GUANDI À TERRE SAINTE : Un rêve devenu réalité

La célébration de Guandi a revêtu cette année une dimension historique et culturelle toute particulière à La Réunion, non seulement pour ceux qui vénèrent ce saint guerrier, mais aussi pour l’ensemble de la communauté sino-réunionnaise… Le 14 août dernier, le président de Guandi de Saint-Pierre, Roland Ah Hot, et ses collaborateurs ont en effet accueilli de nombreux invités et plusieurs délégations étrangères pour la consécration de la nouvelle et vaste pagode Guandi, implantée dans les hauts de Saint-Pierre, à Terre Sainte. La consule générale de la République populaire de Chine ainsi que le président de la région étaient de la cérémonie. L’ouverture au public aurait attiré plus de 3 000 personnes, selon les organisateurs, comme nous le rapporte, Philip Li Ching Hum, qui a fait le déplacement au nom de la Mauritian Writers’ Association.
« Lorsque le rayon du soleil a illuminé la statue du célèbre guerrier Guan Di, à 11h pétantes, le 14 août dernier, la nouvelle pagode était solennellement consacrée, et donc ouverte au public à partir de ce moment ! » Philip Li Ching Hum, qui tient ces propos, était sur place à l’occasion de l’inauguration officielle du temple, qui attirera dorénavant les pratiquants du culte du « saint guerrier », officiellement vénéré comme un dieu depuis la fin du XVIe siècle. Protecteur des armées et de la littérature, Guandi (ou Guan Di ou Guan Yu) fait l’unanimité dans les différents courants cultuels chinois, qu’il soit présenté comme une divinité chinoise ou bouddhiste, un gardien du taoïsme ou de la tradition confucéenne.  
Pendant toute la cérémonie, trois moines taoïstes, spécialement missionnés de Pékin, ont officié au pied de l’impressionnante statue que l’on identifie à sa longue barbe noire et à son vêtement couleur jade. D’autres officiants tenaient des miroirs placés à l’extérieur pour recueillir la lumière de l’astre solaire et la projeter à l’heure prévue, à l’intérieur, sur l’autel… Pour l’occasion, ce nouveau temple, longtemps attendu, rutilait de toutes les nuances carminatives, et la table des offrandes était couverte de victuailles multicolores, symboliques de la générosité des associations sino-réunionnaises et des donateurs individuels qui ont entièrement financé ce projet. Une donation individuelle aurait d’ailleurs atteint les… 800 000 euros !
Cette inauguration est attendue de longue date car la pagode Guandi, construite en 1920 au coeur de Saint-Pierre, était trop à l’étroit dans les petites rues du quartier commerçant. Pour l’heure, selon Philip Li, on ne sait précisément ce que l’ancien édifice deviendra. Désormais, le dieu guerrier épris de justice domine la baie de Saint-Pierre dans sa nouvelle « maison », dont la construction a connu plusieurs arrêts, quand les financements se faisaient attendre. Notre témoin, qui compte quelques parents dans l’île soeur, est admiratif du dynamisme de la communauté sino-réunionnaise : « Nous avons beaucoup à apprendre d’eux, estime-t-il, en termes de solidarité, de travail social et de contribution à la communauté. Ils sont aussi particulièrement respectueux et curieux des cultures ancestrales. »
Environ 3 000 visiteurs
La consécration était filmée et projetée en simultané sur grand écran à l’extérieur du temple pour permettre au public, venu nombreux, de suivre la cérémonie étape par étape. Au son des tambours et des pétarades, les danses du lion et des dragons ont été exécutées « avec une dextérité remarquable », approuve Philip Li. Les artistes ont d’ailleurs dû, pour le défilé, se frayer un chemin dans une foule particulièrement compacte… Les organisateurs ont estimé l’affluence à environ 3 000 personnes ce jour-là ! L’encens parfumait l’atmosphère devant l’entrée du temple, où de grands présentoirs sont prévus, et de plus en plus intensément à l’intérieur, alors que les visiteurs en file indienne y pénétraient, munis de leurs bâtonnets, pour accomplir leurs dévotions…
Selon les informations de Philip Li, le terrain qui accueille cet édifice s’étale sur 14 hectares. « Cette pagode est un gigantesque joyau architectural ! » s’exclame-t-il. « Elle est orientée selon les règles du Feng shui et dans un esprit d’harmonie avec les autres lieux sacrés, elle se situe dans l’alignement de l’église catholique, de la mosquée et du temple de Ravine Blanche. » La pagode ne représente en fait que la première étape d’un projet de plus grande envergure, qui inclura à l’avenir un éventail d’activités en lien avec la culture chinoise (expositions, cours de mandarin, Tai-Chi, etc.).
« C’est un moment important pour la communauté chinoise car c’est le plus grand temple Guandi dans l’océan Indien », a souligné Guo Wei, la consule générale de Chine, basée à Saint-Denis. Aussi a-t-elle exprimé le souhait que La Réunion joue un rôle plus important dans la nouvelle route de la Soie. Plusieurs élus réunionnais ont pris la parole à cette occasion, comme le président de région Didier Robert, le maire de Saint-Pierre Michel Fontaine, celui du Tampon, André Thien Ah Koon, ainsi que la conseillère départementale Béatrice Sigismeau. Cinq délégations se sont déplacées de Chine, et Maurice était représentée par une délégation d’une trentaine de personnes, venues à titre individuel ou aux noms de l’Association mauricienne de Guandi et de la Mauritian Writer’s Association.

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