INDUSTRIE : Des menaces pointent à l’horizon, selon l’AMM

L’Association of Mauritian Manufacturers a fait état de ses craintes quant à l’avenir du secteur industriel domestique lors de sa 19e assemblée générale, tenue vendredi dernier à son nouveau siège social, à Moka. L’AMM a, entre autres, évoqué l’impact de certaines mesures sur le coût d’entreprendre des affaires à Maurice et a réclamé l’imposition d’une “equity duty” sur  une liste réduite de produits, considérés comme stratégiques pour le pays, et qui sont importés sans droits de douane des pays de la SADC et du COMESA.
Gérard Boullé, qui a été reconduit à la présidence de l’Association of Mauritian Manufacturers (AMM), a fait ressortir que l’association, qui regroupe des entreprises produisant en grande partie pour le marché local, est en faveur des accords de libéralisation douanière que Maurice a signés avec ses partenaires des blocs régionaux que sont la SADC et le COMESA. « Nous sommes pour ces accords car ils contribuent à faire avancer nos exportations. Mais nous devons étudier de près leur impact », a-t-il fait comprendre. Pour l’AMM, les multinationales qui sont établies dans les pays membres de la SADC et du COMESA – et qui exportent vers Maurice – seront en concurrence directe avec les producteurs locaux dans plusieurs secteurs de production, ce qui risque d’affaiblir la capacité de production de Maurice.
Cependant, le président de l’AMM s’est empressé de souligner : « Nous ne demandons pas de protection car il ne s’agit pas de faire vivre des entreprises non compétitives ou non performantes au détriment du pays et des Mauriciens ». Ce que réclame l’AMM, a-t-il poursuivi, c’est un “level-playing field”. Le calcul ne doit pas être sous forme de droit ou de taxe, mais en termes de contributions apportées au pays. L’AMM est d’avis que Maurice est perdante avec l’application d’un “zero duty” sur des articles pour lesquels il existe une production locale. « L’importateur peut apparaître et disparaître aux gré des vents et marées », a indiqué Gérard Boullé. Or, l’industriel mauricien, qui a pris des risques en investissant son capital pour le long terme, n’obtient rien pour ses efforts et pour le “plus” qu’il apporte au pays par rapport à l’importateur. « Ce “plus” est à nos yeux un engagement citoyen, car au-delà de la création de valeurs ajoutées locales, il s’agit d’emplois directs et d’emplois induits, en particulier pour les PME, qui dépendent pour beaucoup des industries locales », a-t-il déclaré.
L’AMM propose, dans le cadre du rétablissement d’un “level playing field”, l’introduction d’une “equity duty” sur certains produits importés dits « stratégiques » pour Maurice. « Nous savons que c’est un sujet délicat par rapport à nos engagements internationaux. Mais n’oublions pas que nous ne nous batttons pas à armes égales avec les grandes nations industrielles, qui ne se privent pas d’user de mesures protectionnistes quand cela les arrange », a argué Gérard Boullé.
Le président de l’AMM a, d’autre part, demandé aux autorités d’accorder une attention particulière à certains coûts-taxes directs et indirects, qui ont tendance, selon lui, à « dériver chaque année ». Mention a été faite de l’augmentation des “Trade and Advertising Fees”, des problèmes concernant la tarification de l’eau, des producteurs de boissons étant placés dans la catégorie “business use” au lieu de “manufacturing use”. L’AMM note en outre une augmentation continue des droits d’accises sur les boissons alcoolisées et le sucre. De telles mesures ont un impact sur le coût d’entreprendre des affaires à Maurice.  
Par ailleurs, l’AMM prône un taux de croissance plus important du secteur manufacturier local. Elle demande de considérer certains grands axes de développement : a) la relance de l’investissement par des mesures incitatives ciblées; b) la poursuite des efforts en faveur de la formation technique; c) l’amélioration de la compétitivité des entreprises avec un accent sur l’efficacité énergétique; d) la hausse de la productivité, tant dans le secteur privé que public; e) l’innovation au niveau des produits et “clustering” sur des secteurs émergents; et f) l’amélioration de la connectivité et la compétitivité du secteur portuaire.

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