ICJM—YANNICK LINCOLN:« Le sport un vecteur de mieux vivre en société »

Le cycliste Yannick Lincoln, médaillé d’or et d’argent lors des derniers Jeux des îles à La Réunion, est intervenu hier lors d’une conférence-débat à l’Institut Cardinal Jean Margéot (ICJM) sur l’apport du sport dans l’épanouissement de la personne en société. Il a évoqué les bienfaits du sport dans la société et des valeurs qu’elle inculque. Il s’est par ailleurs appesanti sur les difficultés qu’engrange le sport de haut niveau comme les ressources insuffisantes, les problèmes d’intégration ou le dopage, aux côtés du recteur du Collège St-Esprit, Jacques Malié, ancien chef de délégation aux Jeux des îles, Bryan Étienne, médaillé de bronze aux derniers jeux et de la handisportive et enseignante Véronique Marisson.
Yannick Lincoln est d’avis que le sport aide à avoir confiance en soi et à se sentir bien dans sa peau. « Le sport est un vecteur de mieux vivre en société. Il nous aide à aller vers les autres, à vaincre sa timidité et permet aussi d’élargir son réseau de communication », déclare-t-il. Rappelant qu’il était un grand timide pendant ses années scolaires, le cycliste mauricien soutient que c’est grâce au sport qu’il a pu vaincre sa timidité et qu’il a pu aller vers les autres « pour permettre des échanges riches ». Yannick Lincoln soutient que le sport « permet le partage d’expérience et permet de rassembler des personnes de différentes cultures et de différents milieux sociaux ». Il reconnaît toutefois que le sport de haut niveau n’exclut pas les non-valeurs comme le dopage. « L’être humain a une fâcheuse tendance à vouloir passer par un raccourci et le dopage en fait partie ». Concernant le fait que le sportif mauricien ne peut vivre uniquement du sport, Yannick Lincoln indique que de ce fait, plusieurs sportifs se donnent la chance d’obtenir des bourses afin de pouvoir poursuivre le sport de haut niveau à l’étranger. « Il y a encore un long chemin à parcourir pour qu’un sportif mauricien puisse vivre de sa passion à Maurice », soutient-il.
Jacques Malié, recteur du Collège St-Esprit qui a été chef de la délégation mauricienne lors de nombreux Jeux des Îles, est d’avis qu’à Maurice il faut une redistribution des ressources mais aussi un environnement et un encadrement adéquat pour qu’un jeune puisse persévérer dans le sport. « On ne peut réussir seul au haut niveau, l’apport des proches est très important », indique-t-il. Pour Jacques Malié, « le sport est une école de vie » et il soutient que c’est l’apport du sport qui a développé chez lui le sens du leadership. Il est d’avis que la réussite dans le domaine sportif amène à la réussite dans le domaine professionnel. Il déplore toutefois le fait que les personnes sont moins club-minded qu’auparavant, quand les clubs de sports étaient fédérateurs et inculquaient le sens du dévouement et de l’engagement chez les sportifs. Il devait aussi appeler à la démocratisation du sport car plusieurs disciplines restent inaccessibles comme le golf, le cyclisme et le tennis car elles coûtent énormément mais aussi car plus de place est accordée au système éducatif à Maurice. « La politique sportive doit se faire sur le long terme. Nous pataugeons dans l’amateurisme. Il y a encore un long chemin à faire », déplore-t-il.
L’enseignante en comptabilité Véronique Marisson, qui compte plusieurs participations aux Jeux des Îles dans des disciplines handisportives, notamment la course en fauteuil, déplore le manque d’attention du ministère concernant les handicapés qui veulent percer dans le sport. Également présidente de la Fédération des Handicapés Physiques, elle soutient que le budget attribué à la Fédération pour organiser des compétitions n’est pas suffisant. « Nous sommes arrivés au mois d’août et nous avons déjà épuisé tout le budget pour l’achat de fauteuils roulants et pour organiser des compétitions. Nous organisons une compétition et déjà la moitié du budget est épuisé », déplore-t-elle. Elle évoque le fait qu’il n’est pas facile de faire comprendre aux handicapés qu’ils peuvent faire du sport et qu’avec plus de soutien ils trouveront que même avec un handicap ils peuvent se surpasser.
Le judoka Bryan Étienne, médaillé de bronze aux Jeux des Îles à La Réunion, soutient quant à lui qu’il faut de la rigueur et de la persévérance dans toutes les disciplines que l’on pratique. Il indique avoir pratiqué plusieurs sports avant de choisir le judo. Pour percer dans le judo, cela a été un long parcours semé d’embûches, « mais à chaque fois que je battais mes adversaires je voyais qu’il y avait une marge de progression et cela m’a donné envie de continuer à m’améliorer », déclare-t-il. Étudiant à l’Université de Maurice en Civil Engineering, cet habitant de Sainte-Croix avoue que le soutien de ses parents a été primordial pour sa réussite. « Le sport est désormais le régulateur de ma vie ».

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