“FINANCIAL STABILITY REPORT” : L’économie reste vulnérable face à l’incertitude prolongée en Europe selon la BoM

La croissance de l’économie mauricienne est restée sujette aux conditions économiques incertaines ayant prévalu dans la zone euro au cours du premier semestre 2013. Un affaiblissement prolongé de la situation en Europe posera par ailleurs des risques à l’avenir aux perspectives de croissance sur le plan local. C’est ce que relève la Banque de Maurice dans la dernière édition du « Financial Stability Report », rendu public hier. Un rapport où les autorités bancaires évoquent leurs inquiétudes face à l’approfondissement du déficit des comptes courants de la balance des paiements et de la hausse des créances douteuses (non performing loans, NPL) au niveau des entreprises de certains secteurs, notamment de la construction et des industries orientées vers l’exportation. « Recently, increases in private sector credit growth in some sectors as well as NPL have raised some concerns », écrit la BoM, qui dit suivre de près l’évolution de la situation, et ce même si le secteur bancaire fait montre de solidité et reste bien capitalisé.
Dans cette 11e édition du Financial Stability Report (FSR), consacrée à une analyse détaillée des développements macrofinanciers – tant sur le plan local qu’international – ainsi que des risques potentiels pesant sur la stabilité de notre système financier, la BoM observe d’emblée que l’économie mauricienne est demeurée vulnérable aux développements économiques chez nos principaux partenaires commerciaux. Malgré le fait que ces pays ont enregistré des taux de croissance plutôt faibles pendant les premiers mois de l’année, Maurice, grâce à des efforts de diversification de ses marchés et la consolidation de nouveaux secteurs économiques, a pu mitiger quelque peu l’impact d’une demande réduite en Europe. Pour le premier trimestre 2013, il est ainsi estimé que la croissance (year-on-year growth) de l’économie mauricienne a été d’environ de 3,7%, par rapport à 3,1% pour le trimestre correspondant de 2012. Les secteurs manufacturier, financier, commercial ainsi que celui des nouvelles technologies de l’information et de la communication apportant la plus grande contribution à cette croissance. Toutefois, Statistics Mauritius a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour 2013, tablant sur un taux de 3,3%. « Looking forward, the main downside risk to domestic growth outlook remains a prolonged downturn in the euro area », estime la BoM.
Pour la banque centrale, il n’y a pas pour le moment de pressions fortes provenant de l’extérieur, même si elle reconnaît que les « chocs exogènes » peuvent avoir un impact sur l’activité économique, les marchés financiers et la politique budgétaire des petites économies, avec des retombées sur leur stabilité financière. Cependant, les autorités bancaires considèrent que le déficit des comptes courants de la balance des paiements a pris une direction inquiétante. Incluant les transactions transfrontalières des sociétés opérant dans le secteur du Global Business (anciennement l’offshore), le déficit est passé de Rs 4,2 milliards au premier trimestre 2012 à Rs 6,99 milliards au premier trimestre 2013. En pourcentage de Produit intérieur brut aux prix du marché, ce déficit représente 8,2%, contre 5,3% au trimestre correspondant de l’année dernière.
Vulnérabilité
« The persistently high current account deficit, which implies reliance on foreign capital flows to finance net payments to non-residents, constitutes an important source of vulnerability for the domestic economy », relève la BoM. Et cette dernière de rappeler que la mission du Fonds monétaire international (FMI), qui était venue à Maurice début 2013 dans le cadre de discussions sous l’Article IV, avait insisté sur la nécessité de réduire le haut niveau du déficit des comptes courants à travers des réformes visant à accroître l’épargne nationale et au renforcement de la compétitivité de l’économie mauricienne.
Arguant que le niveau des réserves nationales est un important indicateur pour jauger la capacité du pays à faire face à des chocs exogènes, la BoM indique que les réserves brutes du pays ont augmenté de 21,2% sur une base annuelle, pour atteindre Rs 105 milliards fin juin 2013, soit l’équivalent de 5,6 mois d’importations.
Passant ensuite en revue la situation concernant la dette extérieure du pays, la BoM note que le montant brut a grimpé de 12,2% en une année pour se situer à Rs 50,5 milliards au 31 mars 2013. Une hausse provoquée essentiellement par des emprunts accrus du gouvernement central et des entreprises publiques. En pourcentage de PIB, la dette extérieure brute est passée de 13,8% à 14,5%, mais les autorités bancaires soutiennent que les indicateurs de solvabilité ne se sont pas détériorés outre mesure. La BoM rapporte que « governement has pursued its efforts fiscal consolidation to improve debt sustainabily ». Le déficit budgétaire, qui était de 1,8% du PIB en 2012, passerait à 2,2% en 2013 dans le sillage de la révision salariale pour le secteur public. On s’attend à ce que le déficit budgétaire soit ramené à 1,7% du PIB en 2014 et 2015. La BoM considère que les dettes intérieure et extérieure sont sur des « sustainable trajectories » et que le pays est en mesure d’atteindre sont objectif d’un taux de la dette de moins de 50% du PIB d’ici 2018.
L’évolution de la situation, concernant les crédits bancaires, nécessite toutefois une plus grande attention, font ressortir les auteurs du FSR. Vu que les prêts et découverts bancaires représentent environ 62% des actifs totaux des banques, le « credit risk is one of the most important factors taken in consideration when assessing risks to financial stability in Mauritius ». D’où le besoin d’une surveillance étroite de l’évolution des crédits bancaires. La BoM fait état de ses inquiétudes quant à l’évolution récente du niveau des crédits alloués au secteur privé. La croissance de ces crédits a été de 13,1% pour la période se terminant fin mars 2013, contre 8,5% une année plus tôt. En poucentage des crédits totaux, la part du secteur privé a atteint 49,8%, alors qu’en pourcentage du PIB, elle est passée à 73,9%.
Créances douteuses
Le ratio des créances douteuses (NPL), en pourcentage des crédits alloués au secteur privé à Maurice, a augmenté de 5,2%, alors que le ratio par rapport aux crédits accordés hors de Maurice a, lui, enregistré une hausse de 1,9%. En général, la part des NPL dans les crédits totaux se situait à 3,3% fin mars 2013. « Although the level of NPL still implies relatively good asset quality in the banking sector as a whole, the rise in NPL over the  year raises some concern and warrants close monitoring », soutient la BoM. Cette dernière constate que les crédits aux ménages pour les besoins de consommation ont augmenté de 17,2% pour la période se terminant fin mars 2013, contre 6% pour la période correspondante de 2012. Les crédits pour la construction de bâtiments résidentiels ont également crû, mais à un taux plus faible (17,1%, contre 23,8% l’année précédente). La BoM note une amélioration dans le niveau des créances douteuses des particuliers.
En revanche, la situation est tout autre concernant le secteur corporatif. La croissance des crédits au secteur touristique a été de 6,7%, contre 4,7% pour l’année se terminant fin mars 2012. Les secteurs financiers (+9,7%) et commercial (+14,9%) ont aussi bénéficié de crédits accrus. Quant au secteur de la construction, l’augmentation rapide (+21%) dans le niveau de ses crédits bancaires a été soutenue. La BoM indique d’ailleurs que c’est ce secteur qui a enregistré la plus forte hausse dans ses créances douteuses. « The level of NPL in this sector requires close monitoring as the credit off-take, amid lacklustre construction activity, may create financial stability concerns », souligne la BoM.
Les autorités bancaires se réjouissent pas ailleurs de la solidité du secteur bancaire qui, en outre, est bien capitalisé. Les profits avant-impôts de l’ensemble des opérateurs du secteur pour les 12 mois se terminant au 31 mars 2013 se sont élevés à Rs 14,3 milliards, contre Rs 16,9 milliards pour l’année précédente. La réduction des profits résulte d’un repli des bénéfices dégagés par les banques étrangères, surtout celles effectuant des opérations dans le secteur du global business. La BoM note aussi avec satisfaction la bonne tenue des opérateurs du secteur non bancaire acceptant des dépôts, ainsi que des compagnies opérant dans le secteur de l’assurance.

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