God Save the King

L’annonce subite de la mort de la Reine d’Angleterre, Elizabeth II, à peine quelques jours après avoir reçu la nouvelle Premier ministre britannique Liz Truss, a été accueillie avec tristesse par toute une génération de Mauriciens. La reine Elizabeth fait partie du paysage familier de la majorité des familles de Maurice depuis son intronisation, en 1953, jusqu’à l’accession de Maurice au statut de République, en 1992.

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Pendant tout ce temps, Maurice était une monarchie, avec la Reine comme cheffe d’Etat. Dans beaucoup de maisons, la photo ou l’image de la Reine, seule ou en compagnie du Duc d’Édimbourg, occupait une bonne place dans les salons. Dans les institutions scolaires, les élèves ont chanté pratiquement quotidiennement le God save the Queen, que certains connaissent par cœur jusqu’à aujourd’hui. On ne se doutait pas qu’un jour on entendrait God Save the King pour le nouveau roi, Charles III.

On se souvient encore du passage de la Reine Elizabeth et du Duc d’Édimbourg dans le Daimler de SSR, le long de la route royale, à Maurice, de l’aéroport à Port-Louis, en passant par Réduit, alors que les élèves de chaque côté de la route brandissaient l’Union Jack. C’était en 1972. Sa visite avait été accueillie avec ferveur, malgré le fait qu’avec la montée de la gauche, symbolisée alors par le MMM, l’idée qu’il fallait accéder à la République pour être pleinement indépendant commençait à émerger. D’ailleurs, les principaux dirigeants de ce parti étaient en prison. Pendant longtemps, certains journaux avaient fait de la vie de la Reine et des membres de sa famille leur fonds de commerce, tant les Mauriciens se délectaient des chroniques de la famille royale. Il est vrai que cet engouement ou cette curiosité existe toujours jusqu’à aujourd’hui.

Malgré les hauts et les bas, les Mauriciens ont toujours gardé un lien sentimental très fort avec la Grande-Bretagne. En premier lieu, beaucoup de Mauriciens ont des liens familiaux dans ce pays. De la même manière que le Mozambique, Madagascar, la France, l’Inde et la Chine sont des pays de peuplement, la Grande-Bretagne, tout comme l’Australie et le Canada, font partie des terres d’immigration des Mauriciens. Ce sont ces pays que les familles en ayant les moyens choisissent pour l’éducation supérieure de leurs enfants qui, de plus en plus, choisissent de s’y établir pour travailler.

Maurice y dispose d’une importante diaspora. Il n’est donc pas surprenant que l’actuelle haute-commissaire britannique, Charlotte Pierre, soit issue de parents mauriciens, et cela fait plaisir d’apprendre qu’un membre du nouveau gouvernement britannique serait d’origine mauricienne.

Le football britannique fait aussi partie intégrante de l’identité mauricienne, qui se définit souvent par rapport à l’une ou l’autre équipe de Première ligue. Notre système juridique, lui aussi, est largement inspiré de la Common Law et le cordon ombilical est lié au Royaume-Uni à travers le Judicial Committee du Privy Council.

Le contentieux sur les Chagos ne nous empêche pas d’avoir de très bonnes relations économiques, commerciales et culturelles avec la Grande-Bretagne, qui figure parmi les principaux marchés touristiques.

Tenant en compte tout cela, et vu que Maurice fait partie du Commonwealth, présidé jusqu’ici par la Reine Elizabeth, il serait normal que les drapeaux soient en berne à Maurice au moins jusqu’aux funérailles de l’ancienne monarque. Cela aurait démontré notre générosité de cœur.

Deux événements internationaux devraient être pour nous source d’inspiration. En premier lieu, la façon dont le Premier ministre britannique est choisi démontre comment nous sommes encore loin du système westminstérien dont nous nous réclamons. L’élégance avec laquelle Liz Truss a traité ses adversaires, après son élection comme cheffe du parti conservateur et Premier ministre, est exemplaire.

Plus près de nous, au Kenya, un mois après les élections présidentielles, la Cour suprême, appelée à se pencher sur les pétitions de Raila Odinga contestant l’élection de William Ruto, a tranché en faveur de ce dernier. Le Kenya a bien compris que “justice delayed is justice denied”.

 

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