps de crise

Pour la deuxième année consécutive, la Fête du travail sera célébrée en plein confinement, et donc dans la discrétion, sans fla-fla ni démonstrations de forces politiques. C’est à travers les médias et les réseaux sociaux que la plupart des partis politiques, aussi bien du gouvernement que de l’opposition, passeront ainsi leurs messages. Il est dommage toutefois que les syndicats, à Maurice et dans le monde, ne puissent célébrer dignement cette fête, que ce soit à travers un rassemblement ou des défilés syndicaux. Pourtant, plus que jamais, depuis la proclamation du 1er mai comme jour férié à Maurice, en 1950, à la suite d’une lutte initiée par Guy Rozemont, les travailleurs de ce pays ont besoin de manifester leur solidarité.

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Jamais, depuis la grande dépression, la famille des travailleurs, dans son ensemble, ne se sera retrouvée dans une telle impasse. Les économistes s’accordent à dire que la pandémie de COVID-19 a bouleversé la vie de l’humanité depuis son apparition. Elle est à l’origine de la plus grave crise depuis, au moins, la Seconde Guerre mondiale. À Maurice, aucun observateur raisonnable ne peut nier que le pays est en pleine crise économique et sociale. La situation des travailleurs en général s’est dégradée comme jamais auparavant depuis l’année dernière.

Les statistiques publiées par Statistics Mauritius en témoignent. Ainsi, le taux de chômage avait déjà atteint le taux de 10,4% depuis décembre dernier et touchait plus de 60 000 personnes, en particulier les jeunes et les femmes. Ce chiffre est conservé, prenant en compte que les entreprises bénéficiaires du Wage Assistance Scheme ne peuvent licencier leur personnel pour le moment. 69% des entreprises indépendantes avaient observé une baisse de 69% de leurs revenus. 76% des ménages éprouvent des difficultés pour satisfaire leurs dépenses mensuelles. 29% de ménages ne peuvent payer leurs factures d’électricité. Autour de 29% ont vu leurs salaires baisser sensiblement. Le pourcentage des ménages qui ont été affectés en raison de la pandémie est estimé à 40%…

Ces chocs sont attribués à la réduction des salaires ou de revenus et aux pertes d’emplois. Voilà dans quelle situation dramatique se trouvent les travailleurs dans le pays. Ces données ne tiennent pas en compte la dépréciation de la roupie, de l’ordre de 11%, face aux principales devises étrangères, avec ses conséquences sur le coût de la vie. Prenant en compte la situation économique nationale, qui a enregistré une décroissance de plus de 15% l’année dernière, nous ne sommes pas encore sortis de l’impasse économique.

C’est pour cette raison qu’à l’occasion de ce 1er mai, nos pensées vont à tous ceux qui ont perdu leur emploi et qui ont vu leur qualité de vie basculer du jour au lendemain, comme cela a été le cas pour les travailleurs d’Air Mauritius, mais également de beaucoup d’autres entreprises. Il est heureux que le gouvernement ait entendu l’appel de la population, notamment à travers l’opposition au Parlement, pour alléger les factures d’électricité et d’eau, et pour la protection de l’emploi. Mais nous ne sommes pas sortis d’affaire. Raison pour laquelle nous souhaitons que le ministre des Finances, qui se livre actuellement à un exercice de consultations prébudgétaires, ne se laisse pas tenter par le populisme lors de la présentation de son prochain budget, mais qu’il tienne un langage de vérité et présente des mesures susceptibles de donner une « réponse d’urgence plus inclusive, résiliente et efficace pour l’avenir », comme le soulignait cette semaine le Premier ministre.

Aujourd’hui marque le début d’une nouvelle phase qui devrait déboucher sur la fin du confinement et un retour à la normale à la fin du mois. Nous souhaitons que personne ne se laisse aller vers une euphorie trompeuse de “Covid-Safe” et que nous maintenions tous toutes les précautions et barrières sanitaires nécessaires afin d’empêcher tout risque de troisième vague. Mais aussi que les autorités tirent les leçons de la crise sanitaire actuelle et corrigent tous les manquements observés durant cette deuxième vague, en particulier concernant les dialysés et les déficiences au niveau de l’approvisionnement des vaccins et de la campagne de vaccination.

Terminons avec une pensée spéciale pour la population de la Grande péninsule, qui est en pleine recrudescence de l’épidémie, avec des milliers morts chaque jour.

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