Hippisme : Pas de courses pour la MTCSL en 2023

La décision que le MTC ne soutiendra plus financièrement la MTCSL votée à main levée par une large majorité des membres

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Les boards des MTC et MTCSL mandatés pour appliquer la décision des membres

La MTCSL pourrait être mise en liquidation dès lundi

Des démarches entamées par le MTC pour que la majorité des palefreniers soient réemployés dans leurs écuries respectives, et trouver des solutions pour caser le maximum d’employés de la MTCSL

Ce que le public turfiste redoutait s’est matérialisé, hier soir, au Mauritius Turf Club. Les membres avaient été conviés pour une Assemblée générale extraordinaire pour décider si la MTCSL organisera les courses cette saison. À la conclusion, ils ont voté massivement à main levée pour que la MTCSL ne soit pas de la partie cette saison. Lors de cette rencontre, le président du MTC et le board de la MTCSL ont mis les membres du club au courant du contexte actuel dans lequel se trouvent les courses hippiques à Maurice mais aussi les difficultés financières, contractuelles et réglementaires que rencontre le club bicentenaire.
Hier, le président du MTC, Gavin Glover, a parlé entre autres du Cost-Sharing Agreement avec la PTP. Anne Sophie Julienne, présidente du Board de la MTCSL, a aussi axé son intervention sur le même sujet, dont les chiffres qui ont été proposés pour la PTP, et également les différents cas légaux logés en Cour par le MTC contre la COIREC, qui a désormais la gestion du Champ-de-Mars. Les membres présents ont été très réceptifs aux interventions des deux intervenants, ce qui leur a permis de se faire un meilleur jugement de la situation et de voter en conséquence.

Drame

Dans une déclaration à la presse après l’assemblée, le président du MTC n’a pu dissimuler ses émotions à la suite de cette décision douloureuse de ne pas organiser les courses cette saison. « J’ai pris conscience de la détresse qui animera aujourd’hui les turfistes mauriciens et je n’oublie pas également tous les stakeholders qui ont été au club ces dernières années. Je venais de dire à quelqu’un que je ne suis pas aussi émotionné quand je suis devant un juge que je le suis aujourd’hui devant vous, parce que c’est un drame d’avoir à prendre une telle décision », déclare-t-il.
Plus loin, Gavin Glover dira qu’il n’est pas venu au MTC pour fermer le club. « Nous étions là pour courir mais nous ne pourrons pas courir dans les conditions actuelles » , a-t-il confié en adoptant une note plus optimiste pour la conclusion. « J’ai terminé mon allocution en disant que 2023 est un cauchemar et que nous espérons qu’à notre réveil en 2024, l’année sera meilleure. Cela veut dire ce que cela veut dire. Le MTC n’est pas mort et il survivra tout en espérant des jours meilleurs », dit-il.
Cette assemblée s’est tenue dans une atmosphère pesante. Une centaine de membres ont tenu à marquer leur présence, dont celle des entraîneurs Vincent Allet, aux côtés de son père Maurice Allet, Patrick Merven et Ricky Maingard, récemment rentré d’Afrique du Sud. Taslima Valayden, qui malgré que son époux soit souffrant, a tenu à être présente pour ce moment critique dans l’histoire des courses à Maurice et de l‘ancien président, Edouard Nairac. Vers 19h la séance a été levée. Une séance qui a marqué un tournant pour les courses hippiques à Maurice. 

Les réactions et commentaires

Patrick Merven (membre du MTC et entraîneur) : « Je peux vous dire que c’est triste, très triste même de vivre ces moments pareils au Mauritius Turf Club et à la MTCSL. Mais nous devons faire avec. C’est une décision très courageuse de la part des administrateurs du MTC. Une décision unanimement soutenue par les membres du club, dont je fais moi-même partie de longue date. Les prochains jours sont à suivre de près. »

Anil Kumar Ramnarain : « The writings were on the walls. C’est un grand drame, surtout pour les employés. Nous n’avons pas eu le choix. Il y a eu des Evil Minds qui ont tout fait pour que le MTC mette la clé sous le paillasson. C’est très chagrinant, d’ailleurs l’atmosphère était bien lourde mais c’était la seule option pour le club.
« Comme je l’avais dit à l’époque, c’est un problème politique pour favoriser Jean-Michel Lee Shim. C’est un malheur historique pour le sport hippique. D’ailleurs, nous en avons eu un aperçu la saison dernière de ce que devenaient les courses avec la HRD et la PTP. Avec les problèmes financiers du club, il a fallu prendre une telle décision. »

Talisma Valayden : « Je suis très déçue. Je n’ai pas les mots pour décrire que demain nous ne verrons plus le MTC. Que nous votions ou pas, la décision de fermer a déjà été prise. Cela été très difficile pour les membres administratifs mais de savoir que le MTC ne sera plus là après plus de deux cents ans existence, j’ai les larmes aux yeux. En tout cas, je tiens à remercier MTC/MTCSL pour les grands moments qu’ils ont permis aux turfistes de vivre, mais malheureusement, tout cela tire à sa fin. »

Edouard Nairac: « Je suis très attristé par la situation. Pour moi, c’était écrit sur les murs depuis longtemps je craignais bien que cela se produise. Durant les deux dernières années les choses ont empiré et nous voilà aujourd’hui dans cette situation qui est incroyable.
« Je dis ouvertement que ce soit le gouvernement ou autres instances, ils ont tout fait pour tuer le Mauritius Turf Club. Les méchants qui veulent tuer ce qui est bon ont contribué à cela. Un retour n’est pas prévu dans l’immédiat, mais attendons voir ce que les autres feront durant l’absence du MTC. « We fall but we did not die. »

VENTE DE FLORÉAL

Une offre de Rs 126 millions refusée

Au sujet de la vente du Centre Guy Desmarais à Floréal, une offre de Rs 126 millions a été faite par un potentiel acquéreur. Cette offre a été refusée par les dirigeants du MTC, qui avait évalué cet Asset à Rs 290 millions.
Pour rappel, les membres du MTC avaient avalisé la vente du Centre Guy Desmarais la saison dernière afin d’éponger les dettes du MTC. Mais aucune offre à la hauteur des attentes n’a été reçue et la dernière offre est jugée trop basse par les dirigeants du MTC, pour un bien, qui selon eux, en vaut deux fois plus.


La situation financière du MTC
s’est détériorée après 2020

La situation financière était relativement saine jusqu’en 2020 avec peu de dettes (Rs 6 millions à fin 2019) et des Assets (Rs 593 Millions d’ Accumulated Funds à 2019). Les revenus étaient de Rs 10 millions par journée.
Le club subventionnait les écuries pour plus de Rs 50 millions par an avec des Prize-Moneys importants de Rs 2,5 millions par journée.
À ce moment-là, le club comptait 285 employés et le coût salarial était de Rs 120 millions. La pension pèse de plus en plus, générant un déficit passant de Rs 77 millions en 2018 à Rs 147 millions en 2020. C’est à partir de ce moment-là que les choses se détériorent avec le Covid-19 et le huis clos, ainsi qu’avec des contraintes étatiques de plus en plus pressantes.
Pour la saison 2022, la MTCSL est contrainte à partager l’organisation de courses avec un nouvel opérateur, ce qui réduit ses opérations à 20 journées seulement et entraîne un manque à gagner de près de Rs 120 millions.
Aussi, le début tardif des courses entraîne des pertes de Rs 68 millions avant le début de la saison, dont une subvention aux écuries de Rs 20 millions; dans la foulée le bail du Champ-de-Mars passe de Rs 218 000 à Rs 250 000 par journée sous la COIREC. Il faut ajouter à cela une baisse importante du Betting de 30 à 50% dû à l’incertitude des turfistes.
Par ailleurs, le boycott des écuries entraîne une réduction de participation et potentiellement de journées, donc de revenus et la majorité des sponsors habituels s’abstiennent de leur soutien habituel dans une situation de conflits.
Enfin, il faut noter que le club a été privé des revenus de location des bâtiments de la plaine. Les revenus par journée ont reculé de Rs 4 millions lors des premières journées à Rs 6 millions pour la journée du Barbé.
Sur le plan légal, MTCSL et MTC ont été particulièrement actifs pour défendre leurs intérêts et ont entamé des actions suite à la résiliation injustifiée du bail du Champ-de-Mars, et l’expropriation de la propriété intellectuelle.
Des initiatives ont aussi été prises pour de nouveaux contrats et la MTCSL a proposé aux entraîneurs d’employer directement les Grooms – ou facturer pour le service At Cost – qui a été alors refusé. Enfin, le refus de participation de certains entraîneurs aux courses organisées par la MTCSL a également été adressé.

Cost-sharing agreement

Comme annoncé par Le Mauricien cette semaine, la PTP a bien exigé dans le Cost-Sharing Agreement que « MTCSL withdraws all allegations and defamatory statements made against PTP, its chief Executive Officer Board members and officers and states that they are of sound mind ».
On y apprend aussi que l’engagement financier pour la COIREC et PTP totaliserait plus de Rs 30 millions pour la saison 2023, ce qui n’est financièrement pas viable pour le MTC et la MTCSL.

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