HIT AND RUN DE FORBACH : Aveux du chauffeur Matthieu Coret

L’enquête du Central CID sur le cas de hit and run sur l’autoroute du Nord à Forbach, avec deux victimes Arvind Shamloll, 32 ans, et son épouse Manisha, 23 ans, a constitué un véritable roller coaster. Alors que l’attention des enquêteurs de la police était braquée sur la voiture KIA 904 FB 08, appartenant à la société Oceans Ltd et attribuée à Richard Duval, des Field Intelligence Officers de la Northern Division, s’appuyant sur leur réseau d’informations, parvenaient en début d’après-midi à remettre les pendules à l’heure. Sur la base d’indications sûres, ces officiers de police ont débarqué à Fond-du-Sac chez les Coret, gérants de la boîte de strip-tease très connue du Nord. Ils ont découvert dissimulées dans le garage deux voitures, une Mercedes immatriculée 2539 AG 03 et une Honda immatriculée 1415 MY 96 avec des traces d’impact d’accident, laissant croire que ces véhicules ont été impliqués dans des accidents. Une fois ces premiers détails relayés au QG du Central CID, sous la supervision de l’assistant commissaire de police Heman Jangi et les premières vérifications d’usage sur le terrain, décision a été prise de mettre hors de cause dans ce cas de hit and run la KIA de couleur noire avec Richard Duval exonéré de toute responsabilité dans la mort accidentelle de ce jeune couple de Laventure, qui se rendait au travail samedi matin à Grand-Baie.
Dès hier après-midi, toute une équipe d’experts mécaniques de la police, du Forensic Science Laboratory, dont la directrice Madhub-Dassyne, des éléments du Central CID et de la CID de la Northern Division avait été dépêchée sur place pour un premier examen des deux véhicules. La Honda immatriculée 1415 MY 96, qui était sous le contrôle de Barlène Mardaymootoo, aussi connu sous le nom de DJ Given, habitant Brisée-Verdière, présentait des aspects douteux.
Le flanc gauche de cette voiture donnait l’impression d’être fraîchement retapé avec le phare gauche neuf. Le pneu avant-gauche était quelque peu dégonflé avec un autre pneu crevé à l’arrière. Des spécialistes en la matière n’ont eu aucune peine à déduire avec certitude que ces travaux sur la carrosserie sont de nature très récente. Ils devaient obtenir confirmation avec un garage dans le Nord. Les enquêteurs de la police ont passé tout l’après-midi à relever tous les détails physiques de la Honda et ils étaient également intéressés à verser dans le dossier à charge un Exhibit crucial, soit le phare gauche de la voiture endommagée, qui a été remplacé. Mais c’était en vain à hier soir.
Éléments accablants
La Mercedes 2329 AG 03 est enregistrée à la National Transport Authority (NTA) au nom de Patrick Coret. Le fils de celui, Matthieu Coret, âgé de 25 ans, l’un des derniers à conduire cette voiture, a été embarqué par la police à des fins d’interrogatoire dès hier après-midi. Presque en même temps, un Warrant of Arrest avait été émis contre le dénommé Barlène Mardaymootoo, soupçonné d’être le conducteur de la Honda au moment du double drame sur l’autoroute du Nord samedi.
Toutefois, les tentatives de la police pour procéder à l’arrestation de ce second suspect ont été vaines jusqu’à ce matin. Ainsi, une escouade de limiers du Central CID a été constituée ce matin avec pour objectif d’interpeller ce suspect de délit de fuite dans les meilleurs délais possibles en raison de sa responsabilité engagée dans ce cas de double homicide par imprudence.
Le dénommé DJ Given devait se constituer prisonnier en compagnie de son homme de loi vers les 13 heures 40 au QG du Central CID.
De son côté, Matthieu Coret, qui vient de fêter ses 25 ans, a initialement nié toute responsabilité dans cet accident fatal sur l’autoroute. Avant de passer à l’étape de l’interrogatoire Under Warning, il a dû se soumettre à un autre exercice, soit les relevés de tous ses appels téléphoniques depuis samedi dernier, avec un passage obligatoire à l’IT Unit de la police.
Avec son retour dans les locaux du Central CID, Matthieu Coret devait maintenir sa position du début d’interrogatoire, à l’effet que « mo pa konn nanyen dans sa zafer-la ek mo ti lakaz mo ti pe dormi. Mo loto pa inn roule sa zour-la ». Face à des premiers éléments accablants compilés par les enquêteurs de la police et devant le conseil de ses hommes de loi, Mes Soni Bhanji et Ashwin Luckheeram et l’avoué Narain Appajala, de « dire toute la vérité », le jeune homme est, tard dans la soirée d’hier, passé aux aveux.
« Aster mo pu dir la verite », devait déclarer le jeune homme en présence des enquêteurs de la police, dont le surintendant Mannaram. « Mwa ek Barlène, nou ti pe met pariaz loto lor lotorout kan inn ariv sa aksisdan-la e nou inn tap avek sa motosiklet-la », devait-il concéder, mettant fin à plus de 72 heures de suspense intense quant à la véritable identité des auteurs de cet accident mortel.
Séquence ?de l’accident
Dans les premiers éléments de sa déposition, Matthieu Coret a tenté de minimiser son rôle dans la mort d’Arvind Shamloll et de son épouse, Manisha. Il a soutenu que sa voiture, la Mercedes, n’a fait que frôler la motocyclette sans toucher les deux victimes. « Premie loto ki Barlène ti pe kondwir inn tap ar motosiklet ek inn voltiz sa de dimounn lor enn distans. Mo loto inn nek tap ar motosiklet », a-t-il fait comprendre à ce stade.
Toutefois, toute la séquence de cet accident ne sera reconstituée formellement par le Central CID qu’après avoir consigné les dépositions des deux conducteurs des voitures incriminées, probablement la version des faits du conducteur de la camionnette frigorifiée qui avait été doublée par la motocyclette pilotée par Arvind Shamloll, et les deux voitures, s’il décide de venir de l’avant et répondre à l’appel de la police par acquit de conscience. Il y a encore les témoignages oculaires des deux cyclistes se dirigeant vers Grand-Baie à ce moment précis.
À hier soir, avec Matthieu Coret passant aux aveux et également incriminant DJ Given en tant que coaccusé, le Central CID a pris la décision de stopper l’exercice pour reprendre l’interrogatoire formel après la comparution du jeune homme devant le tribunal de Pamplemousses. Ayant passé une nuit de détention en cellule policière, il a été présenté devant le magistrat pour son inculpation provisoire de « causing death with dangerous driving », un délit passible d’une peine d’emprisonnement de trois ans au maximum.
Peu avant midi, Matthieu Coret est arrivé au tribunal de Pamplemousses sous forte escorte policière. Ses parents de même que d’autres membres de l’entourage, connus dans le milieu de la sécurité à Grand-Baie, avaient fait le déplacement à cette occasion. Compte tenu de l’évolution de l’enquête, le représentant du ministère Public devait objecter à la remise en liberté du conducteur incriminé, devant retourner en cellule policière jusqu’à mardi prochain. Cet après-midi, il devra compléter ses aveux au sujet de cet accident au Central CID.
Conspiracy
Ces développements de dernière heure ont eu des conséquences majeures sur la première ligne d’enquête. Comme annoncé dans l’édition numérique du Mauricien d’hier à 15 h 45, aucune charge n’a été retenue contre Richard Duval, qui a quitté les bureaux du Central CID vers 15 h. Il était arrivé en compagnie de son avocat, Me Assad Peeroo, pour s’expliquer sur son emploi du temps dans la nuit de vendredi à samedi matin et sur la présence de sa voiture, la KIA immatriculée 709 FB 08, quasiment de la même couleur que les voitures impliquées, à 350 mètres des lieux de l’accident. Il a maintenu sa déclaration à l’effet qu’il n’avait rien à faire avec cette affaire.
Toutefois, le chauffeur de Richard Duval, Jamal Khan Mohammad Khan, a eu moins de chance. Un peu plus tôt, il avait comparu devant le tribunal de Pamplemousses sous une accusation provisoire de Conspiracy. Il avait été reconduit en cellule policière. Néanmoins, en fin de matinée, il a été remis en liberté contre une caution de Rs 10 000 et une reconnaissance de dettes de Rs 50 000.
La prochaine étape demeure l’interrogatoire du DJ Given, qui sera confronté à la version de Matthieu Coret, à l’effet que la Honda qu’il conduisait avait heurté ce couple d’innocents se rendant à leur travail à Grand-Baie comme chaque matin à moto…

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