FIN DE MANDAT — RÉFORMES ANNONCÉES : entre intentions et réalité…

DIPLAL MAROAM

Après la grande ferveur et l’euphorie unificatrice suscitées par les 10es Jeux des îles de l’océan Indien qui avaient fédéré tout un peuple autour de son équipe et sous la bannière quadricolore, le pays se retrouve ces jours-ci face à la dure réalité de la politique politicaille qui reprend donc ses droits à quelques mois de la fin de la mandature et la tenue des élections générales. Élections qui, selon toute certitude, auront bien lieu cette année ; le décalage des examens du PSAC en est d’ailleurs un indicateur tacite. Déjà, dans les coulisses des partis, les tractations communautaristes vont bon train en vue de la répartition des candidats dans les différentes circonscriptions selon les critères que l’on sait.

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Il est évident qu’ayant, dans le passé, bénéficié d’un système électoral fondé, dans une grande mesure, sur le concept ségrégationniste – concept que prône d’ailleurs la première cédule de la Constitution –, le parti orange a toujours été réfractaire à toute tendance de changement. Certes, deux projets de loi portant sur la réforme électorale et le financement des partis politiques ont été récemment présentés au Parlement par ce gouvernement. Deux projets sur lesquels, en principe, s’accordent pourtant tous les partis de l’opposition et faisant même partie intégrante de tous les manifestes électoraux de ces dernières décennies. N’y manquait cependant que le finetuning pour l’obtention d’une adhésion de trois quarts à l’Assemblée nationale. Car, après 50 ans d’indépendance, il va sans dire que notre système électoral dans sa globalité, comprenant donc le financement des campagnes, le redécoupage des circonscriptions, la redéfinition des pouvoirs de la commission électorale, etc, mérite un profond dépoussiérage afin de l’élever au diapason de l’évolution de notre société. Or, l’absence de consultation, qui était, par conséquent, à l’origine de ce dialogue de sourds entre majorité et opposition intraparlementaire, démontre le sérieux manque de volonté de changement de la part de nos gouvernants, essayant du coup de faire porter le chapeau de l’échec à l’opposition. Ainsi, la déclaration du PM à l’Assemblée nationale le 9 juillet lors de la présentation du Political Financing Bill – « Nous avons respecté notre promesse électorale » – en dit long sur son état d’âme et la prédisposition de son parti eu égard à toute notion de réforme. Or, entre une intention manifeste de changement et sa réalisation et implémentation, il y a loin de la coupe aux lèvres.
D’autre part, parmi les grands projets annoncés en décembre 2014, il n’y a pas que le système électoral qui tombe ainsi à l’eau. Y figurent également la Freedom of Information Act ; la télévision privée et la réorganisation de la MBC ; le 2e miracle économique ; la démocratisation de l’économie ; le sea-food hub, l’eau 24/7 ; la corruption, le copinage et la méritocratie ; la nation zougader ; les terres de l’État ; zéro tolérance à la criminalité ; un law officer dans chaque poste de police ; une nouvelle cour d’appel, etc. Or, une des causes majeures justement qui avait pesé lourd dans la balance de la déroute du régime précédent est bien évidemment le problème de law and order dans le pays. Qu’est-ce qui a changé depuis ?
Certes, la récente nomination de l’extérieur de 24 Cadet Officers au rang de Deputy Assistant Superintendent of Police constitue un pas dans la bonne direction car apportant du sang nouveau au haut échelon d’une hiérarchie sclérosée. Cependant, serait-elle suffisante pour redonner vie à une institution qui a significativement sombré, ces dernières décennies, dans une épouvantable stagnation ? Par ailleurs, même la réforme du système éducatif apportée ces dernières années risque énormément d’être chamboulée dans l’éventualité d’un changement du pouvoir. Le leader des rouges a d’ailleurs déjà annoncé la couleur : le 9-year schooling de même que les académies seront remis à plat et comme ce fut le cas en 2005 lorsque la réforme Obeegadoo fut enterrée, l’ancien système du CPE ferait alors son come-back. Comme quoi, ce n’est pas demain la veille que prendra fin cette abominable pratique consistant à faire des enfants de ce pays les éternels cobayes entre les mains des politiciens.

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