Greg Lowden : « Il n’est pas question pour la HSBC de quitter Maurice »

Cette semaine, Le-Mauricien a rencontré Greg Lowden, Chief Executive Officer (CEO) de la HSBC Mauritius, qui occupe ces fonctions depuis juillet dernier. C’est lui qui pilote actuellement la vente de la Retail and Business Banking de la HSBC à Absa Mauritius. Il donne la garantie qu’il n’est pas question que la HSBC quitte Maurice. Toutefois, après cette transaction, la HSBC deviendra entièrement une banque internationale.

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Avant d’occuper son poste actuel, Greg Lowden était directeur adjoint de l’International Subsidary Banking, à Hong Kong, où il dirigeait une équipe qui réalisait la promesse internationale de la HSBC d’ouvrir un champ d’opportunités pour les entreprises clientes basées en dehors de Hong Kong et dans le monde entier. Il s’est joint au groupe HSBC en 2009, dans le cadre de l’International Management Programme, et a occupé plusieurs postes de direction dans les domaines de la Commercial Banking, du financement du commerce, du risque de criminalité financière et des affaires de gouvernance au Royaume-Uni, aux États-Unis et à Hong Kong. Avant de retourner en Asie en 2021, il a passé trois ans à travailler directement pour le président du groupe HSBC.

La Hong Kong and Shanghai Banking Corporation a annoncé la vente de son Retail and Business Banking, soit le Wealth and Personal Banking, à Absa Mauritius. Qu’est-ce qui a motivé cette décision ?
Des recherches ont été faites depuis assez longtemps par la HSBC en tant que banque présente dans de nombreux pays à travers le monde. Il est normal de passer en revue ses activités afin de mieux comprendre sa position dans le marché et de savoir ce qui est le plus approprié dans nos stratégies en tenant compte de l’environnement commercial local. Nous avons effectué une étude pour voir où est ce qu’on pourrait avoir le plus de valeur.

Donc, les opérations à Maurice ont fait l’objet d’un examen. L’objectif était de savoir s’il y a encore des domaines où nous pourrions ajouter de la valeur. C’est le cas pour les grandes entreprises et les clients internationaux.
Toutefois, bien qu’il y ait encore du potentiel dans les opérations de détail et les entreprises et que nous estimons qu’il s’agit d’un domaine dans lequel on peut apporter de la valeur ajoutée, nous avons pris la décision de chercher un acheteur.

Est-ce que vous êtes arrivé à la conclusion qu’il y a trop de concurrents dans les opérations bancaires de détail ?

En tant que banque présente dans le monde entier, nous devons donner une priorité très forte à l’endroit où nous déployons nos capitaux, là où nous déployons nos ressources et en particulier au sein de la banque de détail ou de la banque de patrimoine et des services bancaires à des particuliers.

Au cours des dernières années, nous nous sommes clairement concentrés sur le marché où nous pouvons prendre de l’ampleur et sur d’autres domaines : les produits de gestion de patrimoine, les produits d’investissement et les produits d’assurance. Nous sommes arrivés à la conclusion que l’île Maurice n’est pas un très grand marché parce que la population n’est pas très importante. Ce qui fait que le marché intérieur de la vente au détail est très concurrentiel, nous pensons simplement que nous ne serons pas en mesure d’être une banque de détail extrêmement prospère.

Pourquoi avez-vous choisi Absa plutôt qu’une autre banque, disons la MCB ?
Je ne pense pas que la MCB aurait été qualifiée du point de vue des règlements concernant la concurrence. Nous pensons qu’Absa est une bonne banque et qu’elle a une longue histoire dans ce domaine à Maurice. Ils ont également une orientation internationale. Ils sont très désireux de développer cette partie de leurs activités afin d’être un acteur influent du secteur bancaire et de l’économie mauricienne. Aussi bien pour nos clients que pour nos collègues, nous estimons que c’est une bonne chose sur le plan culturel et en termes d’orientation.

Nous sommes vraiment heureux d’avoir trouvé des acheteurs très désireux de se développer dans ce domaine car ils savent ce que cela signifie. Ils soutiendront tous ces clients fidèles avec le type de produits que nous voudrions et s’occuperont également de nos collègues et leur donneront également l’occasion de grandir et d’apprendre.

Est-ce que ce transfert se fait sans heurt ?
C’est ce qui est en train de se passer. Cela prendra un certain temps. Il y a un plan maintenant, tout reste soumis à l’approbation des autorités réglementaires. Nous devons obtenir l’approbation formelle de la Banque de Maurice. Ils ont participé à certaines des discussions jusqu’à présent. L’objectif est maintenant de conclure la transaction au troisième trimestre de l’année prochaine.

D’ici là, il y a beaucoup de planification détaillée à faire et nous faisons tout notre possible pour nous assurer que tout se passe aussi bien pour le corps des employés et pour les clients. Une fois que tout sera terminé, tous les comptes et tous les programmes doivent se dérouler sur un week-end. Vous pouvez imaginer que cela nécessite beaucoup de préparation autour de la HSBC. Nous bénéficions du soutien de certaines équipes spécialisées concernant les transactions sur d’autres marchés.

Sur quoi la HSBC se concentrera-t-elle maintenant ?
À la HSBC, notre objectif est très clair. Il ne s’agit pas pour nous de quitter l’île Maurice. Nous sommes très déterminés à continuer à soutenir les clients là où nous pensons vraiment pouvoir apporter de la valeur ajoutée. Il y a donc un ensemble d’entreprises locales, en particulier celles qui ont des besoins internationaux.
De plus, nous faisons beaucoup de travail ici pour soutenir les filiales locales des clients de la HSBC basées ailleurs dans le monde. Nous proposons une très large gamme de produits et de services, tels que le financement du commerce, les services de sécurité du marché mondial et les prêts dans différentes devises en roupies ou en dollars. Je pense que l’un des domaines passionnants est celui des finances durables, donc en nous concentrant sur ce domaine en développement ici, en travaillant avec nos clients mauriciens ici et ailleurs et en aidant à développer un secteur financier à Maurice en mettant notre expertise d’ailleurs autour de la HSBC.

La HSBC dispose de plusieurs succursales. Que comptez-vous en faire ?
Nous sommes actuellement bien installés dans nos nouveaux locaux à Ébène. Les succursales continueront à fonctionner normalement pour le moment et seront ici. Après l’achèvement du transfert à Absa, tout notre personnel sera concentré ici.

Donc les locaux qui hébergent ces succursales seront mis en vente ?
Ce sera le cas très probablement.

Comment vous situez-vous dans le cadre du centre financier international à Maurice ?
Le HSBC Wholesale Financial Business dans lequel nous voulons nous concentrer est connecté à plus de 40 pays. À l’issue de la transaction avec Absa, la HSBC sera 100% internationale. Tous nos clients auront un élément international. Pour nous, c’est très important.

Tout au long de notre histoire, nous avons été marqués par le commerce et la connectivité internationale. Ici, une chose très positive est la très forte histoire d’investissement en Inde. Au cours de ces dernières années, bien qu’une partie de cette activité ait diminué, il y a eu beaucoup d’affaires avec l’Inde. Il y a eu une augmentation dans d’autres corridors dans d’autres parties de l’Asie et de plus en plus au Moyen-Orient alors que les relations avec l’Europe et les États-Unis se poursuivent.

Vous aurez, bien entendu, des clients mauriciens ?
Bien sûr que nous voulons être une base pour nos clients qui ont un rayonnement international. Nous fournissons du financement à nos clients pour des projets qui se déroulent dans la région. Nous soutenons également le centre régional de trésorerie et d’autres aspects de la base d’opérations des clients ici et effectuons des paiements pour leurs opérations ailleurs. Ils pourront également travailler avec d’autres bureaux de la HSBC ailleurs, mais nous suivrons nos clients là où ils se trouvent.

Comptez-vous réduire vous vos effectifs à Maurice ?
Tout au long de ce processus de transfert de nos opérations de détail à Absa, notre priorité absolue est le personnel. Il y a eu beaucoup de négociations et de discussions. La majorité du personnel qui travaille dans ce secteur de la vente au détail et des particuliers seront transférés à Absa. Il y a d’autres membres du personnel pour lesquels nous cherchons des opportunités au sein de la HSBC.

Comment peut-on définir la HSBC. S’agit-il d’une banque britannique ?
Nous sommes une banque financière internationale et connectons nos clients à des opportunités dans le monde entier grâce à notre réseau. Nous sommes une institution britannique fondée à Hong Kong et Shanghai à l’époque où Hong Kong était britannique. Notre siège social est à Londres, mais notre maison virtuelle est en Asie.

En ce qui concerne les opérations à Maurice, nous tombons sous la responsabilité de Hong Kong. Nous sommes très fiers d’être ici à Maurice et d’opérer en tant que banque internationale. Nous sommes présents en Afrique du Sud, en Égypte et en Algérie. Nous pouvons aider notre client à réaliser des projets en Afrique et à investir en Afrique via l’île Maurice.

Comptez-vous attirer des investissements à Maurice ?
C’est ce que nous pensons. Il s’agit d’une opportunité vraiment excitante. Nous venons d’aider le MIOD, qui est une section locale de l’Institute of Directors (IoD) UK, à lancer la première édition du sommet ESG à Maurice. Nous travaillons avec le ministre des Finances sur la façon dont l’île Maurice pourrait lever des fonds à l’international pour lever des obligations vertes. Nous pouvons apporter notre aide aux opérateurs mauriciens en finançant des projets énergétiques durables.

Nous travaillons actuellement avec le CEB qui a un plan pour les opérateurs industriels. Nous organiserons prochainement un atelier de travail sur l’ESG, destiné aux compagnies qui se proposent de se lancer dans l’utilisation des énergies durables afin de développer un Framework concernant le financement des projets dans ce domaine.

Une fois que nous aurons acquis l’expérience nécessaire, il sera possible de répliquer l’expérience en Afrique. C’est un domaine auquel le centre financier mauricien devrait accorder une attention particulière, et ce serait tout à son honneur. Les Seychelles ont lancé récemment le Green Bonds. Maurice peut s’engager dans un projet similaire.

« À la HSBC, notre objectif est très clair. Il ne s’agit pas pour nous de quitter Maurice. Nous sommes très déterminés à continuer à soutenir les clients là où nous pensons vraiment pouvoir apporter de la valeur ajoutée. Il y a donc un ensemble d’entreprises locales, en particulier celles qui ont des besoins internationaux »

« Nous sommes une banque financière internationale et connectons nos clients à des opportunités dans le monde entier grâce à notre réseau. Nous sommes une institution britannique fondée à Hong Kong et Shanghai à l’époque où Hong Kong était britannique »

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