HIPPISME – RÉSERVÉ EN 2012, PERDU EN 2014 : Lee Shim veut réacheter « son » terrain à Côte D’Or

  • Le projet envisagé sur ces 133 arpents, terrain qui ne lui a jamais appartenu, est un centre équestre doté d’un nouvel hippodrome
  • Ravi Yerrigadoo, l’avocat-chéri de la GRA, engagé par la SIC pour élaborer la formule magique d’un deal sur le prix vu qu’en 2012 le chiffre était de Rs 312 millions

Jean Michel Lee Shim continue à défrayer la chronique. En 2010, il affiche sa claire ambition de mettre sur pied un centre équestre et un autre hippodrome à Côte-d’Or. D’ailleurs, il avait même envisagé de complémenter le tout avec un projet immobilier. En 2012, sa compagnie Gold Coast Equestrian Ltd réserve auprès de The Employees’ Real Estate Investment Trust (EREIT), un terrain de plus de 130 arpents. Ce terrain fera l’objet d’une fin de réservation en 2014, avec remboursement de ses débours initiaux pour n’avoir pas rempli les obligations contractuelles. Après une plainte à la Cour pour le préjudice subi, il tente à travers une récente mise en demeure de se porter à nouveau acquéreur du dit terrain au même prix qu’à l’époque. L’équipe légale de la State Investment Trust, qui pilote les projets de l’EREIT, estime que le prix du terrain a augmenté et que l’acheteur doit le payer au prix du marché, qui serait au moins trois fois plus important pendant cette période, soit Rs 1 milliard. Alors que les négociations semblent buter, l’arrivée inopinée de l’avocat-chéri de la Gambling Regulatory Authority, Ravi Yerrigadoo, au sein de l’équipe légale de la SIC/EREIT, semble sonner le glas de la résistance à l’acquisition du terrain pour une bouchée de pain. Cette nouvelle transaction de JMLS est suivie de très près par tous les observateurs de la place à un moment où la GRA se propose d’exiger de la MTCSL de diluer sa participation au sein du Mauritius Turf Club.

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Gold Coast Equestrian Ltd, compagnie incorporée en juin 2011 pour la modique somme de Rs 100 000, avec pour unique actionnaire, Jean Michel Lee Shim (JMLS), avait pour vocation de s’engager dans la culture vivrière et dans la gestion d’un centre équestre, comprenant éventuellement un hippodrome flambant neuf. Il fallait donc un terrain approprié. Pour ce faire, celui qui est présenté par son entourage médiatique, comme étant le véritable le patron de SMSpariaz, et d’autres compagnies de paris et de jeux, a jeté son dévolu dès 2010 sur des terrains à Cote-d’Or en amont du Bagatelle Dam.

Pre-sale agreement

En octobre 2010, Jean-Michel Lee Shim a approché l’EREIT. Le Board de ce dernier a donné son aval pour des négociations en novembre de la même année. Un Pre-Sale Agreement avait été signé entre le promoteur et l’EREIT le 13 janvier 2012, en attendant que toutes les autorisations relatives au projet soient obtenues.

Ce jour-là, JMLS réserve un terrain de 133 arpents et 28 perches à The Employees’ Real Estate Investment Trust (EREIT), dont la State Insurance Company of Mauritius Ltd (SICOM) est le fiduciaire du Trust qu’EREIT Management Ltd, une filiale en propriété exclusive de la State Investment Corporation Ltd (SIC), agissant en tant que gestionnaire au nom des 160 000 adhérents, dont une grande majorité d’employés ou ex-employés de la Fonction publique et autres secteurs.

Pour cette « réservation », l’homme d’affaires fait un versement initial de Rs 52 millions, bloqué sur un Escrow Account. Ce montant constitue une avance sur le prix agréé de Rs 390 millions pour les 133 arpents, c’est-à-dire environ Rs 3 millions l’arpent. Le solde serait payé lorsque les permis nécessaires auront été obtenus. Mais l’homme d’affaires se heurte à des difficultés d’ordre réglementaires du Moka/Flacq District Council et des Bois et Forêts qui exigent, pour leur part, un Environment Impact Assessment (EIA) préalable. La goutte d’eau qui fait déborder le vase, c’est la Compulsory Acquisition d’une partie minime du terrain par le gouvernement —environ trois-quarts d’un arpent— pour les besoins d’un Feeder Canal du Bagatelle Dam, déjà en phase d’élaboration.

Indemnités de rupture de contrat

À l’époque, Raj Ringadoo présidait la SIC, et même s’il avait fait visiter le terrain à JMLS, ordonna à l’EREIT de mettre fin à la réservation. C’est vers fin 2013 et début 2014. L’acheteur potentiel se voit rembourser les Rs. 52 millions pour n’avoir pas respecté les termes de l’accord initial qui consistait à payer la totalité de la somme décidée pour la transaction. Devant cette nouvelle donne, l’acheteur éconduit, JMLS, réclame une indemnité de Rs 102 millions puisque la suspension de leur accord lui a causé d’énormes préjudices financiers dont un manque à gagner conséquent sur son dépôt et à cause notamment du Feeder Canal de Bagatelle Dam, qui a été aménagé sur une partie du terrain réservé. Une plainte en Cour a même été déposée contre l’EREIT à cet effet par JMLS.
Cependant, récemment au début de 2021, JMLS a changé son fusil d’épaule en retirant sa plainte et émettant une mise en demeure sur l’EREIT, dont les intérêts sont défendus par la paire SICOM/SIC. Il renonce à sa demande de compensation de Rs 102 millions et se propose de racheter le terrain réservé à son prix initialement agréé, c’est-à-dire Rs 390 millions et non le prix du marché.

Enter Ravi Yerigadoo !

Cependant, cette proposition n’est pas acceptée par la SIC, au nom de l’EREIT, parce que le prix de terres dans cette région a, entretemps, pris l’ascenseur, et, valait en 2021, selon les propriétaires au moins le triple, du prix de 2012. Cette fermeté sur une augmentation du prix du terrain n’a pas été au goût du planteur de légumes et propriétaires de chevaux, Jean Michel Lee Shim.

Étrangement, cette position inhabituelle d’un corps para étatique vis-à vis d’un protégé du régime a conduit la SIC à faire appel à un autre homme de loi, du moins sur ce dossier délicat. C’est l’avocat de la GRA, Ravi Yerrigadoo, un ex-attorney General, qui a dû quitter ses fonctions dans le sillage de l’affaire Bet 365, qui a été appelé à la rescousse pour aider à finaliser la transaction.

Cette cooptation de Yerrigadoo n’est pas vraiment une surprise pour de nombreux observateurs. Vu la proximité des deux hommes avec le pouvoir, il est fort probable que les négociations pour les 133 arpents de terres de l’EREIT entre la SICOM/SIC et Jean Michel Lee Shim prennent un tournant désormais bien plus favorable financièrement à l’acheteur par rapport au prix proposé par la SIC récemment, sans trop porter préjudice aux actionnaires de l’EREIT.

Cette affaire est d’autant plus intéressante dans un contexte où le ministère des Finances veut à travers la modification de la GRA Act contraindre le MTCSL de diluer ses actions et de réduire la part du MTC, son unique actionnaire, à moins de 50%. Par ailleurs, il se chuchote que le Finance Bill en préparation pourrait receler d’autres lois ou règlements qui favoriseront la mise sur pied d’un centre équestre et d’un nouvel hippodrome.
Les paris sont ouverts…

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