HADJ 2013 : Pour un système transparent, juste, équitable et conforme à la Charia, selon Farhad Aumeer

Environ 1 600 pèlerins potentiels participeront jeudi à un tirage au sort dans le cadre du Hadj cette année. Les 600 personnes sélectionnées s’ajouteront aux 700 enregistrées l’année dernière et qui sont déjà assurées de l’obtention d’un visa. Le Mauricien a rencontré le président du Centre culturel islamique pour faire le point sur la situation. Farhad Aumeer souligne que le centre a tout fait pour mettre au point un système transparent, juste, équitable et conforme à la Charia à travers le tirage au sort.
À quelques jours de l’exercice du tirage au sort pour choisir les pèlerins pour le Hadj 2013, quelle en est la situation ?
Les préparatifs pour le pèlerinage du Hadj se présentent sous différentes circonstances avec ses spécificités. Chaque année, nous nous devons d’être objectifs vis-à-vis des règlements et contraintes du pays hôte, l’Arabie Saoudite. Cette année, après que le Centre culturel islamique a obtenu le feu vert du ministère de la Culture, nous avons déclenché l’opération dont la première facette est l’enregistrement. Cette opération se fait en respectant le quota de 1 300 pèlerins pour le Hadj alloué à Maurice par l’Arabie Saoudite. Dans le passé, les autorités saoudiennes s’étaient montrées assez flexibles et avaient accédé à nos requêtes en faveur de quotas additionnels. Ce qui permettait d’avoir 500 ou 600 pèlerins de plus. L’année dernière, alors que nous nous attendions à avoir quelque 700 pèlerins supplémentaires, ce qui aurait fait un total de 2 000 pèlerins, nos requêtes n’ont pas abouti. En effet, l’État saoudien s’était engagé dans un processus de réhabilitation de ses établissements hôteliers, entraînant une réduction de sa capacité d’accueil. Cela a eu un effet boule de neige sur l’hébergement, sur la capacité d’accueil à Mina, à Arafat et en Terre sainte et sur le nombre de visas délivrés à tous les pays. L’année dernière, nous nous sommes retrouvés dans une situation cornélienne avec 2 000 personnes, causant ainsi la déception chez 700 personnes. Nous avions pris alors l’engagement que ces 700 personnes seront placées sur la liste prioritaire de cette année. Cette année, l’État saoudien a confirmé auprès du ministre responsable du Hadj, Abu Kasenally, que le quota mauricien a été maintenu à 1 300 — il n’y aura pas de nombre additionnel de pèlerins. Par conséquent, nous ne pourrons délivrer que 600 visas. Cette année, nous avons apporté un changement dans le système d’enregistrement après consultation avec des parties prenantes.
Qu’est-ce qui a changé ?
Dans le passé, les pèlerins potentiels faisaient la queue devant le Centre culturel dans le but d’obtenir une carte leur donnant la priorité selon le système “first come first serve”. Or, certaines failles de ce système ont été soulignées dans la presse ou lors de discussions sur les radios privées. Nous avons nous-mêmes constaté, qu’il favorisait ceux qui étaient en mesure de faire le déplacement physique très tôt le matin en vue d’obtenir leur carte. Ceux qui habitent loin de Port-Louis étaient éliminés automatiquement. De plus, le système de cartes favorisait des fraudes et toutes sortes de transaction avec pour résultat que les plus méritants n’obtenaient pas de carte, le classement numérique n’était pas respecté et que ceux qui ne venaient pas au ICC ne devraient jamais être en mesure d’obtenir une carte.
Les cartes étaient même achetées par certains et d’autres donnaient des noms fictifs pour en obtenir une. Nous avons constaté que certaines personnes, n’ayant jamais fait la queue pour obtenir une carte, font malgré tout le pèlerinage régulièrement. À la lumière de incidents, nous avons mis au point un système plus transparent, plus juste, plus équitable et “charia compliant” qui a fait l’objet d’un communiqué très clair paru dans les journaux. Nous avons indiqué que l’enregistrement se fera sur une période de trois semaines. Je regrette toutefois n’avoir pas indiqué explicitement dans notre communiqué qu’il ne fallait pas faire la queue pour se faire enregistrer. Nous sommes maintenant un pays moyennement développé et il n’est pas acceptable que les personnes se bousculent à 3 h du matin afin d’être en tête de liste. Nous avons décidé que la sélection se fera sur la base de certains critères. Au premier jour, 1 200 personnes se sont enregistrées et à la fin, nous en avons inscrit 1 850. Or, nous ne disposons que de 600 places. Cette année, nous avons sollicité l’aide spirituelle des religieux musulmans venant des quatre écoles de pensée de la religion musulmane à Maurice. Aujourd’hui, ils nous conseillent sur divers aspects religieux auxquels l’ICC doit faire face et je suis certain qu’à l’avenir ils constitueront un groupe consultatif respecté par n’importe quel gouvernement. C’est ainsi qu’ils ont accepté à l’unanimité que l’ICC procède par tirage au sort en tenant compte des critères très précis à savoir que le postulant doit être à son premier pèlerinage, que leurs accompagnateurs soient reconnus. De plus, les enfants âgés de moins de 14 ans, ne seront pas sur la liste prioritaire. Ce sera le cas pour ceux qui ont déjà fait le pèlerinage. Une liste de personnes éligibles sera publiée avant l’exercice de tirage au sort prévu jeudi.
Combien de personnes figureront-elles sur cette liste d’enregistrement ?
Après l’application des critères, il est possible que nous arrivions à 1 600. Le tirage se fera en présence des Oulémas, des forces vives, de la presse. L’aide du commissaire électoral a été sollicitée afin de nous assurer que tout se passe dans la transparence.
La liste de pèlerins éligibles pour le tirage au sort tient-il compte des couples et des parents ?
L’on peut se rendre à la Mecque en tant qu’individu, en couple, comme époux, femme et maman. En vertu du règlement de la Charia, le couple aura un seul numéro puisque l’épouse ne pourra se déplacer sans son époux et ce dernier ne se déplacera pas sans son épouse. De plus, une mère peut être accompagnée de son fils ou de son gendre en l’absence de son mari. Dans ce cas également, une famille aura un numéro. Nous procéderons au tirage au sort en tenant compte de ces éléments jusqu’à que nous atteignons le nombre de 600 pèlerins qui s’ajouteront aux 700 de l’année dernière afin d’atteindre le quota de 1 300. Nous nous proposons de poursuivre le tirage au sort pour 700 autres personnes qui figureront sur la liste prioritaire de l’année prochaine. Notre objectif est d’établir un National Hadj Register. Ce projet fait actuellement l’objet de consultation et sera lancé dès qu’un accord de principe sera trouvé entre les parties concernées. Ce registre sera ouvert tout au long de l’année et les pèlerins potentiels pourront s’y enregistrer. Et le choix de pèlerins pour le tirage au sort se fera à partir d’une liste chronologique. Évidemment, des critères définis seront établis.
Que faites-vous pour avoir un nombre supplémentaire de visas ?
Cet effort a toujours été effectué par le gouvernement et le ministre concerné. Je ne peux répondre pour ce dernier mais je suis certain qu’il fait de son mieux en ce sens. S’il d’autres personnes pensent qu’elles sont en mesure de permettre à Maurice d’obtenir un nombre supplémentaire de visas, je les invite à le faire. Votre Créateur et votre pays vous seront reconnaissants. Quant à nous, nous devons respecter le nombre de visas qui nous a été imposé, soit 1 300. La liste des pèlerins éligibles sera affichée et une fois le tirage au sort effectué, nous irons assez vite. Nous sélectionnerons ensuite les opérateurs avec le concours des chefs religieux. La majorité des opérateurs opèrent conformément aux règlements définis par le Centre culturel, à l’exception de certains qui ont des pratiques qui frisent l’indécence et qui ne sont pas acceptables. Nous sommes là pour protéger l’intérêt des Hadjis. D’ailleurs, au ICC, nous disposons de tous les contrats signés entre un Hadji et son opérateur. Cependant, lorsqu’un Hadji signe un contrat, il doit s’assurer que toutes les conditions qui y figurent sont conformes aux règlements.
Quid du transport aérien cette année ?
Nous inviterons différentes compagnies d’aviation à exprimer leur intérêt. Il n’y aura pas d’appel d’offres. Nous aurions aimé que les compagnies d’aviation manifestent leur intérêt en indiquant le nombre de passagers qu’elles peuvent transporter et le tarif. Nous donnerons aux pèlerins le choix de se prononcer sur la compagnie d’aviation en fonction des facilités qui leur seront offertes. Nous avons une série de contrats à signer avec l’Arabie Saoudite. Notre objectif est de détacher l’ICC du Hadj dans certains aspects de l’organisation notamment en ce qui concerne les services offerts par les opérateurs et l’aviation.
L’organisation du Hadj n’est-elle pas d’une certaine façon politisée ?
À ceux qui parlent de politisation du Hadj, je leur demande de regarder la liste des Hadj Missions depuis 2000. Depuis mon arrivée à la présidence de la Hadj Mission, j’ai tout fait pour ne pas impliquer les politiciens ou des agents politiques dans ces missions. Le Premier ministre adjoint, Rashid Beebeejaun, et le ministre responsable du Hadj, Abu Kasenally, nous communiquent des Policy Decisions du gouvernement et l’équipe de l’ICC se charge de toute la partie organisationnelle sans aucune intervention politique.
Le mot de la fin…
Pour terminer je dirais aux pèlerins de ne pas écouter les rumeurs et de ne pas s’engager dans des discussions stériles. Tout ce que nous faisons est soutenu par des solid Charia evidence. Nous sommes guidés par l’ICC Act. Je suis conscient qu’après le tirage au sort, des personnes ne seront pas satisfaites. Je leur dirais que les 700 personnes de l’année dernière qui étaient déçues ont cette année le sourire aux lèvres. Avec la réduction du quota en Arabie Saoudite, tous les pays concernés par le Hadj rencontrent les mêmes problèmes. Un système de tirage au sort a été introduit en Inde, au Pakistan, au Nigeria ainsi que dans les pays du sud-est asiatique. La période d’attente dans ces pays varie entre cinq ans et quinze ans. À Maurice, cette période ne dépasse pas deux ans. Nous demandons la compréhension de tous et peut être que dans trois ou quatre ans, lorsque les autorités saoudiennes auront terminé la réhabilitation de leurs infrastructures, il y aura plus d’offres de visas que de demandes.

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