Frictions dans l’opposition

Le leader du PTr, Navin Ramgoolam, a été mis au pied du mur cette semaine par ses partenaires de l’entente de l’opposition, qui ont donné une conférence de presse pour dire publiquement leur souhait que le leader des Rouges ne se présente pas comme leader d’une éventuelle alliance de l’opposition. Cette annonce a eu pour effet de braquer l’opinion publique sur les dirigeants de l’opposition qui, jusqu’à la marche citoyenne du 13 février dernier, affichaient publiquement une belle solidarité.
Personne, à l’exception de certains initiés, ne pouvait alors se douter que le feu couvait sous les cendres, et que la question avait été évoquée depuis le 27 janvier entre les leaders du PTr, du MMM, du PMSD et de l’opposition. L’attention avait été polarisée vers la constitution d’une force de l’opposition capable d’ébranler la citadelle orange et ses partenaires du pouvoir, et de surcroît son leader, Pravind Jugnauth.
L’arrivée de Nando Bodha avait même été perçue comme l’apport d’un sang nouveau susceptible de donner du tonus à la force de frappe de l’opposition. Sa « philosophie d’une nouvelle île Maurice » a d’ailleurs été accueillie avec enthousiasme par le MMM, sans toutefois se précipiter quant à la fonction que l’intéressé occuperait au sein de l’opposition parlementaire. Jeudi, Paul Bérenger et Xavier-Luc Duval ont tenu à préciser que ce n’est pas sa présence dans l’opposition qui a provoqué leur prise de position par rapport au rôle de Navin Ramgoolam au sein de leur alliance. Il est entendu que le leadership de ce dernier au sein du PTr ne concerne que ce parti.
En affirmant que la balle est désormais dans le camp travailliste concernant l’avenir de l’entente de l’opposition et la constitution éventuelle d’une alliance, XLD et Bérenger ont pris le pari d’exercer une forte pression sur Navin Ramgoolam afin qu’il se prononce sur son avenir.
L’organisation de la marche du 13 septembre aurait-elle agi comme un “eye opener” pour les uns et les autres ? Il est vrai que les trois partis politiques de l’opposition avaient évité d’organiser un rassemblement politique commun. Cela aurait en effet risqué de susciter une épreuve de force concernant la capacité de chaque parti à mobiliser ses partisans. L’idée d’une mobilisation citoyenne a à ce titre été une solution de compromis. La marche, à l’évidence, a d’ailleurs été un succès, et les marcheurs ont manifesté contre la mauvaise gouvernance, la corruption généralisée, les atteintes à la démocratie, la drogue, mais également pour l’unité nationale et un changement fondamental de société.

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Il est vrai que certaines personnes, tout en condamnant les agissements du régime en place, n’ont pas participé à la manifestation afin de ne pas entériner les anciens dirigeants, qui ont également été coupables d’abus de pouvoir. Rezistans ek Alternativ, qui participait à la marche, est d’ailleurs allé jusqu’à réclamer le départ aussi bien du gouvernement que des dirigeants de l’opposition. Il n’y a pas eu non plus de conférence de presse commune des dirigeants de l’entente pour commenter la marche. Ce qui était déjà la manifestation de signes de frictions entre les partis de l’entente.

Cette semaine, les leaders du MMM, du PMSD et du Reform Party, à savoir Paul Bérenger, Xavier-Luc Duval et Roshi Bhadain, ont affirmé qu’outre la volonté de voir partir le gouvernement « au plus vite », la foule a également réclamé un vrai changement. D’où leur décision de trouver un nouveau Premier ministre pour une éventuelle alliance de l’opposition, qui se présenterait comme une alternative au présent gouvernement. Reza Uteem a ainsi affirmé publiquement qu’il fallait « mettre fin au système de dynastie, où le pays est dirigé par deux familles politiques ».

Pour le moment, Navin Ramgoolam fait de la résistance, considérant que le PTr qu’il incarne est incontournable sur l’échiquier politique. « Les zot koze ! », a-t-il lancé, en attendant la réunion de l’exécutif de son parti, où il bénéficie du soutien d’une aile qui, traditionnellement, se méfie de Paul Bérenger, pour des raisons qui leur sont propres. Cette situation permet de détourner l’attention de la crise gouvernementale. Pravind Jugnauth en profite pour remobiliser ses troupes, comme cela a été le cas cette semaine. Il prévoit d’ailleurs deux sorties importantes ce week-end, avec la célébration de la Journée internationale de la femme et le Maha Yaj, organisé par la MSDTF, à Grand-Bassin. L’éventualité d’un remaniement ministériel et d’une “snap election” pour les municipales est évoquée avec insistance.

 

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