HERITAGE CITY : Bérenger s’étonne que Bhadain soit toujours en poste

Commentant longuement hier l’abandon du projet Heritage City, Paul Bérenger, leader de l’opposition et du MMM, s’est réjoui d’avoir longtemps  tiré la sonnette d’alarme sur les faiblesses de ce projet au coût de quelque Rs 30 milliards. Sévère dans ses critiques, il allègue que les « millions et les millions » qui allaient revenir à « l’obscur cabinet de consultants dubaïotes » qui avait été choisi pour piloter le projet auraient été « partagés avec qui l’on devine à Maurice ». Il s’étonne qu’après un tel désaveu, le ministre Roshi Bhadain soit toujours en poste « avec la bénédiction du Premier ministre, Sir Anerood Jugnauth ». Il constate qu’après avoir été désavoué, le ministre de la Bonne Gouvernance se permet « d’insulter Gérard Sanspeur, le bras droit du ministre des Finances, Pravind Jugnauth ». Pour lui, en effet, le conseiller spécial du Grand Argentier n’a pu agir « sans le consentement de son ministre de tutelle ». Paul Bérenger qui juge « énorme » la responsabilité de Sir Anerood Jugnauth dans toute cette affaire dit espérer qu’après le double épisode Coin Idéal / Heritage City, ce dernier a bien reçu le message.
Abordant, d’abord, l’affaire Coin Idéal, Paul Bérenger considère « inacceptable et dangereux » ce « vaste cover-up qui s’est étendu sur plus de deux mois ». Alors que, rappelle-t-il, l’incident est survenu le 27 mai, rien n’a été ébruité jusqu’à ce que l’affaire soit étalée au grand jour un mois plus tard dans Le Mauricien du 25 juin. Même là, constate le leader de l’opposition, la police n’a pas réagi. L deux premières interpellations n’allaient intervenir que le 11 juillet, à la veille d’une PQ du député MMM sur le dossier en question à l’Assemblée nationale. Depuis rien, dit-il,   jusqu’au « déboulement » suivant la PNQ qu’il a adressée, ce jeudi 4 août au Premier ministre, sir Anerood Jugnauth. « Là encore, mieux vaut tard que jamais », Pour Paul Bérenger, de telles choses ne peuvent perdurer au sein de la police. « Ce qui me contraint à dire que le pays ne dispose plus d’un Premier ministre digne de ce nom », a-t-il ajouté. Il promet, pour sa part, de fournir tous les renseignements à sa disposition au Senior Magistrate qui sera nommé pour tirer au clair toute cette affaire, « si ce dernier le souhaite ». Prenant en exemple la gestion de cette affaire, le leader de l’opposition juge « triste la décevante performance » du Commissaire de Police (CP), Mario Nobin, depuis sa nomination. « Il peut encore se ressaisir, mais j’en doute fort », dit-il.
« Le contraire de la Bonne Gouvernance »
Paul Bérenger tient à souligner que les officiers des services de police ne sont pas tous des brebis galeuses et que l’on y compte “d’excellents officiers” tant au sein de la force régulière que parmi ceux des unités spécialisées. Il en veut pour preuve le récent « bon travail accompli, notamment, par les hommes de la Special Mobile Force (SMF) et de l’Helicopter Squadron après le naufrage du MV Benita. Revenant sur l’affaire Coin Idéal, le leader de l’opposition, qui assure ne vouloir personnaliser la question, dit espérer qu’un Senior Magistrate sera, effectivement nommé comme annoncé par Sir Anerood, jeudi à l’Assemblée nationale et souhaite que le Premier ministre ne reviennent en aucun cas, à la dernière minute, sur son engagement.
Tout aussi « inacceptable et dangereuse », à son avis, l’affaire autour du projet Heritage City. Là encore, Paul Bérenger considère que le Premier ministre a, dès le départ, « démissionné devant ses responsabilités ». Il parle, dans ce cas, de « procédures violées et de perversion de langage » pour ce qui concerne le titre de « ministre de la Bonne Gouvernance ». Virulent dans ses critiques contre Roshi Bhadain, le chef de l’opposition accuse ce dernier, « nommé par sir Anerood Jugnauth » de s’être embarqué, dès sa nomination, dans une croisade de terreur en « manipulant les institutions ». C’est « le contraire même de la bonne gouvernance ».
S’employant à démontrer comment, selon lui, le Premier ministre a « démissionné devant ses responsabilités », Paul Bérenger remonte à sa PNQ du 19 avril de cette année relative à Heritage City. Il rappelle qu’il avait, alors, demandé au ministre responsable si un avis d’expert avait été sollicité quant aux risques que représente le Bagatelle Dam pour le projet. Le leader de l’opposition rappelle que Roshi Bhadain avait, alors, indiqué que ce n’était que dans la semaine suivante que des tests géotechniques allaient être entrepris et que considération allait être accordée à la topographie du site alors que le projet Héritage City, lui-même, avait largement été conceptualisé dans tous ses détails.
Paul Bérenger s’étonne ainsi d’un tel « oubli », tandis que, comme pour tout autre projet d’une telle envergure, le bon sens commande, selon lui, que l’on commence  d’abord par de telles études géotheniques préliminaires. Pour lui, un tel « oubli est “criminel » à la lumière, surtout, des problèmes déjà rencontrés avec le Bagatelle Dam. Il souligne que dans sa conférence de presse de vendredi soir, le ministre Bhadain est venu confirmer que l’on a mis la charrue devant les boeufs en révélant qu’une étude sur le Dam Breaking est en cours et que ses résultats ne seront connus que dans trois mois, alors que le projet Heritage City lui-même avait été, depuis longtemps, enclenché. « Et ce Bhadain est encore ministre avec la bénédiction de Sir Anerood Jugnauth! »
Le leader de l’opposition ne manque pas aussi d’insister sur le coût de ce projet évalué à quelque Rs 30 milliards et dont l’addition finale aurait été encore plus salée compte tenu de la non-évaluation de coûts additionnels annexes. Paul Bérenger qui se réjouit d’avoir depuis longtemps  tiré la sonnette d’alarme sur toute l’affaire, ne manque pas, non plus, d’évoquer les « millions et les millions qui seraient revenus à l’obscur cabinet de consultants dubaïotes » et qui, allègue-t-il, auraient été « partagés avec qui on devine à Maurice même ».

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