Le compte bancaire de la pizzeria Casa Nostra à Tamarin gelé avec le nom du propriétaire confondu avec un autre homme d’affaires
La démarche de la directrice de la Financial Intelligence Unit (FIU), Carine Charlette-Katinic, de solliciter et obtenir le gel des fonds de 24 sociétés, soupçonnées par l’Enforcement Authority de canaliser des fonds en provenance de la Libye et de financer le terrorisme, est source d’embarras régional. En effet, le Premier ministre Pravind Jugnauth est interpellé sur la question par certaines de ces entités.
Dans une correspondance adressée au chef du gouvernement par Regional African Satellite Organization (RASCOM) cette décision de la FIU est fortement déplorée car celle-ci impacterait plusieurs opérations.
« RASCOM is of the view that this freeze will have irreversible effects on its operations and its shareholders and that those allegations are unfounded in fact », soutient le directeur général de RASCOM, Mamadou Sarr. Ce Freezing Order de la FIU est diversement commenté dans les milieux des services financiers avec notamment une erreur administrative qui aurait débouché sur le blocage du compte en banque de la pizzeria Casa Nostra à Tamarin.
Le Freezing Order obtenu par la FIU récemment contre ces 24 sociétés soupçonnées de canaliser des fonds de la dynastie de l’ancien dirigeant libyen, Mouammar el-Khadafi, suscite des remous diplomatiques sur le plan régional. Les autorités ont été appelées formellement à fournir des explications en vue de justifier cette démarche.
Dans une correspondance adressée au Premier ministre, RASCOM avance qu’elle a été créée sous l’égide de l’Union africaine, comprenant 45 pays, dont Maurice, pour mettre en place des projets de communications par satellite et ainsi promouvoir la connectivité rurale en Afrique. Le directeur général de RASCOM Mamadou Sarr soutient que le RSQ a été établi dans le cadre d’un accord Build-Operate-Transfer (BOT) avec RASCOM et qu’en août 2010, l’organisme a lancé avec succès le satellite RQ1R.
« The project was financed by its shareholders namely the Libya Africa Investment Portfolio (LAIP), RASCOM and Thales Alenia Space,together with a consortium of banks led by the African Development Bank », souligne cette société sanctionnée par la FIU .
RASCOM soutient dans sa lettre au PM qu’elle a pris note le 2 mars dernier, que la FIU agissant l’intermédiaire de sa directrice Carine Charlette-Katinic, a demandé et obtenu un Restriction Order de la Cour suprême de Maurice, pour geler les comptes bancaires de RSQ en raison des soupçons que les fonds de cette entité proviennent ou profitent au financement du terrorisme sur le plan international.
« RASCOM is of the view that this freeze will have irreversible effects on its operations and its shareholders and that those allegations are unfounded in fact », fait ressortir l’organisation. Elle dit être sure que le Freezing Order en question est le résultat d’une mauvaise communication ou un malentendu car la source des fonds était clairement établie et Maurice fait partie intégrante de RSQ à travers RASCOM. « Nous comprenons que les Nations Unies ont officiellement communiqué au gouvernement mauricien et ont précisé que RSQ n’était pas concerné par les gels d’avoirs émis sous UNSCR 1971 et UNSCR 1973 concernant les sanctions libyennes », ajoute Mamadou Sarr dans sa correspondance au gouvernement.
RASCOM réclame le soutien du Premier ministre et demande à ce dernier de veiller que les comptes de RSQ soient dégelés pour permettre à cette entité de poursuivre ses opérations dans la réalisation de sa mission et celle de l’Union africaine visant à assurer des services de télécommunications par satellite à l’Afrique.
Par ailleurs, des sources informées dans les milieux du Global Business Sector affirment qu’une erreur monumentale s’est glissée en marge de ce Freezing Order de la FIU notamment concernant l’inclusion de La Casa Nostra Ltd. Avec cet ordre émis par la juge de la Cour suprême siégeant en référé, les comptes bancaires de la pizzeria Casa Nostra à Tamarin sont gelés.
Il semblerait qu’une confusion a eu lieu au sujet de cette entité et aussi le nom d’Eric Imbert, le gérant de cette pizzeria alors qu’une autre personne portant ce même nom, associé avec RASCOM, est visé par la FIU. Une action en Cour suprême par Casa Nostra était envisagée pour contrer cette sanction sous les dispositions sous l’AML/CFT.
L’action légale de la FIU aurait aussi débouché sur des incidences diplomatiques, laisse-t-on entendre dans les milieux avisés. Le Freezing Order pesant sur OLA Holdings est dénoncé car celui-ci a un impact sur le commerce de produits pétroliers, avec OLA Energy gérant une chaîne de stations-service dans différents pays notamment à l’Ile de La Réunion, en France et en Afrique.
L’inclusion de la société indienne, Shapoorji Pallonji, provoque aussi des interrogations. Elle fait partie du Group Holding des compagnies de renom telles que Afcons entre autres. Afcons Infrastructure est la compagnie de construction indienne, qui a décoché l’exécution du plus gros chantier d’Agalega, soit la construction de la piste d’atterrissage et de la jetée.
Parmi les 24 entités sous le coup du Freezing Order de la FIU, certaines seraient aussi Defunct. Au sein du secteur des services financiers, ce gel des comptes est interprété comme un impair commis par la FIU, en essayant d’être plus royaliste que le Conseil de Sécurité des Nations-Unies, qui avait écrit au représentant mauricien à New York pour informer formellement que les entités mauriciennes ne sont soumises à aucune sanction quelle qu’elle soit.
La principale crainte est une délocalisation de ces sociétés de Maurice au profit de Singapour ou encore Dubai.
Affaire à suivre…