GRAND-SABLE: Un des deux enfants retrouvé calciné sous une pile de vêtements

Les circonstances du violent incendie qui a coûté la vie à deux demi-frères, Thierry Fabien et Benito Colas, deux ans, à Grand-Sable hier, continuent d’être approfondies. À la mi-journée, l’enquête policière, qui est désormais placée sous la supervision du surintendant Devanand Reekoye, qui assure la suppléance comme N° 1 de la Major Crimes Investigation Team (MCIT), n’écartait pas la thèse de l’incendie criminel. Plusieurs raisons expliquent cela, à commencer par les circonstances de la découverte du corps d’une des deux victimes. Pour cause, son petit corps calciné a été retrouvé sous une pile de vêtements brûlés.
Une première question se pose : comment une telle chose est-elle possible ? C’est une des explications que les enquêteurs devront trouver. Selon les recoupements du Mauricien, certaines « incoh?rences » dans la version des faits du père des enfants, Steve Colas (34 ans), sont apparues. Quant à la mère, Marie Danielle Prosper, 41 ans, elle n’a pu être interrogée à la Burns Unit de l’hôpital Candos où elle se trouve actuellement, pour cause d’état dépressif.
Selon les renseignements obtenus à la mi-journée, les enquêteurs, placés sous la supervision du surintendant Reekoye, essayaient toujours d’y voir plus clair. À commencer par les causes de l’incendie, dans la mesure où deux foyers de feu ont été identifiés : la cuisine et la chambre. Selon une source policière, un témoin oculaire aurait laissé entendre que le feu aurait pris en premier dans la cuisine. Pourtant, tout un pan de mur de la cuisine a été retrouvé intact. Tel n’est pas, par contre, le cas de la chambre où se trouvaient les deux victimes, qui a été complètement ravagée par les flammes. En fonction de la position des corps, il a été établi qu’un des enfants se trouvait sur le lit. L’autre corps, par contre, a été retrouvé sous une pile de vêtements calcinés, à côté d’une armoire. Tous ces éléments troublants devront être tirés au clair, de même que les « incohérences » dans la version des faits de Steve Colas, le père des enfants.
Une équipe d’enquêteurs s’est rendue ce matin à la Burns Unit de l’hôpital Victoria, Candos, dans le but d’interroger la mère des enfants. Cependant, les enquêteurs n’ont pas été en mesure de l’interroger, compte tenu de la nature « dépressive » de Marie Danielle Prosper. En attendant de pouvoir consigner sa version des faits, les enquêteurs espèrent qu’un examen approfondi des lieux du sinistre par les membres de l’Electrical Services Division (ESD) leur permettra d’y voir plus clair dans ce qui est, pour le moment, un brouillard à couper au couteau pour ce qui est des causes du feu. Pour le moment, la police est en présence de trois hypothèses : la première serait qu’un des enfants aurait mis accidentellement le feu à la maison en jouant avec des allumettes. La seconde, qu’un néon aurait éclaté des suites d’un court-circuit électrique et la troisième possibilité concernerait une éventuelle explosion d’une bonbonne de gaz. Mais cette troisième hypothèse de la source de l’incendie semble, pour le moment, être la moins plausible.
« Pour le moment, nous ne voulons pas tirer de conclusions hâtives sur ce qui a réellement pu se passer. Nous rassemblons le maximum d’informations afin d’y voir plus clair. À ce stade, nous n’avons ni retenu, ni écarté la thèse de Foul Play », laissait entendre, à la mi-journée, une des figures de proue de l’enquête policière. Selon cette source, la version des faits de la mère de cinq des enfants pourrait être « déterminante » pour les conclusions de l’enquête policière.
Il est à noter que les autopsies pratiquées hier par le Dr Sudesh Kumar Gungadin, Chief Police Medical Officer (CPMO), ont attribué le décès des demi-frères à des extensive burns. Selon les conclusions post mortem, le feu a complètement calciné les corps des deux malheureux.
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Les cinq autres enfants pris en charge par la CDU
Après l’incendie qui a coûté la vie à deux enfants à Grand-Sable, les autorités ont pris des mesures pour protéger les autres enfants de la famille Colas. Dès hier après-midi, la Child Development Unit a pris sous sa responsabilité les cinq enfants âgés de 3 à 9 ans. La conclusion de l’enquête policière est attendue pour décider de leur avenir.
Voir plus clair dans la situation familiale et identifier les vrais parents biologiques des enfants : c’est la rude tâche à laquelle s’est attelée la Family Unit du ministère de l’Égalité des Genres depuis hier. Entre-temps, les cinq enfants de la famille Colas ont été pris en charge par la Child Development Unit (CDU). « Nous avons pens? que c’?tait la meilleure option pour les enfants, ?tant donn? qu’ils n’ont plus de toit, que le papa est sous pression en raison de l’enqu?te polici?re et que la maman est ? l’h?pital », explique la responsable de communication de la ministre Mireille Martin.
Les cinq enfants bénéficieront ainsi d’un soutien psychologique, en attendant que la police et la Family Unit terminent leurs enquêtes respectives. Pour le moment, les officiers du ministère de l’Égalité des Genres sont dans le flou. La famille Colas étant une famille recomposée, il est difficile d’identifier les vrais parents. A ce jour, les officiers se basent sur les témoignages des voisins, en attendant que les parents soient en mesure d’être interrogés.
C’est ainsi qu’hier, après des hésitations, les langues ont commencé à se délier, pour révéler que les victimes de l’incendie étaient deux enfants que Jacques Laval Colas a eus avec sa concubine, Daniella Prosper et la fille de celle-ci, issue d’une première union. Depuis, cette dernière ne vit plus dans la même famille. « Anfin, zot ena boukou problem. Nou inn ed zot kot nou kapav », dit une voisine.
Les habitants de Grand-Sable font aussi ressortir qu’ils avaient déjà alerté le Trust Fund sur les conditions difficiles dans lesquelles vivait la famille Colas. « Ti deza fer demars pou ki zot gagn tol ek dibwa pou refer zot lakaz », relate Rati Ramloll, l’une des premières personnes à porter secours à la famille hier.
De son côté, Anand Bundhun, responsable de la Case Management Unit de la National Empowerment Foundation (NEF) confirme qu’il était déjà au courant de ce cas. « Nous voulions donner priorit? ? l’?ducation des enfants. Depuis la semaine derni?re, des d?marches ont ?t? entreprises avec l’?cole de la localit? pour que les enfants puissent ?tre scolaris?s. Ce matin, nos officiers ont ?t? ? la rencontre du ma?tre d’?cole de nouveau pour s’assurer que tout se passe bien. »
Anand Bundhun affirme qu’une fois l’enquête policière terminée, la NEF fera une évaluation du terrain où se situe la maison incendiée pour savoir si une nouvelle construction peut se faire sur place. « Nous sommes dispos?s ? construire une nouvelle maison sous le programme Emergency Housing (NdlR : structure en b?ton sous t?le et co-financ?e par le secteur priv?), mais il faut savoir si le terrain s’y pr?te. »
Au cas contraire, ce sera au ministère des Terres et du Logement de décider si une nouvelle maison pourra être mise à la disposition de la famille. « La NEF n’a pas de terrain », précise Anand Bundhun.
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SHIRIN AUMEERUDDY-CZIFFRA : « Les autorités auraient dû être au courant de la situation de ces enfants »
L’Ombudsperson for Children, Shirin Aumeeruddy-Cziffra se dit triste qu’une fois de plus, des enfants ont été victimes des flammes. Ce qui l’interpelle particulièrement, c’est le fait que les autorités concernées par de telles situations n’ont rien fait pour protéger les enfants. « Plusieurs minist?res sont concern?s par un tel cas. Je mets l’accent sur celui de l’?galit? des Genres, car il y a un Child Community Protection Programme qui a ?t? institu?. Les officiers auraient d? ?tre au courant des conditions dans lesquelles ces enfants vivaient et prendre les mesures n?cessaires. »
Shirin Aumeeruddy-Cziffra déplore qu’une nouvelle fois, tout le monde se dit choqué après les faits. « Qu’a-t-on fait pour prot?ger ces enfants et que fait-on pour les nombreux autres enfants qui sont dans le m?me cas ? » Elle rappelle que ses rapports successifs parlent de la nécessité pour les différents ministères et autres structures concernées de travailler en partenariat. « Dans ce cas pr?cis, le minist?re de l’?galit? des Genres et celui de l’Int?gration sociale auraient d? travailler en ?troite collaboration. »
L’Ombudsperson souligne que certaines personnes ont attiré son attention sur des cas précis où les enfants vivent dans des conditions difficiles. Elle souhaite que les autorités concernées vont prendre les mesures nécessaires. « Il nous faut prendre ce probl?me ? bras-le-corps et mettre en place une strat?gie qui donne des r?sultats. »

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