INDUSTRIE SUCRIÈRE | André Bonieux (Alteo) :  « J’attends des déclarations sur la biomasse dans le budget »

– La restructuration des opérations du groupe a permis une importante réduction des coûts de production

- Publicité -

Comme toute l’industrie sucrière le réclame depuis plusieurs mois, le CEO du groupe Alteo, André Bonieux, dit lui aussi « attendre des déclarations sur la biomasse » dans le prochain budget. « Nous sommes toujours dans l’attente de mesures concrètes de la part du gouvernement afin d’assurer la pérennité de l’industrie cannière locale, et ce d’autant plus que la biomasse couvre une bonne partie du rapport élaboré par la Banque mondiale sur la viabilité de l’industrie sucrière », explique-t-il. Rappelons que ce rapport a été soumis au gouvernement depuis plus de six mois et qu’à ce jour, il n’a pipé mot – ni officieusement, ni officiellement – sur sa stratégie à ce niveau. « Nous attendons toujours des commentaires sur le rapport. S’il n’y a aucun commentaire sur la biomasse dans le prochain budget, je ne saurais plus quoi vous dire. Car l’avenir de l’industrie passe par la rémunération de la biomasse », souligne André Bonieux. Il intervenait en début de semaine lors d’une conférence organisée par Alteo sur Zoom pour parler du bilan financier de la compagnie et des perspectives du secteur sucrier dans son ensemble.

Il est d’avis que le “biomass framework” serait un moyen pour le gouvernement de réaffirmer le fait que l’industrie sucrière « représente bien plus que le sucre » et que, si on la laisse opérer selon les aléas des prix du sucre sur le marché mondial, « elle sera condamnée à terme ». Pour André Bonieux, la rémunération de la bagasse vise justement à retrouver une certaine profitabilité et que les planteurs aient « moins de tentation » d’abandonner la culture des champs de canne.

« Malheureusement, il y a la tentation de convertir des terres… Même chez Alteo, nous avons dû faire des morcellements pour financer une partie des pertes de l’agriculture, pertes induites par le prix ex-Syndicat qui était faible ces dernières années. Mais nous pouvons enrayer ce phénomène en donnant une meilleure rémunération aux planteurs », fait comprendre le CEO d’Alteo. Le rythme de conversion des terres, dit-il, « devrait ralentir si l’activité est rémunérée ».

Par ailleurs, il est d’avis que la production sucrière « devrait atteindre les 320 000 tonnes cette année et devrait normalement se stabiliser entre 300 000 et 315 000 dans les prochaines années ». Il ajoute : « Voilà pourquoi la biomasse est importante, elle permet de produire de l’énergie de manière verte, et cela est en ligne avec les engagements pris par Maurice au niveau des conventions internationales. »

Commentant les résultats du groupe pour la période de neuf mois se terminant au 31 mars dernier, le CEO d’Alteo parle de meilleure performance dans le cluster sucre, à Maurice et en Afrique. Le groupe réalise une bonne performance malgré le contexte économique difficile. Pour la période de neuf mois se terminant au 31 mars dernier, les bénéfices nets passent à Rs 1,4 milliard, comparés à Rs 802,4 millions pour la même période du précédent exercice. Une progression qui s’explique principalement par une bonne performance des activités sucrières du groupe en Tanzanie.

« Les stratégies que nous avons mises en place se sont avérées fructueuses. En Tanzanie, nous avons ainsi réalisé des profits significatifs qui résultent d’un meilleur prix de vente sur le marché domestique. À Maurice, même si nos activités cannières souffrent toujours d’un prix relativement faible sur le marché européen, nous avons bénéficié de plusieurs facteurs positifs pendant cette année financière, notamment la dépréciation de la roupie face au dollar et à l’euro, ainsi qu’une augmentation des commandes de sucres spéciaux », explique André Bonieux.

Par ailleurs, la restructuration des opérations locales, opérée ces dernières années, porte ses fruits, puisqu’elle a permis une importante réduction des coûts de production. Pour la période écoulée, le groupe affiche également un Excédent brut d’exploitation (sur une base normalisée) de Rs 3,1 milliards, soit une hausse de 52 % comparée à 2020, avec Rs 2 milliards. Le chiffre d’affaires du groupe est en hausse de 9% pour la même période, passant de Rs 6,8 milliards en 2020 à Rs 7,5 milliards en cette année.

Concernant la pôle “immobilier”, les ventes de terrain à Anahita et autres se passent « normalement » depuis le confinement. Beaucoup de clients, ayant montré un intérêt avant la Covid, sont restés fidèles au projet. Aussi, quelques Mauriciens ont effectué des achats, mais le pôle “Property” a néanmoins souffert « du manque de voyages, car on n’a pu recevoir de visiteurs et clients potentiels. Pour résumer, nous souffrons du virus, mais les ventes se font quand même. » La situation est différente pour l’établissement hôtelier du groupe, Anahita Resort, ainsi que le parcours de golf. « Là nous avons perdu de l’argent comme les hôteliers », dit André Bonieux. Enfin, notons qu’Alteo est endetté à hauteur de Rs 5,8 milliards.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -